Artiste : Owl City
EP : Of June
Sortie : 2007
Genre : Synth Pop
Label : Autoproduction (Sky Harbor)
♥♥(♥)
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De qui on parle ? Derrière le pseudonyme Owl City (comprenez la "ville hibou" ou "la ville des hiboux" peut-être, ce qui semblerait plus logique) se cache une seule et même personne : Adam Young. Personnage assez mystérieux et introverti, il est responsable d'un nombre colossal de projets musicaux (éphémères pour certains) et sort ce premier EP sous le nom Owl City à l'âge de vingt-et-un ans. Ayant grandi dans une bourgade des Etats-Unis, il développe un attrait particulier pour la nature et l'océan (qu'il ne verra de ses propres yeux qu'une fois adulte) et pratique le skateboard. C'est à la suite d'une chute qui le contraint à rester chez lui qu'il se met à composer de la musique. Et étrangement, tous ces détails - ces anecdotes de sa vie et goûts personnels - se retrouvent dans sa musique. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il existe un autre visuel pour ce premier EP où on devine une vue panoramique sur l'océan.
Le vaste monde. Il faut bien replacer les choses dans leur contexte : le mec est fils unique, timide, n'a presque pas d'amis et est potentiellement atteint du syndrome d'Asperger, s'adonne au skate en solitaire et se casse la gueule un jour. Il aime la musique instrumentale et se retrouve cloîtré chez lui, dans l'incapacité de s'adonner à son sport favori. Rêveur et contemplatif, il se met alors à composer de la musique dans le sous-sol de ses parents. Quelque chose de simple qui lui permet de s'évader. Le résultat est empli de naïveté, de légèreté et de douceur mais incroyablement sincère. Des synthés qui rappellent un mélange de bande originale de film pour enfant, de jeux électroniques et de Synth Pop et Synth Wave des années 80 : difficile de mettre une étiquette sur cette musique, ce qui en fait quelque chose de singulier. Mais là où c'est assez surprenant, c'est que pour quelqu'un qui explique préférer la musique instrumentale car elle permet de mieux rêver et se représenter des images qui ne sont pas influencées par des textes, Adam Young écrit et chante sur ses compositions. Une voix étrangement suave et éthérée parfois, qui semble constamment marquée d'un auto-tune qui lui donne un aspect robotique. Comme si Adam Young était un androïde se rêvant une vie dans les grandes villes américaines ou au milieu de la nature et des animaux, dans de grands espaces. Un paradoxe qui pourtant concorde avec son espace vital réduit au sous-sol de sa maison en comparaison de l'immensité du monde qu'il aime s'imaginer.
Voyages et rêveries. Adam Young est donc un rêveur, ce qui vaut à sa musique d'être souvent considérée comme quelques chose de "dreamy", terme anglais résumant très bien ce qui se dégage de ses compositions. C'est planant, perché et pourtant très simple, primaire et vrai. L'expression la plus basique de sentiments comme l'amour et la joie donnant cette impression que tout est beau, tout est bien. Une candeur qui se retrouve dans les textes de ce premier EP où le monde que décrit Adam Young est mignon, coloré, calme et paisible. Les références à la nature sont excessivement nombreuses : il est question de "sea" (la mer), "flowers" (les fleurs), "ocean" (l'océan), "lake" (lac), "beach" (plage), et plein d'autres termes imageant les éléments qui font toute la beauté du monde, surtout pour Young. Bizarrement, la technologie fait aussi partie de ce qui fascine le bonhomme, lui qui se rêve architecte d'un monde où il serait seul à décider de l'agencement des éléments qui le composent dans "Designer Skyline". C'est alors là que le syndrome d'Asperger sauterait presque aux yeux (ou aux oreilles) avec cet amour pour l'ordre et le vocabulaire scientifique : "The options and possibilities are endless when we connect and re-align. Collections of books and documents arise and parade around my cluttered desk, reworking the math and measurements until I'm convinced these plans are picturesque [...]". Enfin, comme si Young ne pouvait pas, malgré lui, voir et visiter tout ce qui le fascine, il se rêve à voyager à travers sa musique où les références géographiques sont elles aussi très nombreuses. Sont cités, entre autres : Tokyo, San Francisco, Los Angeles, le New Jersey, Tampa Bay, Juno (sans doute pour Juno Beach en Floride). L'artiste voyage tellement dans ses textes et ses chansons qu'il ferait facilement le tour du monde en quelques secondes !
Comme un enfant, un enfant surdoué. Adam Young est une sorte de personnage à part dans le monde de la musique. Autodidacte et à la personnalité unique, sa musique l'est tout autant. On sent que l'artiste est différent et exploite cette différence pour proposer une musique en décalage avec ce qu'on a l'habitude de voir partout ailleurs. Malgré un côté naïf et enfantin, elle met en relief toute la complexité mais aussi toute la sincérité de la personnalité d'Adam Young. Le résultat est donc une réelle bouffée d'air frais si on est un minimum réceptif à ce qu'elle exprime et nous laisse percevoir de l'état d'esprit de son compositeur. Alors, certes, les ingrédients musicaux sont loin d'être complexes et l'ensemble reste basique mais il y a un truc qui ne laisse pas indifférent chez Owl City. Et cet EP - qui ne lui apportera pas non plus le succès - n'était que le début d'une aventure pour Adam Young !
Un truc facile et plaisant à écouter. Qui passe très bien comme une berceuse avant de s'endormir et rêver, ou pendant un voyage pour contempler le paysage. Le truc n'a pourtant pas de réel charme au niveau de la composition musicale mais on reste hypnotisé par cette poésie et cette douceur.
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