11/05/2017

[Live Report] Orme + Ciao Fred (Secret House Show - Lyon)

Court résumé de cette soirée du 8 avril 2017 organisée par David sous la bannière de Decibels For Us dans un lieu cosy et relativement secret puisqu'il ne l'est plus du tout pour nous qui avons eu la chance de nous y rendre. Une soirée au calme où bières en bouteilles et repas en verrines étaient servis par notre hôte lui-même.

Qui a dit qu'il fallait être dans une salle immense ou sous un gigantesque chapiteau à renifler les effluves de sueur de nos semblables et recevoir des fonds de gobelets de bière sur la tête pour passer une bonne soirée concert ? Celui qui a dit ça est un siphonné du bulbe ou il n'a tout simplement pas compris qu'il s'était supposément déplacé pour écouter de la musique plutôt que pour alimenter son compte Instagram avec des selfies où les artistes ne sont même pas invités à un photobomb.

Rien ne vaut ces petites soirées/apéros en comité restreint, entre personnes (civilisées) s'étant déplacées dans le même objectif (ici, venir écouter de la musique), et propices à l'établissement d'un lien social qui, s'il n'est pas nécessairement fort, reste au moins véritable et plus facilement amorçable, la promiscuité aidant bien souvent à l'échange oral avec nos semblables. On était bien loin des habituels coups d'épaules auxquels on a droit lors de pogos et autre circle pits dans les fosses de concerts. Bref, tout ça pour dire qu'il y avait une petite vingtaine de personnes présentes dans cet appartement pour écouter dans les meilleures conditions possibles l'ami lyonnais Ciao Fred et les toulousains de Orme.

Ciao Fred, c'est un peu le mec qui te rappelle que tu as été lycéen et que tu as galéré avec les meufs pendant cette période ingrate de la vie. Alors, évidemment, certains ont eu plus de bol que toi et si chacune des chansons du bonhomme est le fruit d'une relation avortée avec une demoiselle, ça en dit long sur le tableau de chasse de ce dernier ! Derrière ses allures de beau-gosse-qui-joue-de-la-guitare-pour-épater-les-gonzesses se cache un homme semblable à tout autre, avec ses "fêlures" comme dirait l'autre, ses désillusions et ses sentiments. Entre les fausses promesses, les ruptures douloureuses, la tromperie, la jalousie traitées dans ses textes, il est assez facile de s'identifier de près comme de loin à Ciao Fred. Après une bonne tripotée de chansons en anglais, on a droit à une remontée dans le temps avec les compositions les plus anciennes, au ton décalé et chantées en français. Une prestation simple et sincère qui fait tomber en morceaux une certaine pudeur qu'on essaie tous d'entretenir plus ou moins. Un set sans micro, sympathique et sans artifice.


Ciao Fred sur la scène du Blogg, à Lyon, en 2014

Après un léger repas servi en petites verrines, le quatuor toulousain de Orme a pris place dans l’alcôve du salon pour nous servir un Post-Rock des plus surprenants. Pourtant originaires d'univers musicaux comme le Math-Rock ou le Métal, genres situés aux antipodes de la musique pratiquée en tant que Orme, les musiciens s'emploient à mettre en avant des instruments d'un autre temps ou d'autres contrées tels que la mandoline, le violoncelle ou le bouzouki. Afin d'arrondir les "angles" de sonorités ciselées produites par la mandoline et le bouzouki, une guitare acoustique accompagne le tout en apportant une chaleur qu'on lui connaît bien. Le violoncelle, quant à lui, en impose par une incroyable présence qui porte l'ensemble avec autant de gravité que de beauté. Pourquoi "Orme" ? Parce que "Charme", c'est un peu "facile", que "Hêtre", c'est faussement philosophique et que "Boulot", c'est pas vraiment poétique... Le nom de l'arbre n'a pas autant de force que ce qu'il représente à lui tout seul : le bois, vivant, chaleureux, principal matériau du luthier et transformable à volonté. Tout tient la route dans le concept. Mais c'est davantage par sa musique que Orme se distingue : malgré des instruments classiques au sens historique du terme et qui rappellent évidemment des ambiances médiévales, les compositions sont modernes et basées sur des rythmiques Rock (sans percussion toutefois) où l'harmonie des sons rappelle ce qu'on trouve chez beaucoup de groupes de Post-Rock. Le résultat est tout bonnement singulier et fort en personnalité. Pas grand chose à dire : l'expérience est à vivre et la musique du groupe à écouter, notamment sur BandCamp où l'EP Début est à télécharger gratuitement.



Une soirée atypique, surprenante et très agréable organisée par David qu'on remercie grandement pour son accueil et sa sympathie (et sa patience). Une expérience musicale mémorable qui illustre parfaitement l'idée de "musique de chambre", le tout en charmante compagnie. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire