Album : Hollow
Premier Album
Sortie : 2016
Genre : Métalcore, Hardcore Moderne
Label : Homeless Records
Morceaux à écouter : Winter, Wrong Generation, Empty Place
♥♥♥(♥)
> Ecouter l'album sur Youtube ou BandCamp <
De qui on parle ? Ils sont français et originaires de Marseille et Toulon. Fondé en 2014 (le projet ayant apparemment débuté en 2011 mais le line-up actuel s'étant fixé trois ans plus tard seulement), Landmvrks (ou plutôt LANDMVRKS) évolue dans un genre oscillant entre Métalcore Mélodique et Hardcore Moderne pour un résultat à la fois puissant, énergique, mais ne boudant pas les passages plus aériens et chantés en voix claire. Après plusieurs morceaux balancés au fil des mois pour assurer une visibilité grandissante au groupe, ce premier album sort courant 2016, mettant fin à une attente de presque deux ans. Si le nom du groupe tend à laisser penser qu'on va nous parler de "repères" (peu importe la nature de ces derniers), le "V" remplaçant le "A" met plutôt en relief la perte de ceux-ci, remettant en question l'influence du monde qui nous entoure sur notre propre identité et nos sentiments. Une ritournelle qu'on retrouve désormais dans le nom de plus en plus de groupes, comme chez PVRIS par-exemple (à ne pas confondre avec celle employée par CHVRCHES où le "V" remplace un "U").
Un projet "DIY". Ce n'est un secret pour personne : vivre de sa musique en France est pratiquement impossible - en particulier quand on fait du Métal, du Hardcore ou tout autre genre non médiatisé. Seul moyen de pouvoir se faire remarquer et diffuser largement en dehors de nos frontières, se faire signer sur un (gros) label étranger ou s'acharner sur Youtube en postant des vidéos bien répertoriées. Certains ont eu cette chance (à titre d'exemples, Chunk! No, Captain Chunk chez Fearless, Novelists chez Arising Empire ou encore Our Theory chez We Are Triumphant) mais d'autres préfèrent fonctionner avec leurs propres moyens. Et c'est tout à leur honneur ! Landmvrks fait partie de ces groupes, Florent (au chant) et Nicolas (guitare) se chargeant de l'enregistrement, la production, le mixage et le mastering. En d'autres termes, avec Homeless Records, les gars de Landmvrks sont seuls maîtres à bord. C'est donc sans aucune aide et avec une totale liberté que le groupe travaille, ce qui est évidemment un très gros point fort. Respect.
Solide musicalement. Certes, on est ici face à un premier album mais ces gars-là ont un passé musical déjà relativement chargé. Avec Coldsight, certains ont même déjà sorti un album répondant au nom de Until Your Last Breath en 2011. Pour les autres, il faut aller voir du côté de Hate In Front et Where Eagles Dare. Des bases Métal bien ancrées et un goût prononcé pour la musique où ça crie et où ça joue fort et parfois vite. En d'autres termes, les gars de Landmvrks ne sont pas vraiment des débutants et ça se ressent quand même pas mal sur ce premier album qu'est Hollow. Tout cela ajouté à un savoir-faire évident au niveau de la production et on obtient un groupe qui sait où il va, qui a déjà une bonne idée de son orientation musicale. En gros, Landmvrks n'est pas là pour se chercher : la bande s'est déjà trouvée. Le résultat est donc sans appel : c'est maîtrisé et même classieux parfois dans le sens où il faut un peu de culot quand même pour placer des passages mélodiques et aériens dans des morceaux de pur Hardcore moderne à la sauce américaine. Le tout avec un chant clair bien maîtrisé. Les ambiances et textures sont travaillées et cela dès le premier morceau qui donne son nom à l'album ("Hollow"), sans parler d'un interlude instrumental planant ("November 15th") qui sépare le recueil en deux parties distinctes. Pour tout le reste, ça envoie la purée comme il se doit à base de gros riffs et double-pédale, tout ça avec un petit quelque chose en plus qui est évidemment le chant clair de Florent. Sans tomber dans la mièvrerie de beaucoup de groupes de Métalcore ou Post-Hardcore, cette touche personnelle apporte à Landmvrks une maturité qui n'est pas sans rappeler ce que fait Novelists dans un autre genre (voir "Endless Paradox" et son solo de guitare). La comparaison n'est pas anodine : Mattéo Gelsomino est en featuring sur "Winter" et on sent que les deux formations partagent le goût des bonnes choses, travaillées et réfléchies, en plus d'être bien "copaings".
