Artiste : With Different Eyes
Album : Inevitable
Premier Album
Sortie : 2016
Genre : Métalcore Progressif, Métal Moderne, Djent, Instrumental
Label : Autoproduction
Morceaux à écouter : Demons Of The Past, Reminiscence, The Distance
♥♥(♥)
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De qui on parle, déjà ? Souvenez-vous, c'est en 2014 qu'on a découvert ce projet musical emmené par un polonais répondant au nom d'Artur Hary Jasiorski. Sous le nom de With Different Eyes, le guitariste - qui est aussi graphiste à ses heures perdues, passionné de science-fiction et qui aime composer de la musique assistée par ordinateur - avait proposé trois morceaux en téléchargement gratuit et compilés dans une démo sobrement baptisée Singles. On y découvrait un bonhomme dont les références Métalcore et Djent apparaissaient plutôt évidentes à travers des compositions pas trop mal foutues où des riffs lourds côtoyaient des lignes de guitare solo scintillantes et plus poétiques pour apporter une touche progressive. Le gaillard ayant sans doute trouvé que ces trois morceaux lui avaient suffi pour se chauffer, il a directement enchaîné sur ce premier album que voilà et qui est sorti deux ans plus tard.
Format long. Il aura donc fallu moins de deux ans à Artur Jasiorski pour pondre ce premier album où figurent naturellement les trois singles présentés dès 2014, leurs qualités respectives permettant d'embellir ce premier disque et surtout de les présenter sur un format physique. Le polonais a donc composé une petite dizaine de nouveaux morceaux pour présenter au mieux son univers musical et ses talents de musicien, le tout pour un total de presque trois quarts d'heure d'écoute : on a vu pire par les temps qui courent ! Reste à savoir si la qualité est au rendez-vous et si le pari d'Artur qui a été de proposer un disque intégralement instrumental arrive à tenir ses promesses pour nous faire voyager et adhérer à sa musique. Et c'est là que, malheureusement, ça pêche un peu. Certes, on sent une profonde volonté de développer diverses ambiances et de dresser différents tableaux mais il semblerait que le bonhomme ait un peu trop "le nez dans le guidon" pour prendre des risques et sortir des sentiers qu'il a lui-même battus pour son projet.
Redondance. Si on considère l'ouverture du disque sur "Origin" comme étant davantage une intro qu'un véritable morceau, c'est avec "Waves Of Eternity" qu'on rentre véritablement dans le vif du sujet. Des trois singles présentés bien avant, il reste ce son caractéristique d'une guitare à six cordes montée en gros calibre avec un accordage très bas pour lui donner cette lourdeur si particulière qu'on retrouve chez bon nombre de groupes de Djent ou Métalcore modernes. Malheureusement, tous les éléments de compositions se retrouvent aussi dans cet album, ce qui trahit un manque cruel d'évolution depuis 2014. Il faut aussi reconnaître que l'accordage en question et le nombre plutôt limité de cordes - mais aussi et surtout d'effets - ne permettent pas de produire une large palette sonore qui aurait pu embellir l'ensemble : là où des mecs comme Sullivan du groupe Russian Circles arrivent à jouer sur une six cordes à grands renforts d'effets et de pédale looper, Artur se