31/12/2017

[Album] Hundred Suns : "The Prestaliis"

Artiste : Hundred Suns
Album : The Prestaliis
Premier Album
Sortie : 2017
Genre : Métal alternatif, Rock/Métal progressif
Label : New Damage Records
Morceaux à écouter : Bedburner, Fractional, Hellelujah
♥♥♥♥
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De qui on parle ? Si Hundred Suns est un trio, difficile de parler du combo comme d'un véritable groupe puisqu'il s'agit là d'un super-groupe et donc d'une collaboration entre artistes ayant chacun un solide CV dans l'industrie musicale. Composé de Cory Brandan (parolier et chanteur, évoluant aussi au sein de Norma Jean), Ryan Leger (ancien membre et batteur de Every Time I Die entre 2009 et 2015) et Chris LeMasters (guitariste et compositeur qui était membre des Dead & Divine, groupe dont la carrière s'est étalée de 2003 à 2012), le groupe tient sa création d'une simple rencontre entre Chris et Cory lors d'une tournée effectuée en Europe en 2012 (Evil Tiger Vulture European Tour) avec leurs groupes respectifs de l'époque mais aussi d'un coup du sort puisque Dead & Divine n'était pas supposé effectuer ladite tournée, le groupe ayant remplacé Stray From The Path au dernier moment. Le projet musical a mûri pour ensuite donner naissance à Hundred Suns et sortir directement un premier album sans passer par la fameuse case de la démo ou de l'EP.

Savoir-faire. Hundred Suns est une preuve de plus que lorsque des musiciens issus de différents groupes se mettent à travailler ensemble, ce n'est pas vraiment pour enfiler des perles. The Prestaliis est un objet dense, généreux et qui propose de nombreuses ambiances et textures sans pour autant s'éparpiller. Avec seulement trois têtes pensantes, Hundred Suns arrive à produire un album qui tient sur la longueur, suffisamment énergique et intéressant dans le travail de composition pour ne jamais lasser en plus de ne jamais tomber dans la violence gratuite : du vrai travail de pro, à la manière d'un storytelling de grande qualité au cinéma. Le produit fini est à la hauteur de l'intention : un bel objet, avec une identité visuelle solide et réfléchie qui invite à découvrir l'univers de l'album sous forme d'étranges symboles dans un livret au code couleur se limitant au noir, au blanc et au rouge. Chaque page se lit comme le chapitre d'un livre mystique, ésotérique, voire même religieux (référence notamment aux enfers et à la religion avec "Hellelujah"). Tout est donc fait pour captiver l'auditeur (qui se transforme aussi en lecteur) et le propulser pleinement dans le monde de ce Prestaliis pendant plus de quarante-cinq minutes, sans doute dans le but de l'initier.

Solide diversité. Ajoutons à toute cette orchestration visuelle et sonore une capacité à pondre des riffs accrocheurs servis par un groove enivrant et on obtient là un album tout simplement agréable à écouter, qu'on se repasse maintes et maintes fois même si il est possible de lui reprocher son accessibilité et donc son aspect générique en terme de Métal alternatif. On ne peut néanmoins nier le fait que la combinaison des trois artistes provenant d'univers musicaux différents apporte une véritable force à Hundred Suns et lui permet de se créer une identité et donc de s'élever au-dessus du lot. Si certains riffs et autres ambiances peuvent rappeler du Breaking Benjamin de haute volée (même si le groupe de Benjamin Burnley n'a jamais eu l'audace d'atteindre ce niveau), la production est ici bien plus musclée et la touche progressive bien plus marquée. Quant au groove et à la batterie expressive de Ryan Leger (notamment sur certains couplets ou passages de "Bedburner", "Fractional" ou encore "Amaranthine"), on peut penser à une version beaucoup plus orientée Métal d'un autre super-groupe comme Good Tiger. Enfin, c'est aussi et surtout la voix de Cory Brandan qui donne à Hundred Suns toute son identité, la bonhomme déversant des textes aussi énigmatiques qu'envoûtants, à la manière d'un Chino Moreno de chez Deftones, en ne s'accordant finalement que très peu de parties hurlées comme il a l'habitude de le faire avec Norma Jean (et en offrant même de majestueux morceaux teintés de nostalgie et de douceur avec "December" ou "Infinite Winter"). Ce premier album est donc une véritable curiosité, le groupe arrivant à s'approprier un Métal alternatif pourtant largement dézingué depuis le début des années 1990's en y apportant sa touche progressive et en se forgeant une véritable personnalité.

Chapitre après chapitre. Ce qui fait que The Prestaliis n'est pas un banal recueil de compositions préparées par le trio pour le simple plaisir de faire de la musique, c'est sa structure conceptuelle organisée autour des premier et dernier morceaux : "The Prestaliis I" ouvre l'album sur cette étrange image de l’effigie que nous serions et qui ne demanderait qu'à être brûlée... La plongée dans l'énigmatique univers du groupe est directe et le reste de l'album fait donc office d'initiation jusqu'à la conclusion finale, "The Prestaliis II", qui martèle cette même maxime pour tout simplement nous achever... et nous libérer dans le silence des limbes. Le cheminement est donc progressif et chaque morceau apparaît comme un rite de passage, une nouvelle expérience, une nouvelle interrogation aussi. La plongée dans cet étrange culte est à chaque fois plus profonde et dévoile un peu plus de cet obscur et mystérieux univers en passant par la courte mais efficace "dernière excuse" ("Last Apology") ou encore l'éternelle question de l'existence d'une force supérieure ("December", "Fractional"), tant et si bien qu'on en vient à se demander si tout cela a réellement un sens. Nous parle-t-on ici de l'Univers ? D'un hypothétique Dieu ? De la force que serait la Vie ? Quoiqu'il en soit, l'expérience est singulière et marque aussi bien par les émotions dégagées par les instruments et les arrangements que par les questions fantastiques et pseudo-philosophiques soulevées par les textes et la voix de Cory Brandan.

Expérience unique. Même si Hundred Suns ne démontre pas de réelle volonté de faire une musique éloignée des codes du Métal alternatif ou progressif, le trio a présenté avec The Prestaliis un très bon premier album, abouti et efficace qui marque par son étrangeté et son alchimie toutes particulières. Voilà un disque qui s'écoute un nombre incalculable de fois avec toujours le même plaisir enivrant de ce sentiment bizarre procuré par l'éternelle question "Ai-je bien compris ce qu'il fallait comprendre ?". Un peu comme après chaque visionnage de Donnie Darko, finalement.

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