17/03/2017

[Album] Lòdz : "Something In Us Died"

Artiste : Lòdz
Album : Something In Us Died
Premier Album
Sortie : 2013
Genre : Post-Métal, Post-Rock lourd, Post-Core
Label : Klonosphere, Season Of Mist
Morceaux à écouter : Follow The Crowd, Leading The Rats (clip), Close To The Flames
♥♥♥
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De qui on parle, déjà ? Les lyonnais de Lòdz n'avaient présenté qu'un EP en 2012 mais il n'en avait pas fallu davantage pour attirer l'attention des amateurs de Métal sur la jeune formation. Le quatuor avait proposé un solide projet musical qui s'attaquait à un genre assez peu facile à appréhender, à savoir un Post-Métal alternant entre passages mélancoliques, parfois aériens et d'autres beaucoup plus lourds et sombres pour un résultat qui tenait fort bien la route. C'est un an plus tard que le groupe a enchaîné sur ce premier effort au format long pour véritablement mettre les deux pieds dans le plat et enchaîner sur une tournée pour promouvoir le disque.

Changement de régime. Difficile de noter de grosses différences avec l'EP And Then Emptiness après la première écoute, le cocktail instrumental et le chant étant sensiblement les mêmes. Il faut dire que les deux recueils n'ont qu'un peu plus d'un an d'écart. Pourtant, le groupe a changé de line-up (remplacement d'un guitariste) et ça se sent un tantinet. Il se trouve que le gaillard ayant quitté la bande serait à l'origine des fameux arrangements au piano qui donnaient toute cette élégance à l'EP. Une élégance qui, disons le, a disparu sur ce premier album. Ici, Lòdz va droit au but de façon plus brute et rude, sans pour autant oublier sa petite touche de poésie emplie de tristesse distillée dans des lignes de guitares pleurantes et un chant à réveiller les morts par moments, le tout avec la patte finale d'un Magnus Lindberg au mastering.

Rouleau compresseur. Il ne faut pas longtemps pour plonger au cœur de l'univers sombre et parfois pesant de cet album, "Detachment" se privant carrément d'une intro en propulsant l'auditeur dans un riff lourd et la voix hurlée d'Éric dès l'ouverture du disque. La suite repose sur un habile équilibre entre la base rythmique batterie/basse et une guitare solo qui balance quelques notes étincelantes au compte-goutte. Les fondations sont posées et cette architecture musicale ne changera (presque) pas sur l'intégralité du disque. Il en découle rapidement une ligne directrice et un parti pris, tous deux clairs : chaque titre jouera sur cette alternance entre, d'une part, de gros riffs musclés à l'épaisseur assez imposante et, d'autre part, des passages beaucoup plus aériens, calmes, voire même oniriques agrémentés par des arrangements discrets mais existants. Quoiqu'il en soit, l'ensemble apparaît régulier et conserve une constance dans la façon de découper les titres. On a droit à des refrains dégageant une énergie positive certaine ("Follow The Crowd", "Leading The Rats", "Sulfur") qui retombent rapidement sur des couplets à l'approche plus intimiste et où un aspect plus mélodique est développé pour nous rappeler que malgré la tristesse et la noirceur qui se dégagent de ce recueil, il n'y a pas de réelle raison d'en finir avec la vie. Les passages instrumentaux (dont les solos) ou autres bridges sont donc les seuls véritables éléments à donner un second souffle aux morceaux : que ce soit le Post-Rock qui pointe le bout de son nez lors de courts instants ou une très légère touche de Post-Hardcore ("Sulfur"), Lòdz ne dévoile que trop peu ses capacités à s'aventurer en dehors du chemin que le groupe s'est lui-même tracé. Dommage, car l'album souffre de ce fait d'une sorte d'uniformisation qui le rend lourd à digérer sur la longueur.

Mélancolie constante. Niveau thématique, il n'est pas difficile de voir ce que Lòdz a envie de transmettre avec sa musique : que ce soit le titre de l'album, les titres de certains morceaux ou l'approche musicale dans son ensemble, le but est ici de nous retourner l'estomac en allant chercher nos blessures enfouies et, si possible, provoquer un petit frisson au passage. L'objectif est rempli après quelques morceaux seulement mais la répétition de la formule tend à lui faire perdre son efficacité sur la durée. En ce qui concerne les textes, il semblerait qu'on veuille nous parler d'un état passager, d'une transition, voire même d'une transformation. Cet instant délicat entre l'avant et l'après d'un événement, d'un élément venu perturber le fragile équilibre de nos existences, comme une prise de conscience et le changement de cap qui en résulte. Quelque chose peut mourir en nous, mais il y a toujours une raison de vouloir se redresser et reprendre le cours de nos vies : telle serait la maxime de ce Something In Us Died.

Grosse densité. Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier ce premier album qui profite d'une production de qualité et de gros atouts dans l'approche musicale : fort, sensible, mâture mais ô combien épais - voire même redondant parfois - dans le travail de composition. Cet album est un bloc qui, heureusement, compte une pause avec un morceau étonnamment calme, sans batterie, de deux courtes minutes ("Walking Like Shades"), coincé au milieu de monstres de six minutes en moyenne. Il faut s'accrocher pour enchaîner l'ensemble d'une seul traite mais il serait dommage de ne pas profiter d'un magistral "Close To The Flames" en clôture, sans aucun doute le titre le plus intéressant de l'album. Avec Something In Us Died, Lòdz a fait son trou et trouvé sa voie mais le style déjà si particulier des lyonnais semble avoir atteint ses limites au bout de huit titres. En écoutant ce premier effort, on a l'impression que sortir du sentier que le groupe a lui-même battu ne sera pas facile et risque d'être un vrai challenge. Et il faudra attendre quatre ans pour enfin profiter d'une suite à cet opus, le second album Time Doesn't Heal Anything étant sorti en 2017.

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