25/04/2012

[Vidéo] Trailer - Candide Thovex Few Words

Voilà un bout de temps qu'on l'attendait, cette vidéo, pour peu qu'on aime le ski, Candide Thovex ou tout simplement les belles images. Plus de deux ans de travail et de tournage à travers le monde pour s'offrir son propre long métrage. Candide Thovex nous offre donc un trailer nous mettant l'eau à la bouche. En attendant automne 2012, on se régale et on savoure avec toujours de très belles images de La Clusaz et pour bande sonore "Black Water" de Apparat (à découvrir ici sur Wikipedia ou MySpace). Enjoy !

23/04/2012

[Album] 30 Seconds To Mars : "30 Seconds To Mars"

Artiste : 30 Seconds To Mars
Album : 30 Seconds To Mars
Premier Album
Sortie : 2002
Genres : Métal Alternatif, Métal Progressif, Post Grunge
Labels : Immortal, Virgin Records
Morceaux à écouter :  Capricorn, Fallen, Buddha For Mary
♥♥♥♥
> Ecouter l'album sur Deezer >

Ce n'est plus une surprise, les ricains ont le chic pour être des superstars aussi bien au cinéma, à la télé et sur scène en poussant la chansonnette ou en jouant d'un quelconque instrument. Il suffit de regarder du côté de Jack Black, ou encore Hugh Laurie et j'irai même jusqu'à citer Jennifer Lopez. Sisi !

Tout le monde connaît Jared Leto depuis Requiem For A Dream, Lord Of War ou encore Alexandre (j'en passe et des meilleurs... ou non). Depuis son succès au cinéma, certains se seront penchés sur sa carrière musicale qui débute avec son frangin Shannon en 1998. Ce premier album qui sortira quelques années plus tard profitera à la fois du succès du premier cité au cinéma mais aussi parce que la musique offerte dans cet opus sera très bonne.

Quelques démos ont aussi fait monter le buzz et les groupies lorgnant sur le brun ténébreux aux yeux bleu ne se sont pas fait prier pour répondre présentes lors de la sortie de ce premier album attendu car annoncé depuis pas mal de temps avant sa sortie mais Jared, devant alterner entre cinéma et musique, ne disposait que de trop peu de temps pour endosser les deux casquettes. Enfin bref, la galette est sortie il y pas mal de temps déjà mais c'est avec plaisir qu'elle s'écoute (à nouveau).

Car les deux frangins, guitariste/chanteur et batteur respectivement, s'assurent une production de poids avec Bob Ezrin et Brian Virtue. Ces noms ne vous disent rien ? Bah à moi non plus. Mais en y regardant de plus près, on apprend que ces deux mecs sont responsables de productions comme Deftones, Aerosmith et même Pink Floyd ou encore Téléphone. Ces influences se retrouvent d'ailleurs toutes plus ou moins dans la musique de 30 Seconds To Mars : un Métal aérien, alternant entre épais et gras et plus léger parfois. Une sorte d'expérience musicale théâtrale avec des ambiances travaillées et des mélodies souvent psychédéliques ("Welcome To The Universe") que la batterie accompagne délicieusement, Shannon s'armant d'une multitude de toms ou de pads à effets qui feraient presque de l'ensemble un truc conceptuel.

Mais ce qu'il faut retenir de cette galette, ce sont ces quelques cinquante trois minutes fouillées, travaillées, incroyablement inspirées et carrées. Un truc calibré au "poil de cul", jouant la carte de l'ovni, aguichant les fans de Métal Alternatif comme ceux de Néo plus conventionnel. Un ton Indus est aussi palpable, ce qui explique cette accessibilité pour un (très) large public ("The Mission"). Du travail efficace et des mélodies presque entêtantes tant Jared Leto donne de la voix. Une voix qui porte loin, parfois haut, claire et surtout dominée mais qui ne rechigne pas ce petit côté mystérieux au chant plus murmuré ("Capricorn"). Pas grand chose à dire à part que ce premier opus était respectable en tout point.

Le tout est inspiré, coloré et offre un voyage envoûtant dont les ambiances développées égayent l'imagination ("Buddha For Mary"). Un brin subversif, le groupe profite d'un véritable élan de la part des fans qui, baptisés "Mars Army", se chargent parfois eux-mêmes de faire connaître le groupe via du bouche à oreille ou des actions publiques.

Bref, un premier album accessible, travaillé, efficace. Les adjectifs ne suffisent plus pour qualifier un disque à part, spécial, qui ne plaira certes pas à tout le monde mais qui a au moins le mérite de mettre en valeur le véritable talent de Jared Leto dans un domaine autre que le cinéma. Beaucoup d'autres l'ont fait avant lui, mais peu y sont arrivés aussi bien.

