31/12/2012

[EP] Eths : "Autopsie"

Artiste : Eths
EP : Autopsie
Sortie : 2000
Genres : Métalcore, Néo Métal, Deathcore
Labels : Coriace, Musicast
♥♥♥
> Ecouter l'EP sur Youtube <

J'aurais plutôt eu tendance à considérer ce premier disque d'Eths comme un premier album tant la claque était grande à sa sortie et tant son intérêt reste conséquent encore aujourd'hui. Difficile d'oublier la tête de mes camarades de classe quand je leur annonçais, après quelques secondes d'écoute, que cette voix si gutturale était celle d'une fille, Candice Clot, pourtant davantage inspirée par Mylène Farmer dans sa jeunesse. Elle raconte que c'est plus tard, en écoutant Courtney Love et des groupes comme Korn que son intérêt pour la musique Métal grandit.

La plupart des néophytes du genre pratiqué par Eths ont bien vite fait de souligner la violence, le bruit, les cris et tout ce qui apparaît comme trop "dur" pour leurs tympans. Néanmoins, il ne faut pas s'arrêter à ça dans la musique du groupe tant les nuances apportées sont grandes. Candice a cette capacité à pouvoir gueuler comme le plus couillu des bonhommes, certes, mais on pourra aussi lui reconnaître cette part de féminité et de sensualité dans une voix qu'elle module aisément. Ainsi, le final sur "Le Mâle" laisse presque pantois après un passage instrumental fort sympathique.

Originaire de la cité phocéenne, le groupe arrive même à placer ses influences Rapcore ("Des Hommes Bons") qui apportent une touche d'exotisme de plus à cet EP de sept titres qui marque surtout par les thèmes abordés. Il est en effet difficile de dissocier le nom du groupe d'un univers sombre, glauque même, et ô combien pessimiste en ce qui concerne la nature humaine ("Des Hommes Bons"). Une noirceur exacerbée par des riffs gras, lancinants et proposant des ambiances dérangeantes distillées par des guitares aux lignes tout droit sorties de films d'horreur (couplets de "Pourquoi ?", "Dévore"). Car il est bien question d'horreur ici : le viol, la mort, la violence gratuite, la religion, tout y passe (ou presque) et même si les textes ne sont pas toujours bien compréhensibles, les quelques mots de ceux que nos oreilles peuvent capter suscitent une interrogation : pourquoi tant de haine ? Il suffit tout simplement d'oublier tout ce qui est beau en ce bas monde pour bien vite voir toute la noirceur qui s'y trouve aussi...

Et quoi de mieux que de taper dans le Deathcore pour faire passer la pillule avec encore plus de force ? "La Chair et le Sang" fait partie de ces titres qu'on aime sans trop savoir pourquoi : les textes sont extrêmement durs, la musique assassine, et la voix de Candice encore plus difficile à apprécier tant son chant ressemble davantage au cri d'un animal à l'agonie qu'à une voix humaine. On notera aussi le côté Néo Métal d'un morceau comme "A la Droite de Dieu" où l'alternance entre différents types de chants rappellerait presque du Drew Simollardes de chez Reveille à l'exception de ces cris hurlés, à la limite de la vomissure que Candice arrive à gerber de ses cordes vocales. Enfin, un morceau caché, remix de "Encore" qui figurait sur la démo sortie l'année précédente, où le HardTek pointe le bout de son nez, ce qui en aura surpris plus d'un après les vingt-cinq premières minutes de cet EP...

Bref, un EP qui décoiffe et qui marque l'arrivée d'un groupe qui fera du bruit (dans les deux sens du terme) sur la scène Métal française. Une curiosité pour ceux qui ne connaîtraient pas ; un petit moment nostalgique pour les autres.

23/12/2012

[Vidéo] Raelsan : Adieux avant l'Apocalypse

C'était avant hier (déjà ?!) que la fin du Monde était prévue... Il faut croire que nous avons survécu. Pour l'occasion, Orelsan a enfilé son costume de gourou Raelsan pour adresser un message d'adieu à tout le monde mais surtout à ses fans qu'il remercie chaleureusement dans une vidéo faisant écho à ses vœux de bonne année 2012, il y a pratiquement un an. Un adieu en musique et avec humour.

