24/01/2012

[Album] Enter Shikari : "A Flash Flood of Colour"

Artiste : Enter Shikari
Album : A Flash Flood of Colour
Troisième Album
Sortie : 2012
Genres : Post Hardcore, Dubstep, Drum and Bass, Electro Rock, Electronicore, Pop
Labels : Ambush Reality, Hopeless Records
Morceaux à écouter : ...Meltdown, Arguing With Thermometers, Gandhi Mate, Gandhi
♥♥♥♥
>Ecouter l'album sur Grooveshark<

Il flotte comme un parfum de contestation de l'autre côté de la Manche en ce début d'année 2012. Trois ans ont passé depuis l'excellent "Common Dreads" et Enter Shikari offre son nouvel album dans une édition spéciale comprenant un DVD fort sympathique sur l'élaboration de ce troisième opus ainsi que les clips vidéo des morceaux sortis entre temps "pour faire patienter les fans avides et impatients".

Et il en a fallu de la patience ! Le groupe n'a pourtant pas eu beaucoup de temps libre, effectuant tournée sur tournée et concert sur concert, sortant ça et là quelque nouvel opus pour éviter de trop se faire oublier : la compilation "Tribalism" en 2010, puis les morceaux "Destabilize", "Quelle Surprise" et un featuring avec The Qemists ("Take It Back"). Enregistré en à peu plus d'un mois en Thaïlande, ce troisième album a non seulement profité de l'appétit vorace des fans de la première heure pour se hisser en première place des ventes en terre anglaise mais aussi d'une promo assurée par la mise en ligne de plusieurs morceaux figurant sur la tracklist avant sa sortie ("Sssnakepit", "Gandhi Mate, Gandhi", puis "Arguing With Thermometers").

Très bien reçu outre Manche dès sa sortie, cet album n'a pourtant pas eu le même succès chez nous. Certaines critiques ont même été impitoyables avec ce troisième opus. Qu'en est-il alors ? Effectivement, il est peu conseillé de découvrir le groupe avec cet album qui représente au mieux son côté musical hybride (le combo s'étant d'ailleurs baptisé "Hybrid" entre 1999 et 2003). Une tracklist de onze morceaux qui fait un peu grincer des dents quand on sait que les précédents albums en comptaient plus de quinze chacun. On se rassure cependant en voyant les quarante deux minutes d'écoute offertes et on comprend qu'il n'y aura pas d'interludes ou de courts morceaux d'introductions au milieu de tout ça.

Rappelant les similitudes architecturales entre le premier et le second album, celui-ci débute par une intro ("System") à la même ambiance sonore que "Common Dreads". Directement suivi par "Meltdown", on a donc une seule et même pièce en deux morceaux qui rappelle là encore "Solidarity". Ce qui a changé, c'est le son et son approche : plus lourd, plus profond, aux sonorités Drum and Bass et résolument Dubstep. On a la désagréable impression qu'il y a une faute de goût sur certains synthés mais il y a fort à parier que ce but était recherché. Car bien que révolutionnaire sur les bords (Rage Against The Machine fera d'ailleurs la promo de cet album sur sa page facebook), le groupe reste décalé dans son approche des choses ("Gandhi Mate, Gandhi") et ne tente pas de tenir des propos politiques au premier degré, préférant jouer la carte de l'humour, du détachement et de l'auto-dérision, surtout lorsqu'il s'agit de s'en prendre aux grandes compagnies pétrolières ("Arguing With Thermoters") à grand coups de passages Dubstep et d'Electro Rock british.

Le but est donc, une fois de plus, de rallier les foules derrière une musique festive et dansante ("Sssnakepit") sur fond de textes engagés. Malgré tout, le groupe profite de l'autoproduction pour composer ce qui lui tient à coeur et ainsi offrir des compositions décevantes à la première écoute, surtout lorsqu'on s'attend à n'avoir que des pilules survitaminées comme les trois derniers morceaux cités. Ainsi, la guitare acoustique (re)vient pointer le bout de son nez, accompagnée du piano, pour une petite balade aérienne ("Stalemate"). Cependant, tout ça est loin d'être sans intérêt et dénué de sens. Il faut donc plusieurs écoutes pour approfondir le sujet.

Le reste de l'album reste à l'image du groupe : inclassable. Toujours ces synthés parfois très rétro, véritable marque de fabrique du combo qui a toujours assumé son influence Trancecore mais en affirmant davantage son côté Dubstep depuis l'album précédent ("Pack Of Thieves"). Enfin, "Hello Tyrannosaurus, Meet Tyrannicide" reste sans doute le plus étrange de cette galette et le poétique "Constellations" vient clôturer le tout, comme le faisaient plus ou moins "Adieu" et "Fanfare for the Conscious Man" sur les autres albums.

Plus difficile d'accès, un troisième album moins plaisant à écouter que "Common Dreads" mais qui s'avère être déjà une pièce maîtresse de la discographie du groupe, surtout lorsque celui-ci contient un DVD avec un documentaire d'une heure où on découvre le travail du producteur Dan Weller, l'aventure qu'a été la production de cette galette et l'humanité ainsi que l'humilité du quatuor. Un grand plaisir.

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