On ne va pas y aller par quatre chemins : en 2019, on aura eu droit au retour de nombreux groupes à la carrière déjà conséquente (Rammstein, Slipknot ou même Tool, entre autres), mais aussi à la sortie de premiers albums parfois remarquables (The Oklahoma Kid ou Thornhill). Encore une belle année pour le genre Rock/Métal, ça c'est certain. Rappelons que les albums qui figurent dans cette sélection ne sont pas les "meilleurs" ou les plus "intéressants" mais surtout ceux qui ont le plus tourné dans les oreilles de votre serviteur. Tool et son album Fear Inoculum ne figurent donc pas dans cette sélection : même si je reconnais que ce groupe est légendaire et produit des albums de grande qualité (surtout parce qu'avoir un Maynard à l'écriture et au chant, ça pèse lourd dans la balance), je n'ai jamais été particulièrement touché par sa musique, préférant largement A Perfect Circle, et ce même si je ne boude pas mon plaisir à l'écoute de morceaux magistraux comme "Parabola" ou "Lateralus". Il faut dire aussi que je n'ai pas particulièrement donné sa chance à ce nouvel album, ne l'ayant que survolé sans prendre le temps de véritablement m'y plonger. Peut-être que Fear Inoculum m'atteindra de plein fouet lors des écoutes que je lui allouerai volontiers courant 2020 mais pour le moment, ce sont d'autres galettes qui m'ont davantage marqué en 2019.
● 10 Albums de l'Année 2019 à (ré)écouter
► While She Sleeps : "So What?" (Royaume-Uni)
Genre : Métalcore alternatif
Sans grande surprise, le dernier album des britanniques figure dans cette sélection annuelle au même titre que le précédent effort, You Are We, paru en 2017. Il faut dire qu'après avoir surmonté un certain nombre de galères impactant directement la production musicale du groupe (voir le documentaire narrant la production du disque sur Youtube) , les cinq de Sheffield ont su s'adapter et proposer un Métalcore toujours plus personnel, versatile et ingénieux en plus de rester diablement accessible. Très fort et toujours surprenant : c'est évidemment un grand "oui", aucun titre de l'album ne passant à la trappe et chacun d'entre eux s'avérant être un vrai banger. ( > Écouter l'album sur Youtube)
► Unprocessed : "Artificial Void" (Allemagne)
Genre : Métal moderne, progressif et expérimental / Djent
Les allemands de Wiesbaden n'en sont pas à leur coup d'essai, loin de là même, mais restent encore relativement peu médiatisés. Avec ce nouvel album, ils risquent pourtant de faire beaucoup parler d'eux en rivalisant avec les plus grands noms du genre Djent comme Animals As Leaders ou Tesseract. Artificial Void est un lourd pavé de technicité s'étalant sur presque une heure et où se déchaînent parfois près d'une trentaine de cordes en même temps (comptez trois guitares à huit cordes par moment en plus d'une basse à cinq cordes). C'est parfois (presque) indigeste mais l'ensemble ne lésine pas pour autant sur de beaux passages mélodiques où certains instruments savent s'en tenir au silence, ce qui offre quelques instants presque cinématographiques. Un album impressionnant mais exigeant pour l'auditeur. ( > Écouter l'album sur BandCamp)
► Alcest : "Spiritual Instinct" (France)
Genre : Post-Métal / Blackgaze
Une nouvelle fois, la magie qui accompagne la musique d'Alcest a fait mouche avec le nouvel album du groupe français emmené par Neige. Qu'on emploie les termes de "sorcellerie" ou "envoûtement" pour qualifier ce lumineux Post-Métal aux accents Black que produit le duo, il se passe vraiment quelque chose de singulier dans la tête de l'auditeur à la réception de cette musique parfois hors du temps et loin de ce qui peut se faire ailleurs. Alcest domine tout simplement ce genre musical qu'il a lui-même créé, pouvant le modeler et le faire évoluer à sa guise. Sans être chauvin pour un sou, c'est quand même une grande fierté que d'avoir un groupe français avec une telle personnalité qui, tout en chantant en français, arrive à rayonner aussi bien à l'étranger. Avec son univers à part et ses faux airs de geeks amateurs de Dark Fantasy, Alcest impose le respect, voilà tout. ( > Écouter l'album sur Youtube)