22/12/2012

[Album] Hecq : "Avenger"

Artiste : Hecq
Album : Avenger
Septième Album
Sortie : 2011
Genres : Electro, Dubstep, Intelligent Dance Music, Expérimental
Label : Hymen Records
Morceaux à écouter : Bête Noire, Nihilum, With Angels (Trifonic Remix)
♥♥♥♥
> Ecouter l'album sur Grooveshark <

Hecq (Ben Lukas Boysen de son vrai nom) m'était encore inconnu il y a un an (et c'est bien dommage me direz-vous). Le producteur allemand a pourtant produit des albums qui semblent être de véritables bijoux depuis 2003 (je me pencherai sur sa discographie prochainement, je pense). C'est donc sans avoir connaissance de ses productions passées que j'ai posé l'oreille sur son "Avenger" au costume bizarre. Le visuel de l'album est des plus sympathiques, une esquisse sur fond de ce qui semble être des taches de café, et ce personnage tatoué des termes qui font l'identité de cette galette : oui, ce personnage est à lui seul l'album tout entier. Une fantaisie, une histoire aux multiples facettes.

Concernant la tracklist, il apparaît un peu dommage de voir cinq remixes sur un total de quinze pistes, sans oublier deux "Interims" à l'intérêt musical nul. On a donc droit à huit créations originales du producteur. Un peu maigre diront certains, mais leur intérêt est tout de même suffisamment grand pour rattraper le coup.

Comme dit plus haut, je n'ai pas pris connaissance de la discographie de l'artiste avant d'écouter cet album. Je ne pourrai donc pas me permettre de comparaison directe avec ce que celui-ci a pu faire auparavant.

On est donc face à un album de Dubstep, mais pas seulement. Car on aurait bien tort de mettre Hecq dans le même panier qu'un Skrillex ou un Excision ! Il est vrai que les Allemands ont le chic pour faire les choses bien et jamais comme les autres : une identité musicale forte et propre à chaque groupe que l'on retrouve aussi bien chez Rammstein ou Guano Apes (pour ne citer qu'eux). Ben Lukas Boysen marque donc le genre Dubstep de sa propre pierre et sa touche personnelle avec cet album qui mérite pas mal d'honneurs.

Plutôt que de s'enliser dans la tendance actuelle qui vise à adapter le Dubstep à toutes les sauces Rock ou House, Boysen prend ici le parti de produire un son à la fois étrange, orchestral mais qui remonte surtout aux origines du genre, à savoir un travail sur le son qui en fait aussi bien un élément de festivité (bon évidemment, on est loin de ce qu'on pourra trouver dans la première boîte de nuit du coin) qu'un truc à écouter au casque, confortablement installé dans son canapé. Tout le travail ici porte sur des ambiances sombres, parfois angoissantes ("Bane"), aux basses et beats sourds, lourds et "deep" à souhait. Autant dire que l'écoute au casque comporte pas mal de niveaux de lecture et qu'il y a toujours une découverte à faire dans ce travail d'orfèvre.

S'il fallait simplement résumer le travail de Hecq sur cette galette, on pourrait dire qu'il s'agit là d'une sorte de bande originale d'un film imaginaire que chacun se fera à l'écoute de l'album. "Bête Noire" profite d'une intro lumineuse qui fait très bien office de genèse, "With Angels" enchaîne sur une noirceur venue tacher des voix spectrales et légères en toile de fond, "Pulverized" propose ensuite un voyage bien plus épique et mouvementé, puis "Bane" vient métamorphoser l'ensemble à coup de breaks et bombes sourdes. Quant à "Shutter", on a carrément l'impression de subir l'agonie robotique d'un androïde sortant tout droit d'une ambiance malsaine au possible., et ce ne sont pas les "Nihilum" et "Suture" qui suivent qui changent le ton.

En tout cas, le sujet est entièrement maîtrisé et Hecq arrive à faire du Dubstep intelligent et soigné qui laisse une trace. Les remixes sont quand à eux charmants sans être d'un intérêt capital, excepté la petite perle "With Angels" par Trifonic qui est tout bonnement magique et poétique avec ses quelques notes de marxophone et ses ambiances re-travaillées. L'album n'est cependant pas des plus accessibles et peut paraître difficile à digérer dès la première écoute. Il faut s'y prendre à plusieurs fois avant de l'apprécier à sa juste valeur, même si on reconnaîtra qu'il manque parfois de mélodies ou lignes de synthés restant en tête comme Icicle peut le faire. "Avenger" est malgré tout une galette d'une qualité rare !