20/04/2012

[EP] Skrillex : "My Name Is Skrillex"

Artiste : Skrillex
EP : My Name Is Skrillex
Sortie : 2010
Genres : Electro House, Dance Alternative, Dubstep
Label : Auto-production
♥♥
>Ecouter l'EP sur Grooveshark<

Après un premier EP à l'intérêt douteux, Sonny Moore décide de modifier radicalement sa façon de produire et rien de mieux pour repartir à zéro que de se rebaptiser : Skrillex est né. Et quoi de mieux pour annoncer la couleur que de se présenter ouvertement : "My Name Is Skrillex" fait donc office de carte de visite et met en avant les nouvelles lignes directrices que prend Sonny.

Cet EP est sorti tout de même plus d'un an après "Gypsyhook". Autant dire que la différence au niveau du son et du style est justifiée : le travail a eu le temps de mûrir et prendre forme dans ce nouveau genre que Moore explore avec ces six titres. Plus assumé, plus riche aussi, l'Electro se décline en House faite pour le Dancefloor en y ajoutant cette touche Dubstep encore très légère mais pourtant remarquable dans la façon de torturer les synthés à coup de pitchs parfois extrêmes ("WEEKENDS!!!"). Si une comparaison doit être faite avec "Gypsyhook", la grosse différence est sans aucun doute la violence de la musique de Skrillex. Ainsi, le morceau éponyme "My Name Is Skrillex" est le parfait témoin de la torture que subissent les synthés, sons samplés et autres éléments sonores que Moore emploie.

On notera aussi la présence d'un featuring avec Sirah et le remix de "Fucking Die" qui révèle la présence de cinq véritables morceaux en définitif. Cela n'empêche pas Sonny de continuer à "pousser la chansonnette", son timbre de voix si facilement identifiable se retrouvant dans les samples de "With Your Friends".

Enfin, on peut noter que malgré le côté expérimental de ce premier EP sous le pseudonyme "Skrillex", un morceau comme "Do Da Oliphant" apparaît comme un gros calibre pour faire trembler les dancefloors.

Une véritable métamorphose donc, qui permet à Sonny Moore de véritablement s'établir sur la scène Electro mondiale. Et quand, en plus, l'intégralité de l'EP est téléchargeable gratuitement, il serait dommage de s'en passer même si on n'adhère pas vraiment au style proposé. La curiosité a beau être un vilain défaut, l'assouvir permet bien souvent d'étendre sa culture.

17/04/2012

[News / Vidéos] Noisia

The Qemists offre tout dernièrement (et généreusement) la versio VIP de "Be Electric" qui figurait sur la tracklist de l'album Soundsystem sorti en 2011. Cette version est téléchargeable gratuitement sur Soundcloud (cliquez ici). Récemment, Noisia a aussi mis en ligne la dernière vidéo réalisée pour "Could This Be" : animation 3D et toujours une représentation métaphorique de la destruction... ou pas.

14/04/2012

[Album] Stupeflip : "The Hypnoflip Invasion"

Artiste : Stupeflip
Album : The Hypnoflip Invasion
Troisième Album
Sortie : 2011
Genres : Hip Hop, Electro, Punk Rock
Label : Auto-production
Morceaux à écouter : Stupeflip Vite !!!, Hater's Killah, Région Est
♥♥♥
>Ecouter l'album sur Grooveshark<


Stupeflip, c'est "un truc pataphysique". Pas besoin de connaître cette science "valérienne" pour comprendre la teneur décadente de ce groupe, qui résonne comme un terroriste dans la grotte du paysage musical de l'hexagone. Ce dernier album du groupe, inscrit dans la continuité des deux premiers ("Stupeflip" en 2002 et "Stup' Religion" en 2005) est sans doute le plus travaillé, le plus léché, sorte de pierre angulaire nécessaire à la fortification d'un projet artistique qui aurait dérouté plus d'un producteur.

Si l'on m'avait dit, il y a un an, qu'un jour j'allais devoir à faire cette chronique, je l'aurais sans doute gravée en lettres d'or sous la voûte céleste. Alors tâchons de mettre les usages de côté, la bien-pensance n'étant pas incitée pour la critique d'un tel groupe.

Souvenez-vous : nous n'avions alors ni portable, ni internet illimité, et déjà nous chantions "Je fume pu d'shit", hymne-purgatoire de nos consciences, endisqué sur le premier album éponyme du groupe. Puis il y a eu l'apparition à "Top of the Pop" sur M6 et le parti-pris en direct par le groupe. Leur trip ? On désobéit à la programmation en chantant mal sur un plateau, histoire de traumatiser le parterre d'adolescents pré-pubaires habitué à du 4/4, et on file en coulisses sans se retourner. Le spectacle authentique de cette tentative de détournement marque l'inclinaison du groupe pour le circuit sombre de la musique.