► Northlane : "Alien" (Australie)
Genre : Métalcore-Electro / Métal alternatif
Accordage ultra-bas et grosse injection de sonorités électroniques : ce cinquième album des australiens de Northlane repousse plus loin encore les limites que s'était déjà donné le groupe avec Mesmer en 2017. Le résultat est sombre, lourd et agressif, ou au contraire plus aérien et axé ambient avec un soupçon de Drum'n Bass. Un album résolument moderne, sincère et cathartique pour le leader du groupe Marcus Bridge qui y parle de son expérience chaotique de la vie et affronte ici ses démons. Le groupe a aussi sorti un documentaire sur la genèse de ce disque où on apprend toutes les épreuves par lesquelles la bande est passée avant d'accoucher de ce cinquième album qui est pour le moment le plus gros succès des australiens. ( > Écouter l'album sur Youtube)
► Stray From The Path : "Internal Atomics" (États-Unis)
Genre : Hardcore moderne
S'ils ont peut-être sorti l'une des meilleures vidéos Live de l'année 2019 pour le titre "First World Problem Child" avec Sam Carter en featuring, les new-yorkais de Stray From The Path ont aussi sorti un album de Hardcore incroyablement frais, moderne et rageur. Les riffs sont agressifs et la verbe assassine, le tout condensé en dix titres à l'énergie ravageuse : ce neuvième album est un véritable exutoire pour toute la colère qu'on a emmagasinée depuis le dernier opus paru en 2017. Si Internal Atomics est un album de Hardcore, il est beaucoup plus que ça : Andrew Dijorio pratique parfois un chant rappé qui n'est pas sans rappeler Rage Against The Machine ou The One Hundred (l'électro en moins) et certains riffs lourds mais plus lents flirtent avec le Métalcore et le Métal alternatifs de ces dernières années. Le résultat est d'une puissance dévastatrice en plus de proposer des featurings bien sentis, et ça fait rudement plaisir ! ( > Écouter l'album sur Youtube)
► Rammstein : "Rammstein" (Allemagne)
Genre : Métal industriel
Avec un quart de siècle d'existence et six albums, on aurait le droit de dire que Rammstein semblait avoir fait le tour de son Métal Indus depuis 1994. Pourtant, à chaque nouvelle sortie des allemands, il se passe quelque chose d'unique et de fascinant, comme si l'aura qui accompagne le groupe surpassait tout simplement ses productions musicales. Mais le fait est que Rammstein arrive encore à surprendre et à impressionner. De plus, ce nouvel album éponyme (le dernier que le groupe sortira ?) a basé sa promotion sur un clip dantesque, aux qualités cinématographiques indéniables et où le groupe ne manque pas de faire polémique : "Deutschland" a beaucoup fait parler de lui et quoi de mieux pour assurer la sortie d'un nouveau disque ? C'est là toute l'intelligence du groupe allemand qui a toujours proposé une imagerie dérangeante, léchée et surtout bien pensée pour accompagner sa musique. Rammstein livre là un disque qui ne révolutionne pas le genre ni sa propre discographie mais qui reste agréable aux oreilles et qui nous fait l'aimer (le groupe) un peu plus, encore et toujours. Et les clips publiés pour les titres "Radio" et "Ausländer" n'y sont sans doute pas pour rien. ( > Écouter l'album sur Youtube)
► Bring Me The Horizon : "Amo" (Royaume-Uni)
Genre : Rock-Electro / Métal Alternatif / Pop