21/12/2012

[Album] Linkin Park : "Minutes To Midnight"

Artiste : Linkin Park
Album : Minutes To Midnight
Troisième Album
Sortie : 2007
Genres : Métal Alternatif, Rock Electro, Rock Alternatif
Labels : Warner Bros, Machine Shop
Morceaux à écouter : Given Up, Bleed It Out, In Pieces

> Ecouter l'album sur Grooveshark <

Difficile de passer à côté de Linkin Park depuis le carton qu'a été "Hybrid Theory". Pourtant, en tant qu'ancien "fan", j'ai rapidement lâché ce groupe pour diverses raisons après "Meteora" : beaucoup d'autres trucs bien plus intéressants musicalement à écouter et surtout, déception. Pourquoi déception ? Pas difficile à expliquer. Tout simplement, le temps a passé et Linkin Park n'est plus ce qu'il était. Certes, il serait bien moche de critiquer un groupe qui essaie d'autres genres, qui change. Sauf que le changement, chez Linkin Park, sent bien trop la pompe à fric ! Contrairement à un groupe comme Deftones qui a su se démarquer en tentant ça et là des expérimentations musicales sans pour autant perdre en qualité, Linkin Park m'apparaît comme le parfait exemple du groupe ayant suivi ce qu'on appelle communément "la tendance". Quelle tristesse !

Le premier détail flagrant et qui saute tout de suite aux yeux : le design de cet album. Changement radical de typo mais surtout changement de look vestimentaire pour l'ensemble des membres du groupe. Exit les jeans larges ou t-shirts de teenagers braillards tapant dans le Néo Métal de base, ces accoutrements ayant été troqués contre jeans serrés, chemises sombres et vestes en cuir. Sans oublier les lunettes de soleil noires pour un style totalement "bad ass". Oui, il y a un truc qui ne sonne pas pareil dans la dégaine des six compères sur cette pochette (et dans le clip de "What I've Done") et qui, étrangement, pour moi, ne sonne pas juste. Une image de rockeurs bien loin de l'énergie et la fougue d'un premier album désormais bien loin...

Ce "Minutes To Midnight" affiche donc un changement de ton, et l'intro (inutile car n'ouvrant pas le morceau suivant) le prouve tout de suite : une ambiance beaucoup plus lointaine et légère, des guitares moins saturées, un tempo lent : on croirait écouter du Post Rock intrumental ! Fort heureusement, on est (un peu) rassuré par "Given Up" qui rattrape le coup grâce à ses riffs plus incisifs et sa basse très bien traitée sur les couplets. On retrouve un Chester Bennington gueulard qui en profite d'ailleurs pour lâcher un cri d'une quinzaine de secondes en fin de bridge et même si on peut supposer que la production aide à la performance, on ne peut que reconnaître que le bonhomme sait crier dans un micro. Un second morceau qui rassure plus ou moins les fans de la première heure comme moi (notez que j'écris au présent mais j'ai évidemment posé une oreille sur cette album à sa sortie en 2007...).

Pourtant, on déchante rapidement dès le troisième morceau (ce qui n'est pas bon signe quand la tracklist n'en comporte que douze, et encore, avec une intro...). Un "Leave Out All The Rest" qui bien que charmant est extrêmement difficile à supporter à cause de ce refrain sans saveur.

La première vraie surprise arrive juste après avec un "Bleed It Out" entraînant (au clip vraiment sympa) où le groupe s'exprime dans un Rock Electro qu'on ne lui connaissait pas. Une ligne de batterie très "dancefloor friendly" qui a le don de faire bouger les foules. Pourtant, on s'attend à ce que l'ensemble décolle ou explose avant la fin du morceau mais ce moment tant attendu n'arrive malheureusement pas. Musicalement, le morceau reste donc très répétitif et c'est bien dommage.

En ce qui concerne le reste, on sent bien que Linkin Park essaie d'innover, de créer différemment, sauf que les genres abordés appartiennent déjà à d'autres groupes et que le tout sonne étrangement faux. Pour quelqu'un comme moi qui avait adoré "Hybrid Theory" et passablement aimé "Meteora", c'est presque une duperie d'entendre des morceaux aussi sucrés que "Shadow Of the Day" ou "Valentine's Day", le premier cité ayant sans doute mérité d'être chanté par un groupe comme U2...

Bref, c'est une bien belle déception. Linkin Park donnait l'impression de "vendre son âme" avec cet album dont la musique n'avait plus grand chose à voir avec les bases posées les années précédentes. Certes, on pourra admettre que les quatre ans qui se sont écoulés entre "Meteora" et ce "Minutes To Midnight" ont pu permettre cette évolution musicale mais pour les fans de la première heure comme moi, il y avait de quoi avoir les poils qui se hérissent. Facilement accusé de desseins commerciaux, approuvé par certains comme une évolution sympathique, ce troisième album enfonçait le clou mis en place par "Meteora" en divisant définitivement les fans. Même si quelques pièces comme "No more Sorrow" ou "In Pieces" sont tout de même sympathiques à l'oreille (à noter aussi l'un des rares solos de guitare que le groupe ait offert sur "The Little Things Give You Away"), on est loin de ce qui aurait pu être fait, à savoir une évolution musicale tendant vers une approche davantage Rock ou Electro mais sans pour autant délaisser totalement les bases du Néo Métal qui avaient fait toute l'identité du groupe au début des années 2000. Dommage.