Après ? Ils ont arrêté de prendre des cours de com', et ont sorti "Stup'Religion", deuxième album, au gré des vicissitudes chaotiques qui rongent les artistes. Puis plus rien. Les fans, en bons "petits lapins", étaient comme perdus, sans Dieu ni maître, alors Stupeflip voulut les apaiser, à coup de "crayon Titi" : "The Hypnoflip Invasion" est un album qui allait faire beaucoup de bien.

Pour ceux qui ne connaissent pas Stupeflip, le groupe se définit comme "trois p'tits connards, qui fument et qui fument en jouant de la guitare", composé de King Ju, le plus "1er plan", MC Salo et Cadillac. Leur credo ? La vengeance. Mais se venger de quoi ? De la vie, du système, de tout ce qui nous pousse, vous et moi, à la médiocrité ("Stupeflip Vite !!!"). Artistes engagés ? Pas plus que des malgré-nous. Cependant, la catharsis fonctionne, et l'on s'affectionne très vite pour leur sens de l'humour corrosif, ce vrai-faux premier degré, avec lequel ils insultent volontiers leur public. S'il y a un flow dans leur phrasé, le groove est absent ("La Menuiserie"). Le Hip-Hop de blancs, façon Beastie Boys, la grosse production en moins, même si "Hypnoflip Invasion" est sorti en vinyle, jusque dans les rayons de la Fnac.

Au début, on est sceptique. Puis on rit, on est touché, on se rappelle, et le groupe devient l'ami effarouché qu'on rappelle, sur scène. Comme toujours, la pochette, dessinée par King Ju (qui a signé celle de Lofofora pour "Mémoire de Singes"), nous "stupeflippe" la tronche, et l'album se présente comme une intermittence de chansons et d'interludes, pioche ses inspirations dans le Rock, l'Electro, l'Indus, la Pop, le Punk, et même le genre Mylène Farmer ("Lettre à Mylène"). Le phrasé est cru, dépoussiéré, accentué dans ses consonances ("Le vent siffle / Alors il s'emmitouffle / Il sent même plus ses poings serrés dans ses moufles / Il morfle." Extrait de "Le Spleen des petits"), les images frappent, et le "style en Crr", marque de fabrique du groupe, permet à la musique de s'émanciper des carcans stylistiques des genres. Ça crie, ça prie, ça récite l'accord tacite qui séduit les lapins.

L'univers musical est lui aussi travaillé, avec ces samples glauques, ces time-rewrites, et fiction et réalité s'entremêlent à merveille, comme des miroirs de nos vies brisées. Ce goût prononcé du groupe pour la fiction lui permet d'instaurer une distance entre l'authenticité, et la création artistique.

À ceux qui ne comprendraient pas le port des masques, King Ju le résumait ainsi dans une interview "Attends, mais t'as vu aujourd'hui à quel point il est dur de s'exprimer sans être pris pour cible ?". Son habit de scène symbolise toute une tradition, mais je ne vous l'expliquerai pas, c'est comme pour le "Mystère en chocolat", il restera tout entier : vous en saurez rien !

Chronique rédigée par Comte Vergil.

13/04/2012

[Album] Raised Fist : "Ignoring The Guidelines"

Artiste : Raised Fist
Album : Ignoring The Guidelines
Deuxième Album
Sortie : 2000
Genres : Hardcore, Punk, Métalcore
Label : Burning Heart Records
Morceaux à écouter : Running Man, Breaking Me Up, Working On Wood
♥♥♥♥
>Ecouter l'album sur Grooveshark<

Une pochette sombre, abstraite, sobre, mais efficace. D'une étrange façon, certaines formes géométriques me rappellent le pictogramme de A Perfect Circle mais le sujet, musicalement parlant, en est bien éloigné. Raised Fist offrait ce deuxième album environ un an et demi après Fuel qui permit au groupe d'entrer en force sur la scène Hardcore mondiale. Avec ce deuxième effort, le combo s'impose bel et bien comme nouvelle référence incontournable du genre.