On ne va pas se mentir, les premières écoutes ont été laborieuses. Le dernier album des britanniques alterne entre Pop sucrée bourrée de sonorités électroniques et Métal alternatif prenant ses racines dans That's The Spirit, le dernier opus paru en 2015. Pourtant, il y a là une véritable prise de risque et surtout un certain talent pour s'aventurer sur un terrain qui n'est pas le sien tout en excellant à s'approprier un style qui n'a pourtant rien à voir avec les racines musicales du groupe. On sent l'envie d'essayer, de changer, de s'adapter aux problèmes vocaux d'Oli Sykes aussi, et ça fonctionne plutôt pas mal au final. Le groupe a d'ailleurs enchaîné avec un nouveau morceau en cours d'année, "Ludens", qui n'annonce pas de si mauvaises choses pour la suite. ( > Écouter l'album sur Youtube)
► Uneven Structure : "Paragon" (France)
Genre : Métal progressif / Djent
Y a-t-il encore besoin de vanter tous les atouts du groupe français originaire de Metz ? Qu'il s'agisse du talent de ses musiciens et de son chanteur, tant dans l'écriture que dans le travail de composition musicale, la qualité visuelle de ses clips et cette capacité à produire des albums-concepts lourds de sens, Uneven Structure en impose à tous les étages et a atteint un niveau que peu d'autres groupes peuvent se targuer d'avoir atteint. Avec Paragon, le quatuor se hisse au sommet de son univers - et de son art -, tant et si bien que l'exigence nécessaire à l'auditeur pour appréhender ce genre de disque arrive à disparaître derrière les ambiances, les riffs et le chant. Tout est beau, sublime même, puissant et envoûtant. Un grand et magnifique album servi par un groupe français dont on n'entend malheureusement pas assez parler.
( > Écouter l'album sur BandCamp)
► The Oklahoma Kid : "Solarray" (Allemagne)
Genre : Métalcore
Décidément, l'Allemagne en aura imposé en 2019 ! Et ce n'est pas ce premier album des jeunes furieux de The Oklahoma Kid qui fera dire le contraire ! Technique, énergique, sachant se faire plus aérien et progressif par moment avec quelques passages de chant clair et autres arrangements électroniques : le groupe originaire de Rostock prouve qu'on avait bien raison de miser sur lui après l'écoute de ses deux premiers EPs respectivement parus en 2014 et 2015. Avec ce premier effort au format long, une chose est sûre : on risque de pas mal entendre parler de ces allemands-là dans les années qui viennent ! ( > Écouter l'album sur Youtube)
► Employed To Serve : "Eternal Forward Motion" (Royaume-Uni)
Genre : Hardcore massif à la sauce Grindcore
Ce n'est plus une découverte : le Royaume-Uni regorge de formations de qualité et à la forte personnalité. Et pour tous ceux qui sont adeptes de groupes comme Rolo Tomassi, Loathe ou d'autres bandes américaines comme Code Orange ou Knocked Loose, l'album d'Employed To Serve sorti en 2019 n'est probablement pas passé inaperçu. Dans la lignée de son précédent opus The Warmth Of A Dying Sun paru en 2017, le quintet emmené par Justine Jones délivre un Hardcore/Métalcore massif et agressif qui met toutes nos émotions, même les plus sombres, à rude épreuve. Le résultat est captivant et en impose, le groupe ayant réenregistré son titre "Harsh Truth" début 2020 avec la participation de Drew Dijorio, leader de Stray From The Path. Un album qui n'est rien d'autre qu'un (bon) coup de savate en pleine gueule. ( > Écouter l'album sur BandCamp)
● Meilleur Premier Album (et Album de l'Année 2019 pour BoatamusiK)
► Thornhill : "The Dark Pool" (Australie)
Genre : Métal alternatif / Métalcore atmosphérique