17/12/2012

[Vidéo] Orelsan : "Si Seul"

Dernier clip pour Orelsan sorti aujourd'hui avec "Si Seul" à la très belle photographie.
Un clip réalisé par David Tomaszewskià qui on doit pas mal de clips d'Orelsan déjà et surtout des participations sur bon nombre de longs métrages français.


 

16/12/2012

[EP] Imagine Dragons : "Continued Silence"

Artiste : Imagine Dragons
EP : Continued Silence
Sortie : 2012
Genres : Rock Indépendant, Electro Rock, Rock Alternatif
Labels : Interscope, KIDinaKORNER
♥♥
> Ecouter l'EP sur Grooveshark <

Je rappelle qu'à l'heure où j'écris ces lignes, ma culture en Rock Indé ou Pop/Folk atteint un niveau encore abyssal : pas la peine de préciser, donc, que c'est avec un manque cruel de vocabulaire et de culture musicale dans ce domaine que je me lance dans la rédaction de cette chronique.

Je ne vais mentir à personne : en bon geek à ses heures perdues que je suis, c'est en tombant sur une vidéo d'Assassin's Creed 3 que j'ai penché mes oreilles sur Imagine Dragons, groupe originaire de Las Vegas formé en 2008. En effet, Ubisoft France a eu la bonne idée de poser le titre "Radioactive" sur le trailer de lancement du jeu sorti chez nous il y a quelques semaines. Je sais que ceux qui ont découvert le groupe à ses débuts me maudiront et je les comprends car depuis la Saint Valentin 2012, date de sortie de cet EP, Imagine Dragons a sorti un album, sans compter les quelques autres EPs sortis les années précédentes. En gros, je suis à la bourre.

Mais ne digressons pas : nous sommes face à six titres pour une vingtaine de minutes d'écoute, chose tout à fait raisonnable pour un EP. Ce qui a tout de suite retenu mon attention, c'est ce visuel très poétique où sont présentés deux opposés : une forêt à l'ambiance presque spectrale avec un brouillard matinal et une personne en lévitation au milieu de celle-ci, apparemment vêtu comme le citadin moyen. Un appel au calme et à la méditation qui charme par le cliché en lui même mais aussi par la gamme colorée. Personnellement, j'aime beaucoup, et ça me rappelle plus ou moins certaines photographies de Philippe Ramette.

Une ouverture sur le fameux "Radioactive" cité plus haut qui charme par ses accords et lignes de guitares le tout porté par un beat lourd et sourd aux sonorités Dubstep sans pour autant trop forcer dessus. Intelligent et sublimé par des chœurs légers qui fonctionnent parfaitement. N'ayant pas une grosse culture dans le domaine, la première écoute m'a étrangement fait penser à du Coldplay (même si la discographie de ce groupe m'est presque inconnue). Bref, le voyage commence bien et la suite est sensiblement dans le même ton.

D'une étrange façon, la voix de Dan Reynolds m'a d'abord fait penser à un chanteur afro-américain mais le bonhomme est bien à l'opposé physiquement de l'idée que je m'en faisais. Ne nous attardons pas sur ce détail à l'importance presque nulle...

Dans l'ensemble, cet EP est sympathique, distillant mélodies et refrains entraînants repris en chœurs ("On Top Of The World") ou ambiances beaucoup plus "puissantes" dans le sens où les voix et instruments peuvent s'exprimer avec davantage d'épaisseur ("Round and Round"). Ce qui fait toute la particularité de cet EP (ou du groupe ?), c'est ce contraste entre les percussions sourdes, étouffées, presque mise en fond, et les guitares ou autres instruments à cordes qui s'expriment beaucoup plus en relief. Un univers musical très singulier qui donne sans doute ce charme si particulier.

Pourtant, difficile de dire si il y a là une vraie prouesse musicale ou quelque chose qui démarque le groupe des autres dans le genre. Le tout fonctionne bien mais il est fortement compréhensible que certains n'accrochent pas plus que ça. On pourrait même aller jusqu'à reconnaître que la musique d'Imagine Dragons est ici carrée et simpliste. Malgré tout, ça s'écoute pas trop mal, et c'est même assez agréable : "ça détend", diront certains.

