Artiste : And So I Watch You From Afar
Album : And So I Watch You From Afar
Premier Album
Sortie : 2009
Genres : Post Rock, Math Rock, Instrumental
Label : Smalltown America
Morceaux à écouter : Clench Fists, Greet Teeth... Go!, I Capture Castles, If It Ain't Broke... Break It
♥♥♥♥(♥)
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Voilà encore un truc découvert trop tard. Tout est relatif et on a l'habitude de dire qu'il vaut mieux tard que jamais. Mais lorsque qu'on aime la musique de groupes comme Russian Circles ou Red Sparowes (parmi tant d'autres), on ne peut que regretter de découvrir ASIWYFA en 2013 (année de ma première écoute) alors que ce premier album éponyme est sorti en 2009. Le fait est que les irlandais du Nord, qui ont débuté leur carrière en 2005, ont signé leur troisième album sorti en 2013 chez Sargent House, le même label que les deux groupes cités plus haut justement. Comme quoi, s'intéresser aux groupes ayant signé sur le même label peut s'avérer être une bonne chose !
Le premier détail qui soulève pas mal d'interrogations, c'est ce visuel. Énigmatique, étrange, dérangeant peut-être, un peu comme une peinture de Dali. Une association de figures et éléments anatomiques qui appelle à une forme de synesthésie, le tout dans un décor verdoyant qui fait sans doute écho au relief de l'Irlande du Nord. Une accumulation libre d'interprétation qui illustre finalement pas si mal la plupart des productions Post Rock, la musique instrumentale faisant souvent appel à notre imaginaire et notre mémoire pour mettre des images dessus.
Et c'est peu dire qu'on est ici face à une accumulation. Sur le papier, déjà : pas moins de onze titres pour plus d'une heure de musique en boîte. Autant dire qu'il y a matière à rêver et à rentabiliser son argent (même si je n'aime pas trop ce genre de détail, il faut bien admettre que voir des albums si longs se fait de plus en plus rare). Ensuite, la musique en elle-même. Accumulation est peut-être un terme erroné. Défilé, déchaînement, déversement de notes et mélodies, riffs et phrases à la fois puissantes, poétiques et expérimentales. Oui, il y a un peu de tout ça dans ce premier album d'ASIWYFA. Le quatuor n'y va pas avec le dos de la cuillère et sort même ses gros sabots pour une ouverture entreprenante sur "Set Guitars To Kill" : le titre résume à lui seul le morceau. Mais ce qui semblait être d'une lourdeur sonore fatigante se transforme rapidement en un enthousiasme musical appuyé par des lignes à la fois joviales et entraînantes. On est loin de la tournure plus dépressive et mélancolique qu'a pris un groupe comme Russian Circles depuis son album Empros par-exemple. Et ASIWYFA confirme son enthousiasme dès le second morceau "A Little Bit Of Solidarity Goes A Long Way" (ou plus tard avec l'intro de "Tip Of The Hat, Punch In the Face"), redoublant de dextérité et alignant des notes scintillantes pour une balade presque candide.
Et ça continue de plus belle avec la suite de l'album, les gaillards alternant technicité et sentiments pour des pièces parfois magistrales dont l'excellent "I Capture Castles". Passant par des riffs lourds par moments, appuyés par une basse omniprésente et écrasante, et d'autres beaucoup plus aériens aux notes cristallines et miroitantes, le quatuor nous fait voyager dans son monde onirique un poil déstabilisant, un peu comme l'étrange aventure de Max au pays des Maximonstres écrite par Maurice Sendak. Un lieu où l'innocence et la candeur infantile se heurtent à des sujets plus graves et matures. Et c'est finalement ce qui résumerait le mieux ce premier album. Le cheminement est semé d'embûches qui sont évitées ou surmontées musicalement par une approche scénaristique assez limpide dans le travail de composition ("Start A Band").
Un album riche. Très riche même. Trop riche ? Peut-être. Chacun son avis. Mais le fait est que ce premier recueil est un condensé d'histoires, de technique et de mélodies. Une richesse qu'il est difficile de bouder pour de la musique instrumentale, même si la densité de certains morceaux en devient un peu fatigante parfois. On notera toutefois la présence de chœurs et exclamations vocales qui donnent un entrain certain à quelques pièces, notamment le final de "Don't Waste Time Doing Things You Hate", un morceau qui s'étale sur plus de sept minutes et demie.
Le verdict est sans appel : c'est un album riche et remarquable qu'ASIWYFA livrait ici. Une perle de technique et d'inspiration qui fait voyager dans un monde extraordinaire. Un album de Post Rock aux antipodes des autres productions ayant davantage l'habitude de sombrer dans une mélancolie propre au genre. Des passages lumineux aux notes véritablement miroitantes pour un peu d'espoir et d'optimisme dans ce monde merde où il fait bien souvent trop noir ! Puissant et magique.
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