Dès "Running Man" en ouverture, on sent qu'une énergie nouvelle est là. Tout est différent : plus puissant, plus gras, plus fort. Bref, le coup de poing se prend en pleine gueule et c'est avec joie qu'on le reçoit. La batterie de l'homme "machine" Oskar Karlsson sonne fort, ce dernier plaçant ses coups de pédale avec une précision chirurgicale. La guitare se charge d'une épaisseur nouvelle qui vient apporter une touche bien plus Métalcore que sur le premier album (la palme revient à "Working On Wood"). La basse se teinte d'un son métallique qui se voit amplifié par le jeu au médiator. Mais la bonne surprise, c'est la voix d'Alexander Hagman qui prend une toute nouvelle place et s'impose enfin devant les instruments. Une hargne et une rage laissant transparaître une certaine violence mais celle-ci se transforme rapidement en une énergie positive diaboliquement efficace. Le résultat est là : on sent notre tête se balancer d'avant en arrière et nos jambes partir en mosh tant l'envie de suivre le tempo plus lent de certains morceaux ("Breaking Me Up") et des passages instrumentaux est forte ("Twisted Debate").

Certaines pièces suivent un tempo des plus soutenus ("Wasting Your Time") et l'ensemble passe vite, donc. Les onze titres s'enchaînent rapidement, sans problème si on supporte cette nouvelle vague agressive, mais les quelques vingt-sept minutes nous laisseraient presque sur notre faim tant le festin est bon. "Breaking Me Up" (qui profite d'ailleurs d'un clip) fait partie de ces morceaux devenus cultes dans un genre que le groupe vient marquer d'une pierre angulaire avec cette galette. Le calibre est pesé et surtout bien dosé, et avec Daniel Bergstand aux commandes (qui a également travaillé avec Meshuggah et Machine Head), il ne fallait pas s'attendre à moins.

Un album d'une énergie et une puissance rare. Un tout nouveau départ pour Raised Fist qui, dès ce deuxième album, s'offrait un nouvel élan pour un avenir glorieux et démontrait par la même occasion sa capacité à donner un nouveau souffle au genre. Jouissif.

07/04/2012

[Album] Snot : "Get Some"

Artiste : Snot
Album : Get Some
Premier Album
Sortie : 1997
Genres : Métal Alternatif, Punk Métal, Funk Métal
Label : Geffen Records
Morceaux à écouter : Snot, The Box, Snooze Button
♥♥♥♥♥
>Ecouter l'album sur Grooveshark<

C'est en me baladant sur la toile à regarder par ci par là des vidéos de "drum cover" que je suis tombé il y a bien longtemps déjà sur Snot (voir la vidéo ici). Un nom à la "mords moi l'noeud" dont je n'avais encore jamais entendu parler (traduisez "snot" par "morve"...).

Fondé en 1995 en Californie, le groupe enregistre plusieurs démos avant de pondre ce premier album qui restera bien tristement le seul et unique album que le groupe ait pu enregistrer en entier. En effet, le chanteur Lynn Strait se tue en décembre 1998 alors qu'il rentrait du studio d'enregistrement. Autre détail macabre, son chien Dobbs meurt aussi dans cet accident, lui qui figurait sur la pochette de cet album et faisait office de véritable mascotte du groupe (il apparaît dans le clip de "Stoopid"). Alors, certes, le groupe n'aura pu enregistrer qu'un seul album, mais cela aura suffi à imposer la bande comme une référence incontournable du genre à la fin des années 1990. Tant et si bien que le deuxième album qui sortira après la mort de Lynn (en 2000) sera enregistré avec une foule de membres d'autres groupes cultes tels que System Of A Down, Korn, Limp Bizkit ou encore HeD pe, entre autres.

"Get Some" est un album qui se démarque de par toutes ses originalités. Ces dernières sont issues d'une sorte d'émulsion créée par la bande. Un esprit un peu tordu, jovial et surtout décalé. Pas de morceau d'introduction mais une phrase qui résume à elle seul un côté "j'men foutisme", un peu rebelle, voir Punk sur les bords, qui aurait de quoi faire passer le groupe pour une bande de comiques. Sauf que le son est là, le travail aussi et le tout impose le respect.

Dès les premières secondes de "Snot", morceau éponyme qui ouvre l'album, les guitares se lancent à la pédale wah-wah sur un rythme soutenu. La batterie suit le mouvement sans aucun problème et plutôt que de ralentir le pas, cette dernière s'engage à le renforcer. Un son de caisse claire presque métallique si particulier qui rappelle que cet instrument peut lui aussi s'accorder de différentes façons. Jamie Miller (qui ne ménageait pas son kit, surtout en live) attachait énormément d'importance au son que produisait son instrument et cela se ressent indéniablement. Tout l'album offre ainsi des lignes jouissives ("The Box") et et des roulements parfois improbables, sans oublier du deux temps rapprochant parfois davantage la musique du groupe du Punk que du Métal ("Mr Brett", enregistré en duo avec Theo Kogan).

