Deuxième concert de ce début d'année 2015 et direction Le Transbordeur à Lyon pour le passage très attendu d'Enter Shikari à la capitale des Gaules. C'était le 4 février 2015 et il faisait chaud au Transbordeur malgré le froid glacial qui sévissait dehors !
The Mindsweep étant sorti la semaine précédent cette soirée, c'était l'occasion de découvrir les nouveaux morceaux du quatuor en Live. Car il faut bien l'admettre, il n'y a pas vraiment d'autres raisons à retourner voir un groupe sur scène une troisième fois en à peine deux ans à moins d'être totalement fan (ou groupie, comme on dit dans le jargon). Depuis le temps que le groupe tourne et s'est fait connaître, notamment avec les deux précédents albums qui ont véritablement exporté sa musique au delà des frontières du Royaume-Uni et des vidéos relatant des "exploits" scéniques souvent surprenants, on aurait quand même tort de croire que "l'effet Enter Shikari" n'a plus aucun impact sur le public.
Dans la file d'attente, il y a encore beaucoup de monde qui admet ne pas encore avoir eu l'opportunité de les voir sur scène, certains allant même jusqu'à préciser qu'ils n'ont que survolé leur discographie, se limitant aux morceaux profitant d'un clip et ayant tourné sur la toile. Il est donc assez surprenant de voir que le public français ne soit pas encore familier avec un groupe ayant plus de dix ans de carrière et réclamé (et acclamé) dans des pays improbables comme la Russie, la Pologne ou même en Amérique du Sud. Serait-ce là le témoin d'un manque d'ouverture musicale de la part de la population hexagonale ? C'est à vous de voir mais je garderai pour moi mon avis évidemment bien tranché sur la question... Dans tous les cas, en ce qui me concerne, je ne peux pas dire que je connaissais Arcane Roots avant cette soirée.
Le Transbordeur est une de ces salles lyonnaises où on aime aller, malgré le fait qu'elle soit excentrée du centre ville. Le lieu est loin d'être confiné et propose un grand bar ainsi qu'une salle en estrades successives plongeant vers la fosse : il est ainsi possible de profiter d'une vue confortable sur la scène si on veut éviter tous les excités du pogo ou autre circle pit. C'est d'ailleurs là bas qu'il m'a été possible de profiter de Pendulum en Live en 2010 avant la séparation du groupe ou encore de Noisia en 2012. Je garde en revanche un moins bon souvenir d'une certaine soirée de 2013 où on me vola mon portable à mon insu, dans ma poche de jean, dans une fosse comprimée au maximum, lors du concert d'I Am Legion (autre soirée en présence de Noisia, donc) en 2013. Mais ce n'est pas ce genre d'anecdote qui pourrait gâcher un concert comme ceux qu'Enter Shikari sait si bien offrir (je garde d'excellents souvenirs de leurs passages à La Cigale à Paris et à la Laiterie à Strasbourg) .
La soirée ne débutait pourtant pas sans amertume, les parisiens de Merge qui devaient ouvrir les festivités ayant été déprogrammés la veille même par l'asso qui proposait ce concert, le tout sans aucune raison officielle, aucun message ou aucune annonce quant à cet incident. Un manque de sérieux (de la part de l'asso) vis à vis du public qui avait pourtant payé sa place pour voir trois groupes et qui n'a finalement eu droit "qu'à" Arcane Roots et Enter Shikari. Dommage, surtout que cela aurait sans aucun doute permis aux parisiens de mieux se faire connaître en province (surtout que leur prestation à Paris l'avant-veille avait apparemment été de qualité). Leur Post Hardcore aurait aussi été une façon intéressante de débuter la soirée, celui-ci n'ayant rien à voir avec la musique des deux autres groupes présents. (page facebook / bandcamp de Merge)
C'est donc Arcane Roots qui a ouvert la soirée. Un groupe dont je n'avais jamais entendu parler auparavant. Et c'est bien dommage ! Il aura quand même fallu un troisième concert d'Enter Shikari pour prendre connaissance d'un tel trio ! Car bien que le peu que j'aie écouté d'eux avant cette soirée ne m'ait pas franchement marqué (la faute à trop peu de temps passé dessus), il est évident désormais qu'Arcane Roots est un groupe sur lequel il faut s'attarder, la prestation Live des londoniens lors de cette soirée ayant été d'une qualité remarquable. Entre le charisme de son chanteur guitariste Andrew Groves, sa batterie ultra présente (peut-être un peu trop niveau balances) qui use intelligemment de la double-pédale et sa basse bien présente et efficace, on a là un très beau combo avec aux manettes des musiciens bien habiles et talentueux.
