08/11/2014

[EP] Plèvre : "Plèvre"

Artiste : Plèvre
EP : Plèvre
Sortie : 2014
Genres : Métal, Black Métal, Crust, Chaos, Mathcore...
Label : Indépendant (Basement Apes, Division, Grains Of Sand...)

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On connaît davantage Lyon pour sa scène Electro ou Dub, la ville étant le berceau d'artistes élevés au rang de "références" dans ces genres-là, sans parler des soirées et festivals Electro ou Dub foisonnants (Nuits Sonores ou encore Riddim Collision par-exemple). Mais ce dont on entend beaucoup moins parler, c'est de la scène Métal lyonnaise (sauf si on s'intéresse d'un peu plus près à ce genre musical encore bien trop mal perçu en France). Car c'est de Lyon que des groupes comme Lodz, Belladone, Young Cardinals ou encore Hypnos sont originaires. Plèvre fait donc partie de ce bouillon peut-être pas assez accessible au grand public pour bien se faire connaître, vous l'aurez compris.

Plèvre. Rien que le nom ne laisse pas indifférent. Rappelant sans aucun détour l'anatomie humaine (le poumon, plus particulièrement) et une douleur horrible selon les personnes ayant souffert d'un problème médical impliquant cette dernière, on peut d'ores et déjà émettre une hypothèse sur la nature de l'expérience musicale que le groupe propose. Et quand ce sont les gars du groupe eux-mêmes qui annoncent la couleur en précisant que "la première fois, ça fait toujours mal", il n'y a plus de doute possible.

Ce premier EP (leur "bâtard de fiston" comme ils disent) est donc une sorte de défloration auditive pour toute oreille n'étant pas suffisamment préparée à la poésie très épicée que Plèvre tend à offrir. Huit morceaux relativement courts, et pour cause : l'énergie et la violence libérées sont telles qu'il ne faudrait pas que ça dure des heures, tant pour les musiciens que pour l'auditoire. On a pourtant droit à une introduction en bonne et due forme avec un "Incipit" mettant directement dans l'ambiance glauque et torturée de l'EP sans pour autant plonger dans la violence franche et directe comme un coup de poing en pleine gueule reçu dès le second titre "Nausées". Oui, vous lisez bien : "nausées". Les titres sont en français et même si on ne comprend pas grand chose aux textes hurlés, on sent qu'on n'est pas là pour faire la politesse ou raconter des douceurs à mémé pour le thé du dimanche après-midi. Les titres, justement, parlent d'eux-mêmes : "Déni", "Fosse Commune", "Morsure"... c'est douloureux et malsain, comme la musique. Du Hardcore Chaotique qui, bien que ma culture dans le genre soit proche du néant, me rappelle une époque lointaine où mes oreilles s'étaient posées - par curiosité - sur l'incroyable Jane Doe de Converge. C'était en 2002.

Alors que faut-il retenir de ce premier EP de Plèvre ? De la noirceur, uniquement ? Pas vraiment. Car il y a une sensibilité, infime certes, mais bien là, qui se cache au milieu de ce chaos sonore où les guitares pleurent et hurlent de douleur ("Morsure"). Comme un exutoire, ce premier recueil invite à la libération pure et simple de tout ce qui fait de nous des êtres humains, torturés et violents, avec nos faiblesses. Et en ce qui concerne la musicalité, il faut s'accrocher pour la percevoir, mais il y en a (bien tendre l'oreille sur la seconde guitare de "Déni" ou encore "Fosse Commune" par moments).

Plèvre livre donc là un EP "difficile" car l'expérience proposée est loin d'être accessible à tous. Qu'à cela ne tienne, le groupe fait son truc et n'en démord pas tout au long des huit morceaux proposés. Entre souffrance et violence, une noirceur (à l'image du visuel de l'EP) qui ne plaira qu'à peu de monde mais qui trouvera sans nul doute son public. Une curiosité à laquelle il faut préparer ses oreilles (pour ne pas trop saigner) mais le groupe a l'intelligence (ou la simple volonté) de proposer des pièces courtes qui s'enchaînent rapidement, évitant ainsi la "lourdeur" du genre et l'ennui qui nous pousseraient à passer au titre suivant sans avoir terminé d'écouter le précédent. Rude et éprouvant, donc, mais supportable et même libérateur parfois.

Un premier album devrait d'ailleurs bientôt arriver : sans doute le jumeau non désiré de cet EP qui s'obstine à rester accroché dans l'utérus de Plèvre. Qui sait ?

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