Pratiquement rien n'est à jeter sur cette galette intense et riche : le groupe s'approprie des styles quelques peu surprenant comme la Country ("Deadfall") et Lynn alterne entre chant murmuré, voire soufflé, et cris hurlés. Les guitare pondent des solos bien placés et presque un peu trop rares compte tenu de leur intérêt et leur qualité, tout en se complétant efficacement en ne lésinant pas sur les effets, sans oublier les morceaux instrumentaux psychédéliques et groovy ("Get Some O'Deez"). Il y aurait de quoi vanter la musique du groupe pendant encore longtemps mais il suffit d'écouter cet album pour remarquer que malgré le nombre d'autres groupes du même genre, pratiquement aucun n'aura réussi à offrir quelque chose de comparable depuis cette époque.

Un album qui restera la preuve du passage et de l'existence d'un grand groupe qui n'aura duré que trop peu de temps, la fermeture de "Joy Ride" rappelant tristement le destin funeste de Strait qui aura su s'imposer et se faire respecter sur la scène du genre en très peu de temps.

Remarquable et surtout incomparable.

05/04/2012

[Album] Ernest Ranglin : "Below The Bassline"

Artiste : Ernest Ranglin
Album : Below the Bassline
Sortie : 1996
Genre : Reggae, Jazz, Ska, Instrumental
Label : Island Jamaïca Jazz records
Morceaux à écouter : Surfin', Ball Of Fire, Black disciple
♥♥♥
>Ecouter l'album sur Grooveshark<

Ernest Ranglin incarne à lui seul toute une page de la musique moderne. Né en Jamaïque en 1932, Ernest est l'un de ces autodidactes qui ont choisi la Guitare comme LV1 option lourde pour s'exprimer. Tout débute en 1958, un certain Chris Blackwell, producteur de renom, passe un séjour dans un hôtel jamaïcain et entend depuis sa terrasse un curieux musicien. Sur le champ, il décide de l'enregistrer. Ernest Ranglin est lancé dans le circuit. Il monte ensuite sur des scènes aux côtés du non moins talentueux Monty Alexander, pianiste, durant leur adolescence. Bien des albums suivent, où les inspirations, nombreuses, nous laissent à penser qu'Ernest a tout d'un véritable musicien. Il popularise le mento jamaïcain, sorte de blues rural en deux temps popularisé par les industries sous l'appellation "Calypso", innove en reggae, puis s'approprie le jazz en voyageant à travers l'Amérique. Trente ans s'écoulent, et Ernest décide de revenir aux sources, avec la parution de "Below the Bass line", traduisez "en-dessous de la ligne de basse", dans les studios de son île natale, qui demeurent ses résidences secondaires (Studio One).

"Below the Bass line" est un album aussi magistral que modeste. Ici, pas de chant, pas de dénonciation, juste un dialogue entre une guitare et un piano sur des percussions tendres (Idris Muhammad) et une lourde basse aux sons bien ronds (Ira Coleman). Après avoir tant enregistré et arrangé pour d'autres, Ernest affiche son nom sur le devant d'une pochette. Pour fêter cette renaissance, il convoque au piano ni plus ni moins que son ami d'adolescence, Monty Alexander. D'autres artistes font leur apparition, tels que Gary Mayone (clavier et percussions) ou le cubain Roland Alphonso (The Skatalites : saxophone tenor & soprano). Du très lourd.

Pour Ernest, être capable d'aligner dix notes à la seconde à soixante ans ne pose aucun problème, le tout avec un groove bien pesé (solos de "Surfin'"). La conversation avec le piano est un pur bonheur pour peu que l'on veuille y prêter une oreille musicale. Pas de démonstration de force à la Van Halen, pas d'effet pyrotechnique sur scène, pas d'odeur de snobisme non plus : la musique glisse, piste après piste, sous les murs de notre salon, de notre chambre, avec cette joie communicative, ce plaisir de partage du musicien.

On regrettera sans doute qu'il n'y ait pas de titre "initiatique" du genre pour des oreilles étrangères, mais lorsque ce skeud eud'ska entre dans votre médiathèque, l'envie de le brandir devant ses amis est immédiat. Et donc, ainsi, j'y cède.

Chronique rédigée par Comte Vergil.

04/04/2012

[Album] The Brian Jonestown Massacre : "Give it back !"

Artiste : The Brian Jonestown Massacre
Album : Give it back !
Sixième album
Sortie : 1997
Genres : Pop Rock, New Wave, Indépendant
Label : Bomp! Records
Morceaux à écouter : Super-Sonic, Whoever You Are, Their Satanic Majesties Second Request
♥♥
>Ecouter l'album (incomplet) sur Grooveshark<

Hier, la nuit, mêlée de pluie, s'était abattue sur la ville. Une jeune femme m'invita à dîner. Ses samoussas étaient excellents. Ses pancakes aussi. Et comme je ne connaissais rien de l'artiste placardé dans son salon, elle me prêta ce disque. "Il sait jouer parfaitement de plus de 250 instruments", me dit-elle. Pourtant, le design de la pochette me laissait à penser qu'il ignorait tout de Photoshop. Je rentrai la panse pleine, et me mis à l'écoute de ce disque.