Des influences évidentes. Même si Novelists est un groupe qui évolue dans un domaine musical très différent, on peut reconnaître des similitudes dans la façon de placer des passages plus calmes, aériens et chantés de façon claire. Si on ajoute à cela quelques ambiances composées à bases de notes de guitare, on a sensiblement la même manière de procéder pour ce qui est d'ajouter de la profondeur à la musique. Niveau son, par contre, on est face à des guitares beaucoup plus grasses, brutes, avec ce traitement qu'on pourrait qualifier de "rouillé" (ou "crasseux") caractéristique de groupes comme Beartooth. Une référence retrouvée sur le riff d'intro de "Wrong Generation" qui ressemble quelque peu à celui de "The Lines". Ce sixième morceau de l'album est d'ailleurs un concentré d'influences Hardcore, le riffs de clôture faisant quant à lui penser à l'instru de pas mal de groupes dans le genre (voir du côté de Comeback Kid, avec le riff de "Die Knowing" par-exemple). On soulignera aussi la ressemblance entre le riff d'introduction de "Empty Place" et celui de "Haters Gonna Die" de chez Chunk! No, Captain Chunk! sur l'album Pardon My French. Un détail qui n'aura pas échappé aux amateurs des deux formations. Enfin, quelques petits passage en downtempo, histoire d'offrir des moments bien lourds et de casser quelques nuques lors des concerts, et le tour est joué ! (bridge sur "World of Pain") Bref, les influences sont nombreuses mais Landmvrks arrive quand même à en faire quelque chose de singulier, à créer son propre Métalcore/Hardcore et à sortir du lot. Une jolie performance quand on sait que le genre a été revu et corrigé par un paquet de formations depuis quelques années !
Qu'est-ce qu'on nous raconte ? C'est sûr, certains diront que Landmvrks est un groupe de plus à choisir des textes en anglais pour s'exprimer. Bien évidemment, ça aurait été très couillu de chanter en français. Mais peut-on vraiment reprocher à un groupe pratiquant une musique n'ayant que trop peu de succès en France (en comparaison d'autres pays comme les Etats-Unis) de vouloir se faire entendre en dehors de nos frontières ? Difficile de répondre "oui". Et si en plus c'est bien fait, alors il n'y a rien à dire. En effet, Landmvrks se défend aussi au niveau de l'écriture. Les textes sont bien foutus et laissent une interprétation relativement libre. On est face à de la "Hardcore Poetry" diraient certains. Pas ou peu de revendications politiques et sociales mais une sensibilité mise en évidence par le chant clair et les ambiances et textures. La musique sert le propos et on a là un album très introspectif, sensible, avec beaucoup de "I" et "You" qui, à défaut d'être fédérateurs comme des textes revendicateurs de Punk Hardcore, ont le mérite de mettre en relief une forme de maturité psychologique. Dommage, dans un sens, car il y a de ce fait très peu - voire pas - de gang vocals, à l'exception de quelques chœurs, notamment sur les majestueuses clôtures de "Hollow" et "World Of Pain".
Un bon album made in France. Landmvrks a sorti là un premier album qui a des atouts non négligeables pour faire son trou dans le large monde du Métalcore/Hardcore français (et mondial ?). Malgré quelques sonorités vues et revues - notamment chez les grosses productions du même genre - Landmvrks exploite avec efficacité et intelligence des codes qui assurent au groupe de pouvoir peser à côté de poids lourds et de surtout continuer sur sa lancée. Avec le développement d'une identité qui peut être encore davantage marquée, les sudistes ont là un potentiel énorme pour s'assurer un bel avenir. Le deuxième album sera donc déterminant et il faudra transformer l'essai d'une façon encore plus nette avec peut-être une plus grande prise de risques. Et comme c'est possible, on attend d'entendre ça avec impatience ! Hollow est un album qui passe vite. Trop vite. Et on s'en serait bien payé quelques tranches de plus avec une tracklist plus imposante.
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