13/12/2012

[Vidéo] Modestep : "Another Day" (remix)

Les mecs de Modestep ayant officialisé la sortie de leur album "Evolution Theory" pour le 14 janvier 2013, le groupe travaille actuellement la promo de ce premier effort en balançant ça et là quelques pièces pour mettre un peu l'eau à la bouche. Dernièrement, c'est une vidéo pour le remix de "Another Day" qui a été larguée, un morceau qui figurera sur la version Deluxe de l'album. Un clip plutôt soigné pour un remix.


12/12/2012

[Album] Hollywood Undead : "American Tragedy"

Artiste : Hollywood Undead
Album : American Tragedy
Deuxième Album
Sortie : 2011
Genres : Rap Métal, Hop/Rap Core, Hip Hop Alternatif
Labels : A&M/Octone, Polydor, Universal
Morceaux à écouter : Been To Hell, Comin' In Hot, Tendencies, Lump Your Head
♥♥♥
> Ecouter l'album sur Grooveshark <

La bande masquée d'Hollywood Undead a beau taper dans le Rap Métal (et encore, il faut parfois chercher très loin pour trouver la touche Métal...), un genre pratiquement oublié depuis les années 1990, il faut quand même lui reconnaître efficacité et simplicité qui font mouche. En d'autres termes, "Swan Songs" ne volait pas bien haut mais cet album avait quand même eu le mérite d'accrocher les oreilles sur bien la moitié des pistes qu'il proposait, permettant ainsi au groupe de rapidement se faire une place.

C'est quelques années plus tard que le combo revient avec ce deuxième effort qui a fait couler de l'encre... ou plutôt des commentaires sur Youtube et autres forums relatifs aux activités du groupe. En effet, le gros problème autour de cet album vient du départ de Deuce après quelques malentendus qui ont plus ou moins divisé la communauté de fans, certains prenant parti pour ce dernier, les autres défendant plutôt les intérêts du groupe. En réalité, les raisons de cette séparation restent plus ou moins obscures et sont davantage un conflit d'intérêts qu'une réelle querelle financière. Bref, là n'est pas le débat et on n'est pas là pour parler de ça.

Un deuxième album, donc, sans Deuce, remplacé par Danny, l'homme au masque doré, initialement chanteur du groupe Lorene Drive. Seule grosse différence avec "Swan Songs" : une toute nouvelle voix qui ne passe pas inaperçu sur l'ensemble des titres de cette galette. Pour ce qui est de la tracklist, de la musique et des thèmes abordés, on est sensiblement dans le même ton, bien que cet "American Tragedy" affiche un son un peu plus lourd que son prédécesseur.

Voici donc quatorze pistes (dix-huit en version Deluxe, pas moins !) pour une fois de plus balancer la tête au rythme des différents flows que la bande a à offrir. Une ouverture avec un "Been To Hell" sensiblement proche musicalement du "Undead" qui ouvrait "Swan Songs" : une attaque franche, épaisse et pêchue qui met tout le monde d'accord et donne le ton (il est d'ailleurs une fois de plus question de la ville de Los Angeles, sujet clé des textes du groupe, tout comme pour "My Town"). La magie opère, bien que la recette ne soit pas très compliquée, mais on ne s'en plaint pas. On est bien là face à du Rap Métal.

Pourtant, on se rend bien vite compte que la suite est tout aussi éclectique que sur le premier opus : on s'éloigne du Rap Métal dès "Apologize", seconde pièce de l'album, et on se demande une fois de plus pourquoi placarder cette étiquette sur un album qui renferme bien plus de genres et sous genres musicaux... D'ailleurs, les synthés de ce second morceaux lui donnent un côté bien plus "dancefloor friendly", à base de lourdes basses et beat purement Electro s'éloignant de la batterie conventionnelle. Et il en est de même pour la suite et un "Comin' In Hot" des plus décalés où on retrouve la bande déguisée en véritables paysans débitant des textes à l'humour facile sur fond de ferme, tracteur et tripotée de filles au physique "avantageux"... On ne peut se retenir de sourire en voyant le clip de ce morceau.

Pour ce qui est de l'ensemble, je vais me répéter, mais Hollywood Undead n'invente rien musicalement et se cantonne à aller droit au but. Pourtant, certaines pièces sont loin d'être désagréables, voire même plutôt plaisantes à l'écoute ("Glory" et "Lights Out" par-exemple, aux refrains vraiment faciles et presque fatiguants mais aux riffs pourtant diablement efficaces). L'énergie dégagée est souvent appréciable et c'est sans se faire prier qu'on reprend les textes à gorge déployée ("Tendencies"). Malgré tout, il faut bien reconnaître un certain déséquilibre entre les morceaux présentés et on en vient bien vite à se repasser toujours les mêmes, laissant quelque peu de côté les autres ("I Don't Wanna Die" ennuyeux et long au possible, entre autres).