Groupe antichristique des Dandy Warhols, The Brian Jonestown Massacre s'inspire des courants Pop et New Wave autant que Folk Rock psychédélique. C'est un des groupes les plus prolifiques d'Amérique, avec 11 albums depuis 1993, le prochain devrait sortir fin avril 2012. Au bas-mot, ce sont plus de soixante membres qui ont partagé la scène de ce groupe qui affirme une réelle volonté de rester indépendant de tout circuit mercantile. Anecdote pécuniaire : pour les trois albums sortis en 1996, leur coût d'enregistrement s'élevait à une vingtaine de dollars ! Oubliez l'ingé-son et sa table vingt-six pistes !

Les références qu'ils s'attribuent viennent de tous bords. L'accent mortifère des Velvet Underground, le zeste Folk de Bob Dylan, sont autant de reflets reconnaissables dans leur musique. Le nom du groupe renvoie au guitariste des Rolling Stones, Brian Jones, et au massacre de Jonestown, ce "suicide collectif" de plus de neuf-cents individus survenu dans le désert Guyana en pleine Guerre Froide, dans la secte du "Temple du Peuple".

Anton A. Newcombs, leader incontesté du groupe, compositeur de la majeure partie des chansons, assume son appartenance à la génération sacrifiée des années Marvel et Flower Power. Los Angeles fut comme un terreau fertile à leur apparition, car la plupart des artistes trouvaient en cette ville un exil favorable à la création. Les déboires d'Anton, son goût pour l'héro ou ses confrontations avec les autres membres du groupe, en fait une tête brûlée obsédée par la création musicale. Peu importe les difficultés qu'un musicien rencontre, le tout est de ne rien relâcher, de ne pas chercher plus loin. De ce côté, Newcombs préfère "Keep Music Evil", soit "Que la musique reste démoniaque". La création est un don de Dieu aux hommes, et l'Homme, perverti, lui insuffle le bien comme le mal. Par ailleurs, "Keep Music Evil" est le nom du label personnel d'Anton Newcombs.

La quasi-totalité de l'album est lancinant, apparaît comme une succession de litanies, riches d'instruments dont la pratique est imparfaite, certes, mais dont la diversité arrondi les bords des morceaux, camoufle les erreurs. Tambourin (Joel Gion), cithare, guitare et basse (Matt Hollywood), violon, banjo, harmonicas, le tout en 4/4 ou 2/4, seront les plus identifiables. On sera amusé devant le melting-pot culturel que la pochette nous donne à voir, sorte d'agglomérat de polices immondes et d'images étirées sans détails, pixellisées, avec l'apparition de symboles maçonniques, et autres chiffres divins. Ce faux-goût ferait presque rire, tandis que la musique nous fait presque pleurer. Avis aux amateurs d'ambiances funèbres type The Cure, de sons "Tom yorkés", ou de Pop anglaise, The Brian Jonestown Massacre fait mal, et le fait bien.

À noter que leur site officiel ne permet plus de télécharger leur musique depuis février 2012. En attendant la sortie de leur treizième album d'ici la fin du mois d'avril 2012, nommé "Aufheben" et enregistré à Berlin, nous pourrons toujours nous rabattre sur le documentaire dont le groupe a fait l'objet en 2004, par Ondi Timoner : "DiG!".

Chronique rédigée par Comte Vergil.

03/04/2012

[Album] Breaking Benjamin : "Phobia"

Artiste : Breaking Benjamin
Album : Phobia
Troisième Album
Sortie : 2006
Genres : Rock Alternatif, Métal Alternatif, Post Grunge
Label : Hollywood Records
Morceaux à écouter : The Diary Of Jane, Until The End, Unknown Soldier
♥♥♥
> Ecouter l'album sur Youtube <

Quoi de neuf ? Après deux albums relativement peu intéressants mais qui ont su conquérir le public et former une fanbase solide, Breaking Benjamin offrait en 2006 son troisième effort, deux ans après We Are Not Alone. Derrière un visuel aux allures d'ange déchu lévitant au-dessus du fameux logo du groupe composé de "B" entrelacés se cachait un album synonyme de bien des nouveautés pour le combo originaire de la petite bourgade de Wilkes-Barre en Pennsylvanie. Après quelques problèmes au sein de la bande -ce qui n'annonçait rien de bon pour la suite -, le batteur et membre fondateur Jeremy Hummel quitte le groupe quelques mois seulement après la sortie du deuxième album. Les musiciens restants sont rejoints par Chad Szeliga, un batteur à la technique et au style personnels qui a participé à des projets tels que OurAfter ou encore Black Label Society. C'est avec ce dernier que Breaking Benjamin enregistre ce Phobia puis Dear Agony quelques temps plus tard.

