Artiste : Code Orange Kids
Album : Love Is Love // Return To Dust
Premier Album
Sortie : 2012
Genres : Hardcore, Sludge, Chaotique
Label : Deathwish Inc.
Morceaux à écouter : Flowermouth (The Leech), Liars/Trudge, Colors (Into Nothing)
♥♥♥
> Ecouter l'album sur Youtube <
Sur le papier, il y a de quoi hésiter à se lancer dans ce premier album de Code Orange Kids (désormais rebaptisé Code Orange) parce que le Sludge (avec le Doom et le Stoner), c'est quand même un genre musical réservé à un nombre relativement très limité d'amateurs. Le genre de musique qui traîne, traîne et traîne encore sur deux ou trois accords (maximum !) généralement les plus bas et glauques possibles. Un truc de dépressif pourtant joué par des gens heureux de vivre. Souvent. Parfois. Paradoxal ? Peut-être. Et puisqu'on aborde le sujet, profitons-en pour annoncer la sortie du trois titres Corrado Zeller par Mudbath en cette fin de mois de janvier 2015, un groupe français de Sludge justement, oui monsieur !
Mais revenons aux kids de Pittsburgh qui montent leur groupe en 2008. C'est une fois de plus en me baladant sur Youtube que je suis tombé vraiment par hasard sur le clip de "Flowermouth (The Leech)" lors de sa sortie en 2012, un mois avant la sortie de l'album. Certes, le son est lourd mais le groupe a l'audace de jouer du Hardcore à la base, faisant passer son Sludge pour un artifice à l'ensemble. Un enrichissement au premier genre finalement. Ce premier extrait ouvre d'ailleurs l'album, comme un rappel à cette "flowermouth" en position centrale du visuel de l'album. Un visuel d'ailleurs très léché, propre, dont les images semblent tirées du clip à la photographie très bonne qui introduit parfaitement à l'ambiance musicale que le groupe distille au fil de ces vingt-sept minutes à la violence et, de façon surprenante, à la sensibilité exacerbées. Une succession de plans dérangeants, entre charogne prise d'assaut par les mouches, boue et promenades forestières. Des plans qui, d'un prime abord, déclenchent une sorte de révulsion, comme si nos sens étaient pris d'assaut par les odeurs et les sensations de toucher les plus crades qui soient. Pourtant, le ton sépia et l'apparition de ces énigmatiques fleurs apporte une touche de poésie qu'on retrouve d'ailleurs plus tard dans l'album.
Car ce Love Is Love // Return To Dust est loin d'avoir révélé tous ses secrets et son potentiel dès le premier morceau. Les enfants terribles de Pennsylvanie ne se contentent aucunement de jouer du Hardcore teinté de Sludge. Le travail musical va plus loin, avec un Kurt Ballou aux manettes, qui n'est autre que le monsieur de Converge (LE groupe référence quand on parle de Hardcore Chaotique et déjà cité avec l'EP de Plèvre). Et du Hardcore Chaotique, dans cet album, il y en a avec les deux titres survitaminés (et super courts, de surcroît) que sont "Around My Neck/On My Head" et "Roots Are Certain//Sky Is Empty". Mais il ne faut pas se fier aux apparences : au milieu de tout ce bordel sonore qui en rebutera plus d'un (et même la majorité des gens en ce bas monde), on trouve de la douceur, de la "sensiblerie" comme on dit, avec des titres beaucoup plus doux et aériens, comme des rayons de lumière au cœur de la noirceur d'un premier album rudement bien ficelé. Un côté Post-Rock, pourrait-on même dire, avec le très beau "Colors (Into Nothing)" et "Calm/Breathe" qui porte très bien son nom et fait office de véritable pause hors du temps, composant un intéressant triptyque avec les deux morceaux "Choices (Love Is Love)" et "Bloom (Return To Dust" qui donnent son nom à l'album.
Mais alors qui sont ces quatre personnages composant le Code Orange ? Quatre jeunes adultes (pour ne pas dire adolescents à l'époque) qui font de la musique. Point final. Car lorsqu'on fait écouter cet album au commun des mortels (et à l'oreille plutôt sensible en plus d'avoir une ouverture d'esprit et un seuil de tolérance relativement bas), il en ressort souvent que ces jeunes gens sont "torturés", "mal dans leurs peaux". En somme, ils ont un "problème". Et lorsqu'on ajoute que l'un de ces quatre musiciens/chanteurs et en réalité une fille, ce sont des yeux écarquillés auxquels on a tout de suite droit. Pourtant, ce sont des gens on ne peut plus normaux, qui boivent du soda et jouent aux jeux vidéo et c'est en regardant des interviews d'eux qu'on en a la preuve. Car ce sont encore eux qui parlent le mieux d'eux-mêmes.
Un premier album peu accessible mais suffisamment riche pour mériter qu'on y passe du temps, qu'on se le repasse plusieurs fois pour en savourer toutes les saveurs, les diverses influences musicales et les textures. Et malgré toute la violence qu'y s'en dégage, on ne peut nier la capacité du quatuor à produire des instants plus poétiques et lumineux. Un album court, certes, mais qui propose tout de même plusieurs types de Hardcore, preuve que ce style de musique peut lui aussi casser les barrières des genres. Une expérience dont on ne sort pas indifférent.
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