En bref, Hollywood Undead fait sa cuisine en reprenant sensiblement la même recette que sur "Swan Songs", ce qui donne exactement les mêmes points forts et points faibles que sur ce premier opus. Un deuxième effort un peu plus consistant et efficace mais qui ne crève pas non plus les plafonds. Ceux qui auront aimé "Swan Songs" aimeront sans aucun doute cet "American Tragedy". Pour les autres, il y a fort à parier que non...

11/12/2012

[Album] Nero : "Welcome Reality"

Artiste : Nero
Album : Welcome Reality
Premier Album
Sortie : 2011
Genres : Electro, Dubstep, Drum and Bass, Orchestral, Electro House/Rock
Labels : MTA, Interscope, Mercury, Cherrytree
Morceaux à écouter : Doomsday, Innocence, Crush On You, Promises
♥♥♥♥
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Le Dubstep s'est banalisé ces quelques dernières années, ça, tout le monde s'en est rendu compte. L'émergence de nombreux nouveaux producteurs du genre a surtout eu pour effet de voir sortir un nombre incalculable d'EPs (que j'écouterais volontiers si j'en avais le temps). Du coup, à l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai en tête que l'album d'Excision (voir la chronique de "X-Rated") et celui de Hecq ("Avenger"). Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y a pratiquement aucun point commun entre ces trois opus.

Nero n'est pas un nom qui sonne comme "inconnu au bataillon" car le duo composé de Daniel Stephens et Joe Ray sévit déjà depuis 2004 et est responsable de bon nombre de remixes ayant cartonné sur le net et en soirées (La Roux : "I'm Not Your Toy"), aussi bien en Dubstep qu'en Drum and Bass ("Act Like You Know") mais toujours avec ce côté Dancefloor, un poil rétro et orchestral, touche personnelle du duo londonien. Depuis 2008, les deux compères sont accompagnés de Alana Watson au chant qui pose désormais sa voix sur la plupart des compositions du groupe.

Alors qu'avons nous entre les mains ? Ce qui frappe tout de suite : le visuel. Tel une affiche de film de science-fiction des années 80, il laisse presque deviner que ce "Welcome Reality" promet d'être dense... et long. En effet, Nero ne se moque pas de nous, car avec plus d'une heure de musique en boîte, ce disque sort du lot, la tendance étant plutôt aux productions excédant rarement les quarante minutes, et encore... Sans compter la version symphonique de presque vingt minutes et les morceaux supplémentaires de la version Deluxe ! Bref, du lourd sur la durée. Mais qu'en est-il du son ?

Bah, niveau production, le combo fait les choses bien, c'est le moins qu'on puisse dire. Le son est propre, audible et ne sature pas. En gros, c'est agréable à écouter. Pour ce qui est du style, Nero tape dans à peu près tout ce qui se fait, à l'exception du bon vieux Filthy bien sale qu'on trouve chez Excision ou Borgore ou encore cette House que Skrillex sait si bien faire. Non, ici il est question de synthés aériens ("Innocence"), rétros ("Must Be The Feeling"), sur fond de Rock ("Promises") et compositions orchestrales (oui je me répète). Malgré tout, à la façon d'un space opéra aux divers rebondissements, l'ensemble conserve cette ligne directrice tout au long de l'album et même si les genres abordés ou tout juste touchés du doigt sont parfois diamétralement opposés, Nero arrive à imposer sa patte et à faire de tout ça un truc qui tient la route. En cela, cet album est bel et bien une réussite et il serait dommage de ne pas le reconnaître.

Cependant, on pourra toujours reprocher au groupe de faire du Dubstep (et de la Drum and Bass, ne l'oublions pas : "New Life", "Choices") quelques peu convenus. Et pour ceux qui sont adeptes de ces genres de façons purement "instrumentale", il y a fort à parier qu'ils seront fortement déçus, Alana chantant sur plus de la moitié des titres. Il y a malgré tout par ci par là des petites touches au charme incontestable : ces quelques notes de saxophone sur "Choices", ces versions revisitées que sont "Crush On You" (titre des Jets datant de 1986) et "Must Be The Feeling" ("Time To Move" de Carmen et datant de 1983) ou tout simplement la voix d'Alana, justement, sur des titres comme "Promises" (ce même titre ayant profité d'un remix par Skrillex et ayant rapporté un Grammy aux producteurs).

En bref, un album lourd et complet qui ne plaira certes pas à tout le monde mais dont le mérite revient à sa ligne directrice reconnaissable et à un ensemble qui tient plutôt bien la route. En ce qui concerne la voix d'Alana, on accroche tout de suite ou pas du tout. Le fait est que cette dernière offre une toute autre dimension à la musique de Nero et, de mon point de vue, ne fait que l'embellir. Plutôt agréable !