Une musique plus riche. Bien que ce changement de line-up soit audible dès les premières minutes de ce troisième album (et l'excellent "Diary Of Jane"), le groupe travaille à nouveau avec David Bendeth à la production. D'une manière générale, rien de bien nouveau en terme d'aspect sonore même si on note davantage de profondeur dans l'ensemble, ce qui apporte bien plus de textures et de spatialité à la musique d'un groupe qui faisait du Rock/Métal alternatif un poil basique, sec et brut de décoffrage. En cela, Breaking Benjamin gagne en force et donc en intérêt à l'écoute. Mais c'est surtout l'arrivée de Chad Szeliga derrière les fûts qui marque un réel tournant pour la musique du groupe. Le bonhomme a sans aucun doute donné un second souffle à l'ensemble tant la fracture avec les deux premiers opus est flagrante : les riffs sont plus incisifs et les lignes plus recherchées. Szeliga habille et rythme les morceaux par des fioritures et des lignes qui étaient inexistantes auparavant et c'est un véritable point fort qui s'exprime jusque dans certains couplets qui en deviennent agréables à l'écoute (voir la différence entre le premier et le second couplet d'un morceau comme "Had Enough").

Deux en une. Malgré davantage de richesse dans sa musique, Breaking Benjamin est un groupe qui a toujours fait de la musique évoluant entre Rock alternatif parfois mielleux et sentimental et un Métal plus nerveux et Phobia ne déroge pas à la règle. Sans doute une décision prise par Benjamin Burnley

Dans l'ensemble, on sent une évolution sur tous les points : les lignes de guitares se font plus expérimentales avec des pitchs ou l'utilisation de certains effets ("You Fight Me", ce même morceau où on retrouve quelques notes de piano), quelques dissonances ponctuelles ("Evil Angel") et des riffs gras et épais à souhait ("Topless") qui feraient presque penser à du Deftones à l'époque d'un certain "Around The Fur". Même la voix de Burnley semble davantage travaillée, plus claire, plus chaude et dont les cris gutturaux non justifiés ont disparus. "The Diary Of Jane", pièce maîtresse de l'album, l'introduit comme il se doit, le flambeau étant repris plus tard par "Until The End". La guitare acoustique fait son apparition sur "Here We Are", signe qu'il reste ce petit attrait pour les balades plus calmes et plus Pop Rock.

En bref, un énorme tournant pour Breaking Benjamin qui signait là un album bien plus intéressant que les deux précédents même si il aurait été possible de faire encore mieux tant le potentiel est palpable sur cette galette. Malgré tout, l'ensemble fonctionne bien et l'album deviendra disque de platine trois ans plus tard.

[Album] Kiddus I : "Inna De Yard"

Artiste : Kiddus I
Album : Inna de Yard
Premier Album
Sortie : 2004
Genres : Reggae, Roots
Label : Makasound
Morceaux à écouter : No Salvation Until, A Prayer for you, Graduation in Zion
♥♥♥♥♥
>Ecouter l'album sur Grooveshark< 

Que reste-t-il du premier film sur le blues made in Jamaica ? Si en effet Rockers, sorti en 1978 par Ted Bafaloukos, avait permis à toute une génération de découvrir le monde rastafari, c'est en 2004 que Kiddus I, né Franck Dowding, décide d'enregistrer à nouveau ce qui avait fait la puissance de la BO du film : le titre "Graduation in Zion" est un pilier de l'histoire de raggae.

Dans l'hexagone, cette musique si intemporelle, que Gainsbare s'appropriait volontiers pour scander notre Marseillaise désuette, a finalement séduit un public à la recherche d'un mode d'expression où la sincérité résulte du mélange de la tradition et de la modernité.

C'est à l'âge de 60 ans que Kiddus I décide de réunir les meilleurs musiciens du genre afin d'enregistrer cet album, nommé à juste titre "Inna de Yard", car enregistré dans la cour intérieure de la maison de Earl "Chinna" Smith. Un retour aux racines qui s'observe par le choix d'instruments simples : une guitare, des percussions Nyahbingy, et la voix de l'homme. Certains seront sans doute étonnés devant la qualité sonore du morceau "No Salvation Until", sorte d'ode à la paix, tant l'acoustique des instruments cristallise la voix solennelle du chanteur.

Faut-il rappeler que le rythme reggae s'inspire de la pulsation du coeur humain, et que sa musique est un appel à la prière, une façon de transcender le monde pour toucher les esprits. Voilà un exemple même de musique-rituelle, qui s'approprie le monde avec ses dynamiques, ses absurdités, son chaos.

