Les Casseurs Flowters ont pris la liberté de balancer des clips sans même faire leur promotion avant leur publication depuis la sortie du film Comment C'est Loin en décembre 2015. L'intelligence des deux compères Orelsan et Gringe leur a permis de mettre de jolies images sur les morceaux phares qui composent la bande originale de ce film : entre le nouvel an d'Orelsan passé avec sa grand-mère pour "J'essaye, J'essaye" ou le très beau clip pour "Le Mal Est Fait", sans parler de ceux pour "Quand Ton Père T'engueule", "A L'heure Où J'me Couche", ou "Inachevés", c'est pratiquement un sans faute qui nous a plongés dans l'univers du film et la vie des deux rappeurs.
Cette fois, c'est en guise de surprise estivale que le duo balance un clip sorti de nulle part pour "Si C'était Si Facile". Un clip qui aurait pu être une totale réussite s'il ne montrait pas le fléau de la grande majorité des concerts de notre siècle : ces gens qui filment la représentation en direct Live d'un artiste et la vivent à travers le prisme de l'écran de leurs téléphones portables. Un fait d'une tristesse sans nom qui est de plus en plus montré du doigt par des spectateurs, des organisateurs d'événements ou les artistes eux-mêmes. Dernièrement, la chanteuse Adele a interrompu l'un de ses concerts pour rappeler à une de ses spectatrices qu'au lieu de la regarder à travers son écran, elle ferait mieux de profiter d'elle en chair et en os. Le comble dans cette histoire, c'est que la vidéo qui relate les faits à elle-même été tournée par un(e) spectateur(trice) dans la foule. Bref.
Plus récemment encore, c'est la marque à la pomme elle-même qui a parlé de plancher sur un système permettant de désactiver les caméras/appareils photos des smartphones pendant les concerts. Une nouvelle portée par des artistes qui en ont un peu marre de voir des téléphones brandis pendant leurs prestations scéniques. Pourtant, comme l'a souligné Alice Muruani dans un article posté sur rue89, certains artistes n'hésitent pas non plus à se filmer ou se prendre en photo eux-mêmes sur scène. Pour certains, il s'agit là du même problème. Pour d'autres, cet acte est davantage légitime et ne pose pas la même problématique. Si toutefois il y en a une.
Mais revenons à ce clip. Orelsan et Gringe entament ce morceau a capella dans les coulisses d'une salle de concert pour ensuite arriver sur scène et descendre au milieu du public pour terminer le morceau. Tout cela aurait pu être fort, puissant et prendre aux tripes sauf que voilà, à peine arrivé sur scène, le duo est mitraillé des flashs des objectifs évidemment activés à cause de la pénombre qui règne dans une salle de concert. Peut-être est-ce une demande explicite de leur part pour rendre la fosse lumineuse et vivante mais il y a quand même quelque chose de très dérangeant là-dedans : pourquoi ce public a-t-il filmé quelque chose qui était déjà filmé à la base ? Pour avoir un souvenir de l'instant ? Le clip lui-même est un souvenir de l'instant. Pour poster une vidéo du tournage du clip ? Est-ce nécessaire à moins de vouloir engranger un nombre risible de vues sur Youtube, surtout quand il y a cinquante - voire davantage - d'autres personnes en train de filmer la même chose ? Ce clip est censé être une galerie pour les Casseurs Flowters, une vidéo artistique pour mettre des images sur un morceau qui ne bougera pas, qui ne changera pas. C'est quand même dommage de le voir gâché par quelques ados greffés à leurs téléphones portables...
Du coup, ce qu'on retient de ce clip, c'est davantage un malaise. Entre celui qui regarde à travers son écran de téléphone tout en filmant et qui tente de faire un check à Gringe en se prenant un gros vent ou d'autres qui prennent des selfies pendant que les artistes sont au milieu de la foule, on se demande s'ils ont tout simplement conscience que tout ce qu'on retiendra d'eux, c'est qu'ils n'étaient pas en train de vivre l'instant présent. Mettons-les dans une fosse lors d'un concert de Punk Hardcore et on verra bien qui osera brandir son téléphone à cinq cents balles sans avoir peur de l'échapper pour qu'il se retrouve piétiné... Cependant, notons quand même que toutes les personnes visibles dans ce clip ne sont pas à blâmer et certains ont quand même compris le concept du clip en jouant le jeu à fond. Bravo à eux.
Enfin, pour conclure, notons tout de même qu'il y a dans ce morceau un sens profond sur tout ce qui passe pour un phénomène de mode et où il y aura toujours une bande de moutons pour suivre le mouvement - même si le thème ici est particulier et parle de se lancer dans le Rap. En cela, lorsque qu'Orelsan arrive sur scène et crie au public "Vas-y fais la pute, donne toi en spectacle", la foule se mettant instantanément à hurler, on se demande s'il n'y a pas un gros côté troll à cette vidéo. Et si, finalement, tout était intelligemment pensé pour faire un clip pointant du doigt tout ce qu'il décrit ?
Dans tous les cas, on est face ici à une sorte de performance, intéressante pour beaucoup de raisons, et entendre des centaines de personnes reprendre un morceau en chœur, ça fait toujours son effet.
Salut j'étais au concert au Cargo a Caen et en effet c'était voulu les lumières des téléphones,il y a eu 4 prises du clip et la première très peu de personnes filmaient et le réalisateur a annoncé que l'effet rendu par les flash en fond était agréable: la tout le monde a sorti son téléphone (j'ai sorti un briquet j'étais le seul mais ça me distingue bien ;) ) Bref voilà une réponse à ta critique
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