15/03/2016

[EP] The One Hundred : "Subculture"

Artiste : The One Hundred
EP : Subculture
Sortie : 2014
Genre : Néo-Métal-Rapcore-Electro
Label : UNFD
♥♥♥(♥)
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De qui on parle ? De quatre anglais ayant formé The One Hundred en 2012 et dont trois d'entre eux étaient membre d'un groupe répondant au nom de Collapse The Control, une formation qui évoluait dans un genre différent tout en exploitant les mêmes ingrédients musicaux. Avec The One Hundred, le quatuor s'est mis en tête de mélanger Screamo, Néo-Métal, Electro et Rapcore pour un résultat qui pourrait paraître carrément brouillon sauf que voilà, les britanniques sont bien connus pour tout faire un peu mieux que les autres ou, au pire, ne pas faire comme les autres et innover, justement. En signant ce premier EP chez UNFD en 2014, The One Hundred proposait donc six titres pour présenter son travail et sa musique tout en s'assurant une production qui tenait la route.

Musicalement, ça donne quoi ? Mettre cette galette dans un lecteur et l'écouter d'une traite peut porter à confusion tant le morceau d'intro laisse à penser qu'on va avoir droit à quelque chose s'imprégnant du Hip-Hop/Rock des années 1990. Pourtant, la deuxième partie de ce "No FKX" va vite annoncer la couleur du reste de ce recueil : un riff assassin faisant son apparition sur fond de scratchs qui rappellent sans conteste du Limp Bizkit ou du Linkin Park de la première heure. Sauf que voilà, The One Hundred va plus loin, fait les choses avec davantage de pêche - voire même de burnes - tout en s'imprégnant d'Electro déjà bien cher à des groupes comme Enter Shikari et en ne lésinant pas non plus sur des chœurs qu'on retrouve plutôt dans le Post-Hardcore. Le cocktail est explosif et communique une énergie bien réelle. Concernant le chant, Jacob possède cette remarquable capacité à hurler (on frôle le Deathcore parfois), chanter et rapper avec une vitesse et une précision folles. On a même droit à des passages doucereux, notamment sur la fin de "Breed", second titre de cet EP et qui regroupe toutes ces déclinaisons de chant. Dit comme ça, on est en droit de se demander si tout ça ne manque pas d'homogénéité et ne sonne pas trop brouillon. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, pas vraiment. Le quatuor arrive à harmoniser l'ensemble et sortir des morceaux qui sont parfois de petites bombes, comme par-exemple l'impressionnant "Kingsmen" ou le très fédérateur "Downfall" et ses gang vocals qu'on a tout de suite envie de reprendre. Finalement, The One Hundred est, peut-être, ce que Reveille aurait pu devenir il y a plus de dix ans si le groupe avait continué sa route après Bleed The Sky.

Et concernant les textes ? Est-ce générationnel ou tout simplement propre au Royaume-Uni mais il faut bien admettre que l'île de Sa Majesté a vu naître ces dix dernières années un nombre impressionnant de groupes au discours contestataire, politiquement engagés, qui ne se privent pas pour critiquer un système mondial mettant à mal les relations entre les individus. Enter Shikari, While She Sleeps, Hacktivist, Architects (parmi tant d'autres) et maintenant des groupes comme The One Hundred. Cela semble devenir de plus en plus courant et (peut-être) de plus en plus urgent de faire passer un message dans la musique, en mettant un peu de côté l'aspect divertissant et amusant de la chose. Il faut reconnaître à la musique son efficacité pour faire passer une pilule qui aurait du mal à être ingurgitée s'il ne s'agissait que de simples textes scandés sur la place publique. The One Hundred s'ajoute donc à cette liste, même si son côté "Club-Métal" lui assure une touche divertissante relativement plus accessible qu'un groupe de Punk-Hardcore. Ainsi, "Breed" présente la (jeune) population née dans les années 1990 comme la nouvelle génération prête à se battre et surpasser les différences, notamment raciales. Le reste de l'EP s'avère être une sorte d'exutoire où la jeunesse est mise en valeur malgré tout ce que le monde dans lequel elle évolue ne lui a pas offert. Dans "Unleashed", Jacob appelle à reprendre le "contrôle" ("We've got to find ourselves, we gotta take control") pour faire disparaître ce sentiment de culpabilité vis-à-vis de nos vies respectives ("I've got a guilty conscience of nothing left to lose, and nothing left to prove"). C'est peut-être un peu naïf dans la démarche mais même des groupes comme Enter ShikariHacktivist ne prennent parfois pas la peine d'enrober leurs propos dans la poésie, préférant simplement employer les mots justes et nécessaires. Ce Subculture est donc un cri de rage et d'espoir pour cette génération bien malmenée par un monde aux valeurs qui lui échappent bien trop souvent.

Et sur scène ? Le côté hybride de la musique de The One Hundred ne plaira évidemment pas au puristes, qu'ils écoutent du Rap ou, au contraire, du Métal. Le fait est que le mélange des genres qu'effectue le groupe est une sorte de pot pourri qui, malgré un nombre important d'ingrédients, arrive tout de même à produire un parfum respirable (et appréciable). Malgré tout, c'est sur scène que The One Hundred se défend le mieux, proposant des prestations Live d'une rare intensité, le groupe ayant cette indéniable capacité à faire bouger les foules et rallier le spectateur à sa musique. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas la version studio de cet EP, on prend véritablement une claque à un concert de The One Hundred et pour un groupe aussi jeune, c'est un atout difficilement critiquable.

La suite ? Après ce Subculture plutôt réussi ou, au moins, efficace pour nous faire bouger, on espère que The One Hundred transformera l'essai avec un premier album tout aussi décapant, peut-être plus mature (notamment sur la touche Electro), mais qui ne perdra pas en puissance. En attendant, ce six titres passe plutôt bien et le côté fédérateur de certains passages ("This is your downfall !" sur "Downfall" par-exemple) pousse même à renouveler plusieurs fois son écoute.

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