Tout bon mélomane ayant déjà entonné les refrains de Bob Marley sera confronté, à l'écoute de cet album, à la véritable essence du reggae, le "roots" (trad. "Racines"). L'album n'a pas de structure insolite, se composant de dix morceaux seulement ; l'ouverture se fait avec "A Prayer For You", qui pose très vite l'atmosphère de tout l'album, avec ses lignes de basses très épurées, son tempo lent, et la voix chaude et douce à la fois du désormais vieux Kiddus I.

Quelques vidéos sur internet vous dévoileront les secrets de l'enregistrement de cet album, dont la prise, in situ en Jamaïque, est comme improvisée pour capturer l'essence de la musique dans son milieu. On y voit alors du beau monde, puisqu'à la formation de base s'ajoute la section cuivre des Skatalites, Winston Mc Anuff Junior au drum-kit, et l'un des chanteurs des Congos, reconnaissable à ses énormes dreadlocks blanches et son regard de vieux loup (Cedrik Myton).

Chronique rédigée par Comte Vergil

01/04/2012

[EP] Mt Eden : "MEDS"

Artiste : Mt Eden
Album : MEDS EP
Sortie : 2010
Genres : Dubstep, Electro
Label : Record Union
♥♥♥
>Ecouter l'EP sur Grooveshark<

C'est à croire que la Nouvelle-Zélande est une terre poussant à la création musicale d'une façon bien singulière. Comme chez State Of Mind où la Drum and Bass a ce petit quelque chose de si particulier, chez Mt Eden, c'est le dubstep qui prend un chemin bien à l'opposé de ce qui se fait chez un Skrillex ou un Borgore par-exemple. C'est aussi bien souvent par hasard qu'on en vient à écouter ce jeune duo (Jesse, membre principal, a débuté à l'âge de seize ans) car il faut avouer que les informations correspondant à ce projet sont bien maigres, même sur la toile. Les rares pages témoignant de l'existence de ce groupe se limitent à des blogs spécialisés, à quelques interviews, sans oublier les pages Youtube et Facebook, et le site officiel mis récemment en ligne.

Découvert il y a quelques temps déjà, le groupe offre un Dusbtep très particulier et incroyablement reposant. Le son y est calme, sans pitchs à tout va et synthés gastriques à donner la nausée. Non, ici, il y a une ambiance d'un zen palpable et des tempos dignes d'une maison de retraite. Un bon moment de détente qui s'écoute allongé dans n'importe quel fauteuil ou transat, du moment que celui-ci soit confortable. Cet EP (baptisé MEDS, sans nul doute pour "Mt Eden DubStep") propose donc six titres répondant à la description faite ci-dessus.

"Vanishing Into" en ouverture offre une ambiance de fond étrangement similaire à certaines productions de State Of Mind : une certaine touche aérienne appuyée par un beat marqué mais doublé d'un léger écho ajoutant cette profondeur si agréable. Vient ensuite la voix de Sophie Jean (inconnue au bataillon...) qui nous transporte dans cette brise musicale, cette même voix qui décevra sans doute les amoureux du son "pur"  sans featuring vocal. Quoi qu'il en soit, ça s'écoute sans créer cette envie de bouger la tête de façon mécanique comme les productions bulldozer faites pour ces soirées où la sueur vient mouiller nos t-shirts. Non, là, il s'agit de se poser et de se laisser bercer, comme un bon bouquin qu'on ouvrirait avant sa sieste.

Les cinq autres titres présentent quelques recherches sonores plus ou moins intéressantes : des ambiances toujours aussi spectrales et certains synthés étranges ("What's Below", "Gambler"). Tandis que certains apprécieront les featurings proposés, les autres regretteront le manque de passages "instrumentaux" même si l'équilibre est assez bien respecté ("Oh That I Had"). "Arrow", morceau bonus de cet EP, vient clôturer plus de vingt-cinq minutes de Dubstep d'un calme qui ne laisse pas indifférent avec une énergie qui se démarque du reste des cinq autres titres, preuve que l'ami Jesse sait aussi composer des choses avec plus de "punch", afin de tenir un live en bonne et due forme (même si on n'ira sans doute pas voir Mt Eden en live pour les mêmes raisons que la plupart des autres producteurs de Dubstep).

En bref, un EP qui, bien que manquant encore de maturité dans le travail et l'approche du son, reste une expérience singulière qui reste dans les mémoires. Une exploration du genre qui mérite qu'on y jette une oreille, même par simple curiosité, surtout lorsque le contenu est téléchargeable gratuitement car mis à disposition comme tel par le groupe.