Artiste : Naïve
Album : The End
Premier Album
Sortie : 2009
Genre : Métal Alternatif et Progressif, Métal Trip-Hop, Métal Électro
Label : Persistent Room (Autoproduction)
Morceaux à écouter : To Lose An To Die For, The Shroud, The End
♥♥♥(♥)
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De qui on parle ? Naïve est un trio originaire de Toulouse. D'abord constitué de deux membres, à savoir un guitariste et un batteur qui tous deux vouent un certain amour à la musique électronique, le duo se voit rejoindre par un troisième compère, bassiste, dès 2007. Ce premier album paraît deux ans après et met en place beaucoup plus qu'un simple projet musical. C'est en effet tout un univers, tant sonore que "visuel" (évidemment influencé par l'artwork de l'album), que le groupe arrive à proposer avec ce premier effort dont chacune des sept pistes s'étale sur plus de six minutes en atteignant même plus de dix minutes pour "Your Own Princess".
Imposant. C'est évidemment un parti pris dangereux que de proposer des morceaux aussi longs sur l'intégralité d'un premier album. Avec une telle carte de visite, Naïve ne met déjà pas dans sa poche les auditeurs préférant les morceaux courts, calibrés et allant droit au but. En gros, le public qui n'est pas habitué à toute cette veine progressive ne semble clairement pas visé. D'ailleurs, The End comporte beaucoup de passages instrumentaux axés sur la combinaison d'ambiances électroniques nappant des riffs de guitare beaucoup plus rudes et évidemment saturés. Soulignons que la voix semble faire office d'instrument à part entière parfois, prenant la forme de douces mélopées mais délivrant quand même une part du texte (un groupe comme God Is An Astronaut, par-exemple, emploie souvent la voix comme un instrument sans qu'il n'y ait de texte). On pourra citer "The Crying Community" pour illustrer le propos. Alors, évidemment, les amateurs du genre ont tout pour être comblés ici mais il faut bien admettre que cette longueur dans les compositions en lassera plus d'un.
Répétitif. Il ne faut pas oublier que Naïve reste un trio dont les seuls éléments sont une basse, une guitare et une batterie, et des lignes électroniques composées en amont. La particularité du groupe est de proposer une musique qui peut être jouée en Live en limitant au maximum l'ajout de samples d'autres instruments (comme une seconde guitare par-exemple, que l'on peut notamment entendre sur de rares passages). L'équilibre entre ceux-ci est donc relativement fragile et ils se doivent d'être intelligemment dosés afin de ne pas prendre le pas sur un autre. On a donc droit à des passages où la guitare se tait complètement, par-exemple (voir le premier couplet de "To Lose And To Die For"). Les passages où la guitare troque ses riffs lourds et épais contre quelques lignes solo sont aussi rapidement identifiables à l'oreille car apportant une autre dimension à la musique du groupe : c'est soit l'un, soit l'autre de toute façon. Ainsi on a véritablement deux mondes sur "Your Own Princess" où la voix et les quelques légères notes de guitare de la première moitié du titre marquent un fort contraste avec le reste du morceau (voir aussi l'intro de "The Shroud") où tout n'est que puissance et explosion sonore, ces mêmes passages étant souvent étirés sur la longueur. Alors pourquoi tant de longueur justement ? Sans doute parce que cela va de pair avec l'approche électronique de la musique que semblent vouloir mêler les compères à leurs compositions. Le Trip-Hop est d'ailleurs construit sur une base rythmique simple et répétitive empruntée au Hip-Hop sur laquelle viennent se greffer toutes sortes d'influences (voir sur Wikipedia). Naïve, de par les choix faits concernant le son de la batterie et les rythmes joués et répétés sur de longues minutes (la seconde moitié de "Underwater" est un bon exemple) arrive donc à inscrire son Métal dans cette mouvance et à justifier cette étiquette de "Métal-Trip-Hop".
Planant et beau. The End est donc un bloc qui ne tient pas sa diversité musicale de par le nombre de compositions qu'il renferme mais par les mélanges ou les contrastes qu'on peut trouver au sein d'un même morceau (on notera tout de même une exception pour "The Shroud" où une magnifique voix féminine vient littéralement sublimer le titre et le mettre totalement à part du reste de l'album). Malgré des riffs parfois agressifs où la saturation de la guitare atteint des sommets, allant jusqu'à donner des reflets indus' à l'ensemble, la musique de Naïve n'en reste pas moins vaporeuse, planante et poétique. Et les nappes électroniques n'y sont pas pour rien ! Qu'il s'agisse des samples et synthés aériens de "Underwater", entrecoupés de passages pourtant martelés à la double-pédale, ou tout simplement le magnifique "The End", pièce instrumentale maîtresse de l'album le clôturant d'une magnifique façon, le trio développe un univers particulier, singulier, qui ne laisse pas indifférent.
Belle entrée en matière. Voilà donc un premier album très bien mené malgré quelques traits de caractères qui ne lui permettront pas d'être apprécié de tous. The End est un premier voyage en compagnie des toulousains : onirique, mystérieux, et pourtant
sombre, qui pose très bien les fondations d'un projet qui réussira à perdurer au fil des années. Pourtant, à l'époque de la sortie de ce premier album, on était en droit de se
demander si Naïve avait les capacités de développer cet univers à l'infini tant il semblait difficile pour le groupe de s'éloigner de sa ligne directrice. C'est trois années plus tard que des éléments de réponse ont été apportés avec la sortie de Illuminatis, en 2012.
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