[Vidéo] Hollywood Undead

Après avoir déjà largué deux titres ("We Are" et "Dead Bite") sur la toile pour assurer la promo de leur nouvel album ("Notes From The Underground"), les hommes masqués d'Hollywood Undead présentent aujourd'hui un troisième titre (offert pour la pré-commande de l'album qui sortira le 8 janvier prochain). Une vidéo tournée avec la GoPro et des textes qui ne veulent pas dire grand chose... mais le fun est là, le flow aussi et l'auto-dérision toujours présente. Après tout, pourquoi se prendre la tête ?

03/12/2012

[EP] Dead Sailors : "D.↓.S"

Artiste : Dead Sailors
EP : D.↓.S
Sortie : 2012
Genres : Post Rock, Emo, Instrumental
Label : Autoproduction
♥♥♥♥
> Ecouter et Télécharger l'EP sur BandCamp <

Ahhh ! La Bretagne ! Ses crêpes, son cidre, son chouchen, son océan, ses marins... Tiens, oui les marins ! Quand ils ne prennent pas le large, tout laisse à croire qu'ils font de la musique. Du biniou ? De la harpe ou de l'accordéon ? Pas tous. L'inspiration musicale vient à toucher une nouvelle génération qui s'inspire très bien de ce qui se fait outre Atlantique, et on ne leur en voudra pas quand ça sonne bien et que le plaisir se ressent. Dead Sailors, ce sont quatre gars qui, fraîchement rassemblés, un peu plus tôt dans l'année, ont offert un premier EP sur la toile qui a déjà conquis son public et fait quelque peu parler de lui à la fin de l'été.

Au programme, quatre morceaux, dont un sobrement intitulé "Intro", ce qui laisserait à penser que l'on est face à seulement trois titres. Erreur. Et, de toutes façons, on dit bien souvent que la qualité prime sur la quantité alors quand le dicton est corroboré par une musique efficace, on ne va pas se plaindre. Les "Marins Morts" sont donc là pour simplement présenter leur musique, leur monde, leur potentiel. Quatre titres qui distillent chacun une ambiance et un style propre, comme pour bien montrer que le quatuor est capable de toucher à plusieurs genres bien distincts.

Ainsi, tout débute avec une "Intro" où ce qui frappe en premier lieu, c'est la qualité du son : un mixage/mastering d'une qualité irréprochable pour un EP en autoproduction (il suffit de comparer avec l'EP de LD Kharst par-exemple pour tout de suite entendre la différence). Ensuite, ce sont ces notes aériennes, comme une litanie mélancolique portée par la houle, que la batterie vient marquer et ponctuer de coups nets et précis ou de légers roulements aux toms. Puis cette voix, écorchée, pleurante, presque brisée qui vient débiter un texte presque à l'agonie, le tout porté par des chœurs chaleureux. Tout est dit. On y est. Et on n'a qu'une envie, c'est de poursuivre le voyage.

Et la suite ne tarit pas en surprises : on enchaîne avec "You're Not My Friend" beaucoup plus nerveux, aux sonorités Post Rock et Métal beaucoup plus affirmées, et cette ligne inspirée portée par une batterie ô combien jouissive. Oui, l'inspiration est bien là, et on se délecte à écouter ces deux voix écorchées se répondant même si il y a fort à parier que beaucoup de gens y seront allergiques ! Chacun ses goûts, mais les bonhommes le savent bien : ils ne plairont pas à tout le monde et ils s'en moquent bien. La musique est là, la passion aussi, et toujours ces chœurs d'une intensité et une sensibilité communicatives. Un titre qui passe comme une lettre à la poste.

On pourrait croire qu'on a tout vu, tout entendu, mais seule la moitié du voyage a été effectuée. Et on est une fois de plus surpris avec "At The Hospital" où c'est dans un anglais presque parfait que l'on déguste les textes parlés sur un ton pratiquement humaniste tinté à la fois de mélancolie et d'optimisme presque noircis par une réalité bien souvent implacable. Comme écorchés à vif, les compères communiquent exceptionnellement bien leurs sentiments et on est pris aux tripes, bien malgré nous.

Comme si ça ne suffisait pas, le meilleur est pour la fin : un "Apollo' qui nous propulse dans l'espace d'un Post Rock délicieux. Preuve que le combo maîtrise sa musique, un morceau instrumental construit sur la fameuse transmission radio de la mission spatiale du même nom où tous les ingrédients qu'on connaît déjà et qui fonctionnent chez des groupes comme Long Distance Calling ou Russian Circles sont employés avec brio. Introduction, montée, bridge, notes dissonantes : tout est là et l'expérience est un plaisir incommensurable. Pas que ce titre soit exceptionnel en comparaison des pointures citées ci-dessus mais quand on pense à nos petits français composant un titre pareil, c'est avec une certaine fierté qu'on espère qu'ils iront loin ! Tout comme leur "Apollo" nous emmène loin...

