Artiste : As The Stars Fall
Album : Tempus Fugit
Sortie : 2010
Genres : Electro, Musique Electro Acoustique, Trip Hop, Alternatif, Expérimental, Instrumental, Post Rock
Label : Low Wood
Morceaux à écouter : From Another Time, Some Tears Can Never Dry, I Gave You A Choice
♥♥♥♥♥
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Il y a des trucs comme ça qu'on regrette de ne pas avoir découverts dès leur sortie. Ce disque en fait partie. Pourtant, ce n'est pas la radio ni la télévision qui peut mettre quelqu'un sur la voie de cet opus. Le mérite revient entièrement à Internet où on trouve des traces (parfois presque effacées par le flot d'autres productions davantage mises sur le devant de la scène) de cet album à la fois mystérieux et dérangeant. La blogosphère spécialisée dans le domaine a pourtant fait l'éloge de "Tempus Fugit" dès sa sortie. J'ai donc effectué le chemin inverse de la plupart des critiques qui, avant d'écouter ce disque, se sont penchés sur le pedigree des trois mecs qui forment le groupe...
...Et il se trouve justement que les compères Guillaume, Steve et Rémi ont de la bouteille mais dans un domaine qui a fait hérisser les poils de certains adeptes de leur musique. En effet, ces gars-là ont baigné dans le Rap/Hip Hop en participant à divers projets sous le nom Medeline depuis 2000 aux côtés de Booba, Soprano, Rohff ou encore la Fonky Family... Pour un mec comme moi qui ne raffole pas du Rap français, heureusement que j'ai découvert ce disque avant d'avoir accès à ce genre d'informations sinon il y aurait fort à parier que je n'aurais pas tendu l'oreille dessus.
Dans le cas contraire, il n'est pas étonnant que certains se soient posé la question de la farce ou de l'erreur d'étiquette que portait le disque. Rap ? Hip Hop ? Où ça ? Et pourtant !
Dans mon cas, je n'en savais rien. C'est donc par curiosité que j'ai laissé tourner les pistes les unes après les autres. Et quelle surprise ! Qu'on fixe le plafond de sa chambre ou le paysage, qu'il soit urbain ou rural, par la fenêtre de sa propre chambre ou même par celle de la vitre du wagon de train dans lequel on voyage, c'est une foule de sentiments qui vient transpercer l'auditeur sensible (à moins de n'avoir aucune, mais vraiment aucune affinité avec ce genre de production !). Car malgré des compositions éthérées aux ambiances parfois froides pour ne pas dire glaciales, le tout est léché et incroyablement pur et propre. Comme une résonance à la pochette de l'album, c'est une gamme chromatique plutôt limitée qui envahit nos oreilles : du blanc, du gris, sombre ou moins sombre, comme un paysage d'hiver où le vent et le givre règneraient en maîtres.
Aux confins d'un monde organique en déclin, la nostalgie et la tristesse viennent pointer le bout de leur nez sous forme de sonorités plus électriques et synthétiques, non sans poésie. Pourtant, le trio ne s'enfonce pas dans un genre purement Electro et adopte un côté parfois Post Rock ("Some Tears Can Never Dry"), voire militaire ("No Good Deed Goes Unpunished"), tout en mettant le piano en fer de lance de certaines pièces ("A Dead Leaf Dance", "Frozen River"). Ce même piano qui apporte cette touche si intimiste à une musique déjà lavée de (presque) tout artifice qui serait superficiel.
Comme si ça ne suffisait pas, le trio emploie ses attraits pour la photographie et le cinéma pour une mise en scène cinématographique avec l'emploi de samples sortis d'une époque oubliée rappelant la violence dépeinte à travers ces ambiances qui mettent parfois mal à l'aise ("I Gave You A Choice"). Les clips, tournés par la bande, sont à l'image de leur musique et du site officiel du groupe : épuré, d'une sobriété communicative qui met en relief cette mélancolie si particulière rappelant qu'on ne vit pas dans "le plus beau des mondes"...
De tout ça, il ne reste qu'un grand vide et que tout s'arrête, il n'y a plus qu'à se poser certaines questions : qu'est-ce qui est passé dans la tête de ces mecs-là pour produire une musique (et des vidéos) si peu optimiste(s) ? Comment en vient-on à passer du Rap à un style radicalement opposé dans la nature du message porté ? Une fois les huit titres passés, on ne peut que rester coi, pensif et méditer sur notre propre condition. Une sorte d'appel à la philosophie dont on ne sort pas indemne. Un moment dérangeant, éprouvant, comme l'impression de revivre cet instant étrange après avoir maté "Requiem For A Dream". Une grande claque d'une maturité dérangeante qui laisse une trace, qu'on le veuille ou non. Un travail propre qui, il faut s'y attendre, donnera suite et sera sans doute davantage assumé et affirmé. Un truc à faire froid dans le dos...
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