Mais une première partie ne dure jamais bien longtemps et il faudra se contenter de six morceaux seulement dont cinq seront extraits du premier album du groupe sorti en 2013. Seul rescapé du premier EP, l'excellent "You Are" qui prend une dimension toute particulière sur scène, notamment parce qu'Andrew se tape des lignes assez folles à jouer tout en chantant mais aussi parce que l'ensemble a bien plus de pêche en Live. Comme on dit, ça envoie grave ! Et il en est de même pour les autres morceaux comme "Resolve" qui ouvrira le set de façon magistrale. Suivront l'énergique "Sacred Shapes", le plus complexe "Energy Is Never Lost, Just Redirected" et le plus aérien "Hell & High Water" en clôture. Se sera glissé en plein milieu un nouveau morceau répondant au nom de "If Nothing Breaks Us, Nothing Moves" qui en dit long sur les intentions du nouvel album en préparation.
En bref, un set bien envoyé, propre et énergique qui aura été une foutue bonne découverte, Andrew chantant terriblement juste en plus d'être comme possédé par sa musique. Un Math Rock inspiré et très bien orchestré comme seuls des britanniques savent le servir. Chapeau bas !
C'est ensuite au tour des lions de St Albans de monter sur scène et le premier constat, c'est que le groupe n'a pas lésiné sur la scénographie pour fêter la sortie du nouvel album The Mindsweep. La scène est couverte de lumières filaires se rejoignant autour du triangle inversé central, reprenant l'artwork de l'album, justement.
Alors que dire si ce n'est qu'une fois de plus, le quatuor n'aura pas déçu ? Les morceaux s'enchaînent en ne laissant que très peu de temps à la fosse (et aux artistes) de se reposer et c'est un déferlement de tubes qui fusera ce soir-là au Transbordeur. Presque tout y passe. De l'introduction par l'inévitable "The Appeal & the Mindsweep I" (logiquement venu remplacer "System... Meltdown") à "Destabilise", "The Last Garrison", "Radiate", en passant par "Juggernauts", "Mothership", "Anaesthetist", l'excellent "Myopia" et "Never Let Go Of The Microscope", Lyon aura été gâté pour le premier passage d'Enter Shikari en ses terres. Une soirée placée sous le signe de la bonne humeur, Rou s'offrant un petit bain de foule (chose qui lui aura valu quelques désagréments lors d'un autre concert de cette même tournée) avant de remonter sur scène tranquillement. La fosse aura d'ailleurs très bien joué le jeu ce soir-là, les pogos se déroulant dans la bonne humeur et sans violence inutile, sans parler d'un très beau circle-pit autour du bassiste Chris Batten pour "The Paddington Frisk". Une ambiance chaleureuse qui donnera plusieurs fois le sourire aux britanniques, prenant avec beaucoup d'humour les nombreuses demandes de la part du public de jouer "Sorry You're Not A Winner", une requête à laquelle le groupe ne répondra finalement pas. C'est d'ailleurs dans cette situation plutôt cocasse que le rappel débutera : Rou s'intallera au piano pour débuter "Dear Future Historians..." et sera plusieurs fois interrompu par la foule hurlant "Sorry You're Not !", chose à laquelle le gaillard répondra avec humour "There is a piano here ! Does it sound like Sorry You're Not to you ?". Un vase avec une fleur posé sur le piano en question servira d'ailleurs d'argument au fait que les gentlemen sont priés de respecter les artistes. Un vase pas si anodin finalement puisqu'il servira à l'ouverture de "Slipshod", Rou le brisant sans ménagement sur la tête de Batty C. Il y avait décidément pas mal de nouveautés dans ce concert, la mise en scène et l'enchaînement des morceaux étant l'un des soucis principaux du quatuor lors de ses concerts.
En bref, une soirée chaleureuse et bien orchestrée qui aura montré le public lyonnais sous ce qu'il a de beau et bon à offrir à des artistes venant pour la première fois dans sa ville. C'était riche et puissant, plaisant et énergique, le tout sans débordement. Un vrai plaisir surtout que la salle laissait respirer de par son espace et sa large fosse.
Les britanniques ont plusieurs fois montré qu'ils appréciaient avoir été reçus de la sorte et on a plusieurs fois ressenti qu'ils prenaient plaisir à jouer devant un public aussi réceptif. Un très bon concert malgré une trop courte soirée peu-être à cause de l'absence d'un groupe pourtant annoncé à l'affiche.
Merci aux personnes m'ayant accompagné lors de cette soirée : Malo, Mat, Alex, Carla et d'autres. Un coucou tout particulier aux bonhommes responsables de la page Enter Shikari France et croisés ce soir-là. Enfin, un grand merci à Kymmo pour ses très belles photographies que vous pouvez retrouver en haute définition via sa page Facebook, sa page officielle Flickr ou directement sur l'album photo de cette soirée. Allez y faire un tour !
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