02/09/2019

[EP] Thornhill : "13"

Artiste : Thornhill
EP : 13
Sortie : 2016
Genre : Métalcore progressif et alternatif, Post-Hardcore
Label : Autoproduction
♥♥♥(♥)
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Ahhh, l'Australie. Décidément, on ne peut vraiment plus faire sans eux : les australiens ont déjà prouvé depuis longtemps et à plusieurs reprises que la scène Rock/Métal internationale ne pouvait plus se passer du style et de l'identité que propose leur île-continent. Et dans un sens, c'est tant mieux car on y trouve des choses vraiment très bonnes à se mettre dans les oreilles ! L'Australie est pour ainsi dire au reste du monde de la musique ce que sont la Hollande ou les pays nordiques au reste de l'Europe : c'est un formidable bouillon de culture qui donne naissance à des groupes à l'identité forte et qui ont souvent tendance à faire voler en éclats les frontières qui séparent divers genres musicaux. Comment ne pas penser aux débuts Rock Fusion/Blues/Reggae du John Butler Trio, au Djent-Rap de DVSR ou au Hip-Hop inclassable de Drapht ? Ou encore aux styles improbables (ou singuliers) de Twelve Foot Ninja, Tame Impala ou encore Dead Can Dance ? Si Thornhill évolue dans la catégorie Rock/Métal, cela n'empêche pas le groupe de suivre malgré lui une voix logique tracée par d'autres formations du même acabit et de cette même région isolée du monde depuis quelques années, tout cela en dépit d'une volonté bien réelle de se forger une identité qui lui est propre.

Une identité. Thornhill nous vient de Melbourne. Comme pas mal d'autres groupes australiens, il faut bien le reconnaître. En même temps, les grandes villes où des formations musicales peuvent se permettre d'émerger et de gagner en notoriété, en Australie, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue. Ou de désert. C'est d'ailleurs dans cette même Melbourne qu'un groupe de Métalcore et Néo-Métal expérimental a fortement gagné en visibilité ces dernières années : Ocean Grove. Si on tient en plus compte des pionniers du genre Métalcore progressif que sont les mecs de Northlane (qui ont sorti Alien en 2019, un excellent album de Métal moderne où l'Electro tient une place de choix), ces derniers ayant ouvert la voix à d'autres bandes comme The Brave ou Polaris, on se rend tout de suite compte qu'il y a de quoi faire si on décide de n'écouter que des groupes australiens (et on ne parle même pas d'AC/DC, Karnivool, Parkway Drive ou encore Thy Art Is Murder). Mais alors comment tirer son épingle du jeu alors que la scène est déjà foisonnante et qu'il y a de fortes chances d'être comparé à d'autres formations évoluant dans le même registre ? Au culot, évidemment ! Car Thornhill fait de gros efforts dès ce premier EP qui, bien que relativement court du haut de ses treize minutes de durée, propose des ambiances travaillées, des compositions variées mêlant passages planants ou au contraire très énervés, une voix qui alterne chant hurlé et chant clair aérien : on peut dire qu'il y a vraiment beaucoup d'ingrédients qui sont présentés ici. Et quand on a tout ça sur un premier recueil et que ça tient la route, il n'y a pas besoin d'être un fin limier pour comprendre qu'il y a un énorme potentiel et une "petite" dose de talent.

L'esprit Néo des années 2000's. Si, musicalement, Thornhill se place entre le Métalcore progressif et un Néo-Métal plus moderne servi par une production de qualité, il y a dans tout ça une influence des grands groupes qui ont marqué la fin des années 1990's et au début des années 2000's. À l'instar de formations américaines comme Sylar, Thornhill injecte dans sa musique des éléments propres à cette période en les remaniant à sa sauce pour en faire quelque chose de plus incisif, de plus personnel. Il faut dire aussi que l'accordage très bas qui est maintenant une signature incontournable post-2010's dénote fortement avec ce qui se faisait il y a de ça vingt ans. En cela, la ressemblance avec les premiers EPs d'Ocean Grove est assez frappante ("Patterns"). Mais ce qui fait la force de Thornhill, ce sont les textes introspectifs où il est question de mal-être, de démons intérieurs ou de relations aux autres. Tout cela donne à l'EP un aspect cathartique où la colère ("Outcast") et la tristesse ou le regret s'expriment avec une forme d'élégante sincérité qui ne manquera pas de marquer les oreilles attentives ("Tunnel Vision"). Si l'emploi de la première personne du singulier ou du "you" sont des marqueurs évidents de tout ce qui vient d'être souligné, Thornhill ne s'arrête pas là. La jeune formation se transforme même en porte-parole de toute une génération qui fait face à des enjeux nouveaux et à un monde qui ne lui parle pas suffisamment (ou tout simplement pas) dans un impressionnant "XY" en clôture de l'EP.  Cela étant dit, tous les ingrédients sont donc présents pour faire de Thornhill un groupe qui pourrait véritablement marquer son époque.

Tracer sa route. Que dire de plus ? En treize minutes, Thornhill arrive à mettre tout le monde d'accord (ou presque) : il y a du potentiel pour marcher dans les traces des aînés du genre et suffisamment de talent pour se démarquer de la masse. Des signes qui ne trompent pas puisque les australiens signeront leur second EP chez UNFD, ce label ayant le chic pour dénicher les nouveaux talents, notamment en Australie. Thornhill sortira Butterfly moins de deux ans plus tard et continuera ainsi son petit bonhomme de chemin. Et c'était totalement prévisible.

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