Une nouvelle fois, le label UNFD a démontré qu'on pouvait compter sur lui pour "miser sur le bon cheval". En offrant à Thornhill l'opportunité d'enregistrer un second EP dans les meilleures conditions (Butterfly paru en 2018), le groupe de Melbourne a pu s'épanouir de la plus belle des façons et proposer un an plus tard un premier album d'une qualité déconcertante. Alors que d'autres groupes mettent plusieurs années et plusieurs disques pour se trouver et être pleinement à l'aise dans leurs pompes, Thornhill fait la démonstration qu'avec une vraie sincérité et du talent, il est possible de faire ça dès le premier effort au format long. The Dark Pool est une véritable pépite où l'équilibre entre ambiances, technicité et émotions atteint un niveau rarement frôlé dans le monde du Métalcore. Thornhill s'émancipe de ses principales références pour produire une musique personnelle où le chant presque angélique de Jacob donne toute son identité à la musique du groupe. Tout simplement impressionnant de maturité et un vrai plaisir pour les oreilles. ( > Écouter l'album sur Youtube)
● Meilleur Come-Back en 2019
► Slipknot : "We Are Not Your Kind" (États-Unis)
Genre : Néo-Métal énervé
S'il n'a pas fallu attendre treize années (c'est le temps pris par Tool pour sortir son Fear Inoculum paru en 2019), il aura tout de même fallu pas moins de cinq années à Slipknot pour pondre un successeur à The Grey Chapter, ce qui fait pas mal d'années entre deux sorties dans le monde la musique actuellement. Mais ça valait le coup d'attendre : Slipknot revient à ses bases Néo-Métal et Heavy Métal de la première heure avec une efficacité et une consistance impressionnantes, le tout bouclé dans un recueil de quatorze titres (quinze si on compte le stand-alone "All Out Life") pour plus d'une heure de musique en boîte, chose devenue très rare aujourd'hui, notamment dans le genre Métal. Bref, voilà un disque balancé par des pionniers du genre qui arrive à ravir ses fans des premiers albums tout en arrivant à séduire toute une masse de nouveaux amateurs peu coutumiers de la bande de l'Iowa. Du solide et une valeur sûre. ( > Écouter l'album sur Youtube)
● Album "Plaisir Coupable"
► Siamese : "Super Human" (Danemark)
Genre : Electro-Pop-core / Pop-Métal
Il n'y a clairement pas beaucoup de groupes qui se permettent ce genre de production hybride (et débridée) où la culture Pop et R'n'B contemporaine se mélange au genre Métalcore. Si Siamese évolue dans un sous-genre tout à fait différent de celui pratiqué par des groupes comme Vola ou même Europe, on y retrouve cette étrange goût (nordique ?) pour le mélange de Rock/Métal à d'autres genres plus radio-friendly ou dignes du concours de l'Eurovision. Toutefois, les danois ne sont pas les seuls à avoir pondu ce genre d'album en 2019 puisque les américains du groupe Issues ont proposé Beautiful Oblivion, leur troisième effort, qui vaut lui aussi le détour ! Si c'est Super Human qui figure dans cette sélection, c'est parce que la fraîcheur, l'homogénéité et l'énergie qui s'en dégagent sont toutes particulières. Une véritable sucrerie dont il ne faut pas abuser au risque de s'attirer les foudres des amateurs de Métal parfois peu ouverts d'esprits. (Écouter l'album Super Human sur Youtube / Écouter l'album Beautiful Oblivion sur Youtube)
● Album "Déception" de l'année 2019
► Russian Circles : "Blood Year" (États-Unis)
Genre : Post-Métal instrumental
Si ce septième album du trio américain n'est pas un mauvais album au sens propre du terme, il faut tout de même déplorer le cruel manque de surprise et de nouveauté dans ces sept nouvelles compositions. Avec Blood Year, Russian Circles s'enfonce dans les abysses de son propre style, mettant de côté le moindre sursaut ou la moindre prise de risque et s'empêchant toute exploration vers d'autres cieux plus lumineux. On a tout simplement l'impression de ne rien découvrir, d'avoir cette sensation de "déjà entendu" dans la discographie du groupe. Contrairement à certaines autres formations du genre, il semblerait donc que Russian Circles ait du mal à se renouveler. Elle semble bien loin, l'ère des premiers albums que sont Enter ou Station et c'est fort dommage quand on sait de quoi sont capables ces gars-là. ( > Écouter l'album sur BandCamp)
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