Un premier EP de quatre titres seulement mais d'une qualité rare : un son impeccable, des compositions soignées, efficaces et maîtrisées. Un petit bonheur dont on aurait tort de se priver, surtout quand on peut se l'offrir gratuitement depuis BandCamp. Et même si la voix des compères en rebutera plus d'un, ils pourront toujours se délecter d'un titre instrumental sur quatre. Vivement la suite et bons vents à eux !

02/12/2012

[Album] Le Peuple de l'Herbe : "Triple Zéro"

Artiste : Le Peuple de l'Herbe
Album : Triple Zéro
Premier Album
Sortie : 2000
Genres : Electro, Electro Dub, Acid Jazz, Jungle, Drum and Bass, Autres
Labels : Supadope, PIAS
Morceaux à écouter : Herbman Skank, Sexual Attraction, Raggamatik
♥♥♥
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Honnêtement, je ne me suis jamais vraiment plongé dans la discographie du Peuple pourtant, comme tout le monde, je ne suis pas passé à côté du phénomène à sa sortie. Ayant eu la chance d'aller dans un bahut aux disciplines majoritairement artistiques fréquenté par des "hippies" adolescents, c'est donc tout naturellement que ces derniers se sont tournés vers le groupe "au chien à la feuille". Un visuel subversif qui a d'ailleurs condamné le Peuple à rééditer ce premier album en censurant la feuille de cannabis ainsi exposée. Le groupe, à l'origine formé par Dj Pee et Dj Stani en 1997 en terre lyonnaise, a connu un immense succès qui continue encore aujourd'hui.

Alors, je ne sais pas si ce sont mes oreilles qui ont (trop) pris l'habitude d'écouter des trucs récents ou si cet album me rappelle une période de l'Electro français d'une autre époque mais bien que la musique de Peuple fonctionne toujours aussi bien sur cet album, je ne peux m'empêcher d'avoir l'impression d'avoir pris un coup de vieux...

Certes, le mélange des styles a ce côté éclectique charmant mais il est assez difficile de se replonger dans ce premier album. La première raison est que le groupe a beaucoup évolué depuis ses débuts pour devenir ce qu'il est aujourd'hui (certains d'ailleurs n'en sont pas très enchantés) mais aussi parce qu'il faut se replonger dans le contexte historique. On est en 2000 et on est bien loin de tout ce qui se fait aujourd'hui ! Enfin, comme la majorité des productions de ce premier effort sont réalisées à base de samples, loops et autres beats Electro, on retrouve un côté répétitif dans les mélodies qui, pour mes oreilles, a de plus en plus de mal à passer.

Mais restons objectifs : ce premier album sonne tout de même comme un bon bol d'air dans le paysage musical français de l'époque. Un mélange de genres variés sur une base Hip Hop (qui fait quelque peu penser à Chinese Man) où se retrouvent des samples qui font parfois sourire (les Tontons Flingueurs sur "Herbman Skank" par-exemple), des sonorités Dub assumées, de l'Acid Jazz, Jungle et autre Drum and Bass. Un condensé d'énergie positive où le ton est rapidement donné sur "Radio" : une sorte d'expérience chargée d'humour, comme une mixture "faite maison", qui n'a absolument pas pour but de passer pour élitiste ou prise de tête (exemple des variations et inspirations sur "Romantic"). Bref, le Peuple s'écoute en toute bonne occasion, et ce n'est pas ceux qui se le passent avec un bon joint d'herbe qui diront le contraire !

On notera quelques signes annonçant la couleur pour la suite de l'aventure du Peuple avec l'apparition de Sir Jean sur "P.H. Theme" (dont le clip vaut franchement le détour) et le remix de "Reggaematic" ("Raggamatik") par Dj Psychostick qui deviendra rapidement le batteur du groupe.

Avec ce premier album, le Peuple nous faisait voyager, nous donnait le sourire, nous faisait décompresser. Un bon bol d'air frais qui bien qu'ayant un peu vieilli dans l'approche musicale, à mon sens, s'écoute toujours sans sourciller et nous rappelle que le Peuple, avant, c'était ça, tout simplement. Pour les nostalgiques ou les curieux n'ayant pas eu vent des débuts du groupe et voulant comparer avec "A Matter Of Time" par-exemple.