Artiste : Buffalo Hugs
EP : v1
Sortie : 2014
Genre : Post-Hardcore, Métalcore Mélodique
Label : Autoproduction
♥♥♥
> Ecouter l'EP sur Youtube <
On parle de qui ? Ils sont jeunes, ont la vingtaine à peine entamée et sont ukrainiens (de Kiev, plus précisément). Ils font aussi du Post-Hardcore à l'influence américaine très marquée. Preuve qu'elle est bien loin cette époque où les anciennes républiques soviétiques passaient pour des régions reculées où il n'y avait pas la télé ou Internet (et où on ne voulait pas entendre parler des États-Unis). Très au fait de ce qu'il se passe sur la "planète musique" actuelle, les jeunes musiciens montent leur groupe en 2013. Buffalo Hugs se composait à l'époque de six membres (si on regarde certaines photos et vidéos de 2014 où un claviériste était présent) et proposait un EP de six titres un an plus tard. Productif, donc.
Musicalement, ça donne quoi ? Tout ce qu'il y a de plus générique en terme de Métalcore et Post-Hardcore moderne. Pourtant, le groupe arrive à se démarquer non pas par son talent ou sa nationalité ukrainienne (les textes sont en anglais) mais par la voix de son chanteur et quelques notes de clavier qui, contrairement à beaucoup de grosses productions dans le genre, gardent ce côté "jouées à la main" et non produites par ordinateur. On a d'ailleurs une sonorité beaucoup plus proche du piano que des habituels synthés grandiloquents qu'on retrouve chez des groupes comme We Came As Romans. Mais revenons à cette voix : sans véritable force ou grandes qualités, Slava arrive à faire la différence par ses faiblesses justement. Tout n'est pas parfait et c'est tant mieux, pourrait-on dire. Cet EP étant une autoproduction, on peut supposer que les moyens ont été relativement faibles et les arrangements de voix semblent maigres. Ainsi, les hurlements conservent ici un certain naturel et les faiblesses ou autres petits défauts ne paraissent pas compensés en post-production. Slava est parfois à la limite de la rupture et son chant clair laisse transparaître un manque de maturité dans la voix et le chant sans toutefois perdre en charme car pas si mal exécuté. Mais ce qui pourrait être un point faible devient un point fort pour démarquer le groupe dans un genre déjà inondé de jeunes formations perçant ça et là. Pour le reste, les ingrédients sont les mêmes : guitares, basse, clavier et batterie. Une batterie qui n'a cependant pas été enregistrée mais programmée, sans doute pour une raison de budget (cet instrument nécessitant souvent pas mal de prises en plus du matériel et d'un local requis). Cela s'entend d'ailleurs assez souvent, notamment au jeu de cymbales qui semble un peu abusé pour être assuré en Live. On a donc droit à des morceaux relativement nerveux, des riffs efficaces sans être très complexes, des lignes de synthé/piano apportant une touche de poésie lors des bridges ("Dance For My Mom") ainsi que des choeurs sympathiques et des arrangements pour un côté plus épique. C'est étonnamment bien produit et semble tout droit venu de l'autre côté de l'Atlantique. Bluffant.
L'amour de la musique. Comment ça se passe pour faire ce genre de musique quand on habite Kiev et peu de moyens ? Pour répondre à cette question, le groupe poste régulièrement des vidéos sous forme de vlogs où on voit les compères jouer leur musique et vivre leur vie de tous les jours. Postées sur Youtube (et non traduites ou sous-titrées, malheureusement), ces vidéos montrent l'acharnement dont les jeunes musiciens font preuve, allant jusqu'à réaliser eux-mêmes leurs propres guitares, tournant leurs vidéos dans une qualité qui en dit long sur le matériel qu'ils utilisent, ce qui ne les empêchent pas d'avoir le sourire. On sent une véritable passion pour la musique qui unit cette bande de potes, et ça fait véritablement plaisir à voir dans le sens où on sait qu'il n'y a pas de label derrière.
Et concernant les textes ? Comme dans beaucoup de pays de l'Est, l'anglais n'est pas une langue aussi pratiquée qu'ailleurs (constat basé sur des expériences personnelles). Les textes de Buffalo Hugs sont pourtant chantés dans la langue de Shakespeare et permettent ainsi au groupe de parler au plus grand nombre. Ce choix est sans doute volontaire mais il est vrai qu'un peu de Post-Hardcore/Métalcore en ukrainien aurait été une belle curiosité. Après, pas sûr que cette langue soit aussi plaisante à écouter que l'anglais... Alors que nous raconte-t-on ? Rien de bien fou ou recherché. Les textes sont relativement simples et ont un côté festif et un ton décalé totalement assumés. Le morceau d'introduction, qui invite à se plonger dans ce fameux univers des ukrainiens et répondant au nom tout trouvé de "Welcome To Buffalo Hugs", nous avertis : "We have songs about animals and girls, We sing random stuff". Autrement dit, on va parler de bestioles et de meufs et on n'est pas vraiment là pour délivrer un quelconque message mais plutôt pour se marrer. Voilà. La suite tient ses promesses : "She said : "I leave you, you have no car, no money, no iPhone" "Sure, I said. I'm just a cat !" dans "The Cat Song" ; suivi de "Hey, dude ! Get ready for the next call ! Five, Six, Seven, Eight ! Do not dance like a duck, and dance like a man !" sur "Dance For My Mom" ; sans oublier des punchlines du genre "Cocks are playing Rock !" agrémentées de fines invitations au coït/dépucelage ("Close your eyes and open your mouth. Suck ! Suck ! Suck ! Suck ! It's real love !") sur "Censored". Une façon comme une autre de pratiquer et apprendre les rudiments de l'anglais, finalement. Toutefois, "Is This The Reason ?" et "Through The Heart" semblent poser quelques questions sans réponses mais montrant que certains enjeux, qu'ils soient politiques, sociaux ou amoureux, touchent les jeunes ukrainiens et qu'il ne pensent pas qu'à dire des conneries. En gros, ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais ça divertit et ça reste écoutable tout en étant décalé et assumé. Difficile de critiquer quelque chose qui n'a pas du tout l'intention de se prendre au sérieux.
Verdict. Buffalo Hugs, c'est un peu comme s'écouter un délire de potes, jeunes, et aimant faire de la musique pour rigoler. On aurait pu se retrouver face à une farce de mauvais goût mais la production est de qualité et le résultat final vraiment pas désagréable à écouter. On y prendrait même goût ! Fun.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire