Direction Saint-Etienne, donc. Et un début de soirée mal emmanché, la faute à cette ville difficile d'accès, perdue au fin fond de la Loire. Une autoroute en travaux et voilà que le temps mis pour se rendre sur les lieux se voit multiplié par deux. Difficile d'arriver à 20h, comme prévu, et c'est avec un retard d'une heure que ma camarade et moi nous pointons devant l'entrée du Thunderbird Lounge. Heureusement, les artistes ont subi le même sort que nous et ont eux aussi accumulé un certain retard sur les balances, ce qui nous permettra de ne pas perdre une miette du show.
À l'intérieur, le bar est plutôt petit, l'entrée est de cinq euros pour trois groupes, ce qui est plus que raisonnable. Dans la salle, un écran géant diffuse en direct la rencontre A.S.S.E - Ajaccio (et on ne rigole pas avec le foot, en terre des Verts ! - victoire des locaux 3 à 1 au coup de sifflet final). La scène est au sous-sol et il y a fort à parier que les supporters venus boire leur bière devant le match n'ont que peu d'intérêt pour ce qui se déroulera sous leurs pieds quelques instants plus tard.
C'est Lòdz qui ouvre le bal dans une "cave" basse de plafond et à peine remplie. Je fais souvent allusion aux concerts "comme à la maison" dans de petites salles ou en comité restreint mais là, on atteint des sommets : une quinzaine de personnes, à tout casser, peut profiter du groupe lyonnais. Comme l'impression d'être gâtés. Le quatuor jouera dans une ambiance intimiste plusieurs morceaux de son album "Something In Us Died" avec une justesse remarquable. Le son est propre et les balances permettent de profiter de chaque instrument, la voix d'Eric reproduisant à quelques toutes petites choses près toute l'émotion disponible sur les versions studio. Le groupe se permettra d'ailleurs une très bonne reprise de "Change" de Deftones. C'est beau et on regrettera simplement qu'il n'y ait pas davantage de monde pour soutenir les lyonnais en terre "footballistiquement" hostile.
Juste le temps de prendre une pause, commander une bière et en boire quelques gorgées avant de redescendre et profiter de Hord, grosse découverte ce soir-là en ce qui me concerne, qui dégaine les sept cordes pour un métal progressif qui mérite toutes les éloges qu'on a déjà pu lui faire. Le moins qu'on puisse dire, c'est que les nîmois débitent avec plaisir et amour de la musique. Tout comme Lòdz, la prestation est d'une grande qualité et on regrettera seulement le volume un peu fort qui ne permet pas aux instruments de pouvoir s'exprimer aussi bien qu'ils le pourraient (la faute aussi peut-être à l'acoustique de la salle). Il n'empêche que le talent est là et n'a rien à envier aux formations de référence principalement originiaires d'outre-Manche ou du Nord de l'Europe (pour ne pas les citer). Le jeu des deux voix est délectable - notamment parce que John et Hadrien évoluent dans deux styles diamétralement opposés qui se complètent pourtant très bien - et les lignes (basse/guitares/batterie) d'une épaisseur, d'une richesse et d'une technicité vraiment très fortes (chapeau bas pour monsieur Barnavol qui envoie du gros derrière les fûts). Et dire que ces gars-là feront la première partie de pointures comme Tesseract et Animals As Leaders dans quelques mois ! La grande classe. Il ne me reste plus qu'à me plonger dans la discographie du groupe qui, en plus d'être bon, possède une certaine chaleur humaine malgré la musique parfois sombre qu'il peut servir.
La clôture de cette soirée est réservée à Wood Dust, un groupe local qui est plutôt familier des salles de sa ville d'origine. On sent que les potes du groupe sont là pour soutenir le quintet qui a la tache difficile de passer après les deux pointures ayant ouvert le bal, surtout dans un tout autre registre musical. Après le Post-Rock métalo-coreux de Lòdz et le progressif bien technique de Hord, place au Néo-Métal. Là aussi, c'est une découverte. On sent chez Wood Dust une envie d'offrir à la fois des riffs gras et tranchés mais aussi cette volonté de proposer différentes textures et ambiances, notamment grâce à quelques intros bien travaillées. Gaëtan, au chant, profite d'une voix pouvant passer du hurlement bestial au chant beaucoup plus clair qui rappelle parfois Chester Bennington de chez Linkin Park ou d'autres têtes du genre Néo Métal qui a aujourd'hui un peu de mal à survivre. Le groupe proposera d'ailleurs lui aussi une reprise de Deftones (bien assurée !), mais avec "My Own Summer" cette fois. La prestation du set est bonne, bien calée, mais il manque ce petit quelque chose, ce liant, cette ligne directrice tenue et maîtrisée dans les compositions pour permettre véritablement au groupe de s'affirmer selon moi. Le potentiel est cependant bien là et il ne manque pas grand chose. On ne peut que leur souhaiter le meilleur pour le futur.
Vient alors l'heure de remballer mais surtout de profiter de l'instant, de cette fin de tournée pour Hord et Lòdz qui ont pris un pied certain lors de ces quelques dates "entre potes". L'ambiance est décontractée et à la déconne, l'alcool n'y est pas pour rien, et on prend une photo de "famille" pour la postérité. Une soirée toute particulière qui m'a permis de revoir, le temps d'un concert, Vincent (Lòdz) et Franck (ancien collègue de travail et guitariste de Wood Dust) dans le sens où l'institution #blanchard n'a pas failli à sa réputation et où la sympathie de tout ce petit monde nous a emmenés jusqu'au lever du soleil quelque part à la Croix Rousse à Lyon... Mais ça, c'est une autre histoire.
Crédit photo : Seb Wood Dust
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Un merci tout particulier à tous les membres des trois groupes pour cette super soirée, aux mecs de Lòdz et Hord pour cette nuit vraiment sympa et mémorable et à Fab pour son délicieux boeuf bourguignon du dimanche matin, ainsi qu'à Louise pour m'avoir accompagné dans cette folle aventure.
Salut,
RépondreSupprimerMince, t'es un pote à Franck... à cause de toi on va devoir le virer...dommage.
Seb
Hum ? à cause de moi ? Pardon ?
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