Artiste : Glasslands
Album : Pariah
Premier Album
Sortie : 2016
Genre : Métalcore atmosphérique, Ambient
Label : Autoproduction
Morceaux à écouter : Fame,
Soul Without A Home,
Meaningless
♥♥♥♥
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De qui on parle ? Si
Glasslands est considéré comme un trio depuis 2017, le groupe n'en a pas toujours été un. D'abord commencé en tant que projet solo par Josh Kincheloe qui propose quelques morceaux entre 2013 et 2014, le gaillard qui a été bassiste et chanteur pour le groupe
Icon For Hire entre 2011 et 2016 est rejoint par Brandon Mullins dès 2016, ce dernier ayant quitté
Beartooth après trois années de bons et loyaux services. Les deux compères sont finalement rejoints en 2017 par Jordan DiSorbo, guitariste chez
Before Their Eyes. Ce premier album de
Glasslands qu'est
Pariah a donc été produit alors que le projet existait sous la forme d'un duo, Josh et Brandon étant néanmoins épaulés par Brian "Bone" Thornburn et Nick Reed à l'époque. On est donc face à un recueil qui a pu voir le jour grâce à pas mal de personnes, même si ces dernières ne font pas officiellement partie du groupe. Les joies et avantages, mais aussi les
aléas, de la musique indépendante, en somme.
Premiers pas. Pour bien prendre les choses dans l'ordre et comprendre l'aboutissement que représente ce premier disque, il faut revenir au commencement, c'est-à-dire aux premières compositions de Kincheloe alors qu'il était encore seul aux manettes. C'est sur
sa chaîne Youtube personnelle qu'on peut retrouver des morceaux datant de 2013, sortes de premiers jets et prémices de ce que cette aventure musicale allait devenir ensuite. Ces deux morceaux, respectivement baptisés "
Resolution" et "
Lost Times", apparaissent comme une forme d'exutoire musical, quelque chose de tellement personnel qu'il semble naturel qu'une seule personne puisse en être à l'origine et s'en emparer. Cela permettra à Kincheloe de ne s'imposer aucune limite et de n'avoir de compte à rendre à personne, mais aussi et surtout d'extérioriser des sentiments profonds à travers un Métal aérien au tempo lent, presque traînant, où sa voix est largement mise en avant. Ces deux titres sont en fait l'expression d'une émotion magnifiée par des textes simples mais forts, comme si les premiers mots qui venaient à l'esprit pour retranscrire une sensation étaient aussi les plus efficaces pour la communiquer. Alors, certes, le travail de composition et de production est loin d'être excellent mais le but est atteint : les rares personnes à avoir jeté une oreille sur le projet à l'époque ont pour la plupart été touchées par ce nouveau projet baptisé Glasslands.
Planant. Dès 2013, Kincheloe savait déjà très bien quelle musique il voulait produire étant donné que l'ambiance générale et les ingrédients de ses compositions sont restés sensiblement les mêmes au fil des années. Cela donne à
Pariah une cohérence générale qui témoigne de la maturité du projet, chose assez rare pour un premier recueil. Le ton est d'ailleurs donné dès l'ouverture de l'album avec "
Birth" qui nous plonge dans cet univers à la fois sombre, vaporeux et lumineux, les premières notes de guitares du morceau suivant, "
Back And Forth", étant soulignées par des arrangements électroniques scintillants. La voix évolue dans ce décor musical qui fait écho à la grandeur, la fragilité et la beauté de la nature présentée sur le visuel de
Pariah. Alternant entre chant doux presque murmuré par moment et
scream égosillé (qui ne plaira sans aucun doute pas à tout le monde), Kincheloe laisse transpirer ses émotions, son chant clair étant sans conteste le plus efficace pour les transmettre à l'auditeur (le meilleur exemple étant "
Fame" où le
scream est exclusivement réservé à Ryan Kirby,
frontman de
Fit For A King, qui apporte une touche de couleur toute particulière à ce morceau). Derrière des ingrédients plutôt conventionnels pour du Métalcore américain - où l'Electro tient une place relativement importante - et des riffs simples, se cache un Métal atmosphérique qui développe un univers qui lui est propre, l'intérêt se trouvant ici dans les ambiances qui sont créées pour nous transporter au plus profond des textes de Kincheloe magnifiés par son chant caractéristique.
Émotionnel. On l'a déjà souligné, l'intérêt de ce projet pour Kincheloe est de mettre en musique ses émotions et sentiments les plus profonds, comme une confession intime où l'habillage sonore ne servirait qu'à renforcer la portée de ces derniers. Torturé, parfois mélancolique ou tout simplement touchant de par sa sensibilité et sa faiblesse face à des sentiments comme l'amour ("
Deadman"), le bonhomme se livre sans concession en mettant un point d'honneur à produire une musique progressive parfois, toute en douceur par moments, organique et ô combien envoûtante, la production enrobant l'oreille pour créer une spatialité immense, toujours en rappel aux grands espaces sauvages soulignés par le visuel du recueil. Si certains trouveront la démarche ridicule ou caricaturale, on ne peut que reconnaître à Kincheloe une vraie sincérité dans son travail tant il met ici à mal sa pudeur et la prétention qui aurait pu découler de sa volonté d'évoluer en solo ("
Soul Without A Home"). Au contraire, Glasslands lui permet justement de s'affranchir des choix ou goûts d'autres membres qui auraient participé à la création du projet, les musiciens qui l'accompagnent aujourd'hui ayant sans doute accepté de servir les intérêts du
frontman par qui tout a commencé. En d'autres termes, Kincheloe se permet ce qu'il veut, créant à sa guise et se libérant de toute contrainte extérieure, chose qu'il revendique d'ailleurs au détour de certains textes ("
Demons"). L'ensemble est donc fort en émotions et on se laisse percer par la voix et porter par le mélange tout en puissance de l'Electro et des instruments, à condition toutefois d'adhérer au propos et à la voix de Kincheloe.
Intense. Si la grande majorité de ce recueil apparaît comme plutôt mou en comparaison de ce qui se fait habituellement dans le Métalcore, on pourra tout de même se consoler avec certains passages plus "nerveux" (comme sur "
Meaningless" par-exemple). Mais l'intérêt de Glasslands n'est clairement pas dans la violence pure et dure. La portée du projet est ailleurs et on le comprend assez rapidement si on accepte les codes imposés par le style musical (voix et instruments) de Kincheloe. Une fois pénétré dans l'univers de Glasslands, l'auditeur se laisse tout simplement porté par l'ensemble, traversant des zones mystérieuses ("
Dark") ou arpentant des sentiers plus calmes menant vers de grands ensembles où la peur, l'amour et la violence se côtoient, à l'image du final magistral que représente "
Go For Broke".
Pariah est comme un parcours initiatique dans la tête de Kincheloe, un dédale à l'architecture pourtant cohérente et riche pour un résultat d'un peu plus de trente-sept minutes qui n'a finalement qu'un seul gros point faible : sa relative courte durée.