Artiste : Enter Shikari
Album : The Mindsweep
Quatrième Album
Sortie : 2015
Genres : Post Hardcore, Electronicore, Rock Alternatif
Labels : Ambush Reality, Hopeless Records, PIAS
Morceaux à écouter : Anaesthetist, Never Let Go Of The Microscope, Myopia
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♥♥♥
Avec plus de dix ans de carrière dans les jambes et trois albums en boîte, Enter Shikari est devenu au fil du temps une référence en Post-Hardcore/Electronicore mais aussi en Rock Alternatif ces dernières années, notamment avec A Flash Flood Of Colour, un album qui a permis aux britanniques d'élargir leur palette musicale mais aussi leur troupeau de fans. Et l'année 2015 commence sur les chapeaux de roue pour le quatuor de St Albans avec la sortie de ce quatrième album et une tournée dans la foulée : le Mindsweep Tour.
L'effet "Enter Shikari", on y est désormais habitué. Les quatre gaillards ont toujours eu le chic pour surprendre musicalement, mélangeant les genres au point qu'ils sont arrivés à en créer un : le leur. Et chaque nouvel album est sujet à un double plaisir. Le premier, c'est celui de retrouver les morceaux que le groupe balance habituellement en amont de la sortie d'un nouvel album pour en assurer la promo, ces morceaux étant généralement prévus pour devenir des tubes et des machines de guerre lors des prestations Live. Et The Mindsweep ne déroge pas à la règle avec "The Last Garrison" et "Anaesthetist" qui profitent d'ailleurs tous deux de vidéoclips. Le second plaisir et sans doute le plus délectable, c'est la découverte des autres morceaux qui sont généralement moins accessibles car repoussant les limites des expérimentations musicales passées du groupe. Et depuis A Flash Flood Of Colour avec des titres comme "Gandhi Mate, Gandhi" ou "Hello Tyrannosaurus, Meet Tyrannicide", un cap a été franchi et il paraissait évident que ce Mindsweep contiendrait des productions du même acabit.
Alors qu'en est-il réellement ? La première chose à souligner, c'est ce visuel très parlant avec toujours ce fameux triangle inversé devenu le symbole du groupe depuis l'album précédent et notamment la sortie du single "Sssnakepit". Une dominante de bleu qui contraste clairement avec le rouge de la pochette de la précédente galette. Simple détail mais inconsciemment, la musique d'un album est souvent associée à la couleur de son visuel, tout comme la musique d'un morceau aux couleurs de son clip (si on est attaché à l'association images/musique).
Mais on n'est pas là pour parler décoration et fioritures mais musique. Douze titres qui permettent à l'album de s'étaler sur presque trois quarts d'heure, avec notamment un morceau de pratiquement six minutes et trente secondes ("Dear Future Historians..."), une première pour Enter Shikari. Un morceau qui fait d'ailleurs partie de ces fameuses expérimentations, Rou jouant du piano sur presque son intégralité, faisant de ce titre le véritable descendant de "Constellations" de par sa poésie et son calme relatif. Et ce n'est finalement pas une erreur de parler de "règles" lorsqu'on se passe les différents albums d'Enter Shikari car il y en a bel et bien ! En se basant sur l'album précédent, les similitudes ne manquent pas. La preuve avec l'habituel morceau introductif sur des textes parlés (ici "The Appeal & The Mindsweep I" venu remplacer le diptyque "System... Meltdown"), les titres tubesques cités plus haut qui viennent jouer le rôle des "Sssnakepit" et "Arguing With Thermometers", le rap beaucoup plus affirmé sur "Never Let Go Of The Microscope" faisant écho au surprenant "Gandhi Mate, Gandhi" d'il y a trois ans.
Peut-on donc encore parler de "surprises" ? La réponse se trouve finalement dans les morceaux sortant du lot et il faut reconnaître que malgré l'emploi des mêmes ingrédients qui font de la musique du groupe ce qu'elle est, le quatuor arrive encore (et toujours) à créer la surprise. On découvre donc un "Myopia" (version acoustique spéciale sur le Mindsweep Tour) évoluant entre intro murmurée et planante, couplets Rock bien sentis et refrains aux riffs plus épais appuyés par des gang vocals ô combien jouissifs, preuve que le Punk n'est jamais très loin (même si les textes engagés sont toujours omniprésents). Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que le mélange des genres fait de ce morceau l'un de mes favoris. Et que dire du surprenant "There's A Price On Your Head" avec son intro digne de ce qu'aurait pu faire un groupe comme System Of A Down. On regrettera quand même de ne retrouver "Slipshod" que sur la version iTunes de l'album, tandis que les japonais auront la chance de voir les trois titres "Radiate", "Rat Race" et "The Paddington Frisk" balancés l'année dernière sur leur version du CD. Les veinards.
Enter Shikari arrive donc à pondre un album qui, malgré tout ce qu'il a de convenu avec le reste de la discographie du groupe, surprend musicalement. Il aura fallu trois ans pour que ce quatrième album parvienne jusqu'à nos oreilles mais ça valait le coup d'attendre. Reste que cette hétérogénéité fait quelque peu perdre le fil d'un morceau à l'autre, même s'il ne fait aucun doute que le quatuor, lui, sait où il va et s'amuse réellement à jouer de la musique qui ne ressemble à aucune autre. Un album intéressant, plaisant, qui continue d'expérimenter et de détruire les frontières entre les genres, mais qui marque cependant moins qu'un Common Dreads, selon moi. En revanche, on ne peut que s'incliner devant la liberté musicale des britanniques qui n'ont que faire de ce qu'on attend d'eux, préférant évoluer au gré de leurs envies tout en restant indépendants. Très fort.
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