Artiste : The Brian Jonestown Massacre
Album : Give it back !
Sixième album
Sortie : 1997
Genres : Pop Rock, New Wave, Indépendant
Label : Bomp! Records
Morceaux à écouter : Super-Sonic, Whoever You Are, Their Satanic Majesties Second Request
♥♥
>Ecouter l'album (incomplet) sur Grooveshark<
Hier, la nuit, mêlée de pluie, s'était abattue sur la ville. Une jeune femme m'invita à dîner. Ses samoussas étaient excellents. Ses pancakes aussi. Et comme je ne connaissais rien de l'artiste placardé dans son salon, elle me prêta ce disque. "Il sait jouer parfaitement de plus de 250 instruments", me dit-elle. Pourtant, le design de la pochette me laissait à penser qu'il ignorait tout de Photoshop. Je rentrai la panse pleine, et me mis à l'écoute de ce disque.
Groupe antichristique des Dandy Warhols, The Brian Jonestown Massacre s'inspire des courants Pop et New Wave autant que Folk Rock psychédélique. C'est un des groupes les plus prolifiques d'Amérique, avec 11 albums depuis 1993, le prochain devrait sortir fin avril 2012. Au bas-mot, ce sont plus de soixante membres qui ont partagé la scène de ce groupe qui affirme une réelle volonté de rester indépendant de tout circuit mercantile. Anecdote pécuniaire : pour les trois albums sortis en 1996, leur coût d'enregistrement s'élevait à une vingtaine de dollars ! Oubliez l'ingé-son et sa table vingt-six pistes !
Les références qu'ils s'attribuent viennent de tous bords. L'accent mortifère des Velvet Underground, le zeste Folk de Bob Dylan, sont autant de reflets reconnaissables dans leur musique. Le nom du groupe renvoie au guitariste des Rolling Stones, Brian Jones, et au massacre de Jonestown, ce "suicide collectif" de plus de neuf-cents individus survenu dans le désert Guyana en pleine Guerre Froide, dans la secte du "Temple du Peuple".
Anton A. Newcombs, leader incontesté du groupe, compositeur de la majeure partie des chansons, assume son appartenance à la génération sacrifiée des années Marvel et Flower Power. Los Angeles fut comme un terreau fertile à leur apparition, car la plupart des artistes trouvaient en cette ville un exil favorable à la création. Les déboires d'Anton, son goût pour l'héro ou ses confrontations avec les autres membres du groupe, en fait une tête brûlée obsédée par la création musicale. Peu importe les difficultés qu'un musicien rencontre, le tout est de ne rien relâcher, de ne pas chercher plus loin. De ce côté, Newcombs préfère "Keep Music Evil", soit "Que la musique reste démoniaque". La création est un don de Dieu aux hommes, et l'Homme, perverti, lui insuffle le bien comme le mal. Par ailleurs, "Keep Music Evil" est le nom du label personnel d'Anton Newcombs.
La quasi-totalité de l'album est lancinant, apparaît comme une succession de litanies, riches d'instruments dont la pratique est imparfaite, certes, mais dont la diversité arrondi les bords des morceaux, camoufle les erreurs. Tambourin (Joel Gion), cithare, guitare et basse (Matt Hollywood), violon, banjo, harmonicas, le tout en 4/4 ou 2/4, seront les plus identifiables. On sera amusé devant le melting-pot culturel que la pochette nous donne à voir, sorte d'agglomérat de polices immondes et d'images étirées sans détails, pixellisées, avec l'apparition de symboles maçonniques, et autres chiffres divins. Ce faux-goût ferait presque rire, tandis que la musique nous fait presque pleurer. Avis aux amateurs d'ambiances funèbres type The Cure, de sons "Tom yorkés", ou de Pop anglaise, The Brian Jonestown Massacre fait mal, et le fait bien.
À noter que leur site officiel ne permet plus de télécharger leur musique depuis février 2012. En attendant la sortie de leur treizième album d'ici la fin du mois d'avril 2012, nommé "Aufheben" et enregistré à Berlin, nous pourrons toujours nous rabattre sur le documentaire dont le groupe a fait l'objet en 2004, par Ondi Timoner : "DiG!".
Chronique rédigée par Comte Vergil.
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