25/06/2013

[Album] 36 Crazyfists : "In The Skin"

Artiste : 36 Crazyfists
Album : In The Skin
Premier Album
Sortie : 1997
Genres : Métal Alternatif, Métalcore, Post Hardcore
Label : Autoproduction
Morceaux à écouter : In The Skin, Half Myself, Deprivation 
♥♥♥
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Ahhh l'Alaska ! Cet Etat perché tout au Nord du continent américain. Tellement isolé qu'on en oublierait presque que cette contrée fait partie des Etats-Unis. Oui, 36 CrazyFists est un groupe américain, on peut le dire ! Sauf que là-bas, il est davantage question de froid polaire, de glace, de neige et d'océan. Vous les sentez, les embruns sur vos joues avec ce petit blizzard qui pique ? Non ? Pourtant ce premier album, bien que distillant un Métalcore/Post Hardcore des plus épais et sentant parfois la sueur, possède une touche presque indéfinissable, un son si particulier qu'on s'y croirait presque, en Alaska.

On est rapidement dans le vif du sujet avec "Enemy Throttle" qui démarre en trombe pour ouvrir l'album avec une énergie qui se dissipe rapidement dans les méandres de la voix de Brock Lindow, la laissant traîner et s'envoler lors de refrains bien plus posés que les couplets rageurs. Tous les ingrédients sont là : la guitare est mise étrangement très en avant, couvrant les autres instruments, la batterie donnant le rythme, mais en retrait et la basse passant presque inaperçue, noyée dans le flot. Mais ce qui frappe surtout (à part les baguettes de Thomas Noonan), c'est la voix de Brock. Comme chantée depuis le sommet d'une falaise face à l'océan, celle-ci paraît très lointaine, comme un souffle contrastant avec cette guitare si grasse, voire carrément crade (qui, dans une certaine mesure, rappelle un peu celle de Borland sur le premier album de Limp Bizkit d'ailleurs).

C'est sur ce schéma que tout l'album repose. Comme si le mixage souffrait d'un léger défaut. Mais c'est là tout le charme de cette galette. Arrive alors "In The Skin" qui donne son nom à l'album et on découvre une forte culture de l'introduction instrumentale (une minute et dix secondes avant d'entendre Brock souffler ses textes dans le lointain, pas moins) que l'on retrouve d'ailleurs sur pratiquement tous les titres de l'album ("Eracism", "Who's Next"). Un disque semblant tourner à deux vitesses, même au sein d'un même morceau où Brock passe de la voix presque tremblotante à des cris vengeurs dignes d'un animal à l'agonie ("Victim"), la composition faisant le reste, la batterie et la guitare dictant leurs lois.

Et quand on parle de litanie de bord d'océan, c'est bien parce qu'il y a des passages qui ne peuvent que nous rappeler qu'on est en Alaska et pas en Californie dévergondée : il suffit de se laisser transporter par une guitare beaucoup plus douce sur les couplets de "Half Myself" avec un Brock des plus lyriques, à la limite de la tristesse mélancolique. Bizarrement, tout ça me ferait penser à une complainte de marins pêcheurs bretons... N'allez pas me demander pourquoi ! Peut-être parce qu'il y a ce petit titre instrumental ("East 15th") perdu au milieu des quelques trente sept minutes en boîte : un véritable ovni en comparaison du reste de l'album où là, on l'entend cette brise, ce blizzard qui vient nous flageller le visage ! Finalement, toute l'identité de ce "In The Skin" repose peut-être bien sur ce seul et unique morceau, qui sait ?

Un premier album sorti avec les moyens du bord qui fait office de très bonne carte de visite pour un groupe qui deviendra rapidement une référence dans les genres Métalcore et Post Hardcore américains. Une touche personnelle et une voix si particulière qui font toute l'identité d'un groupe et d'un premier effort remarquable, même s'il faut avouer que le mixage laisse franchement à désirer... Un truc à (re)découvrir pour les nostalgiques de cette époque révolue où le son était sale, gras et épais et où on se souciait davantage de la musique brute que de son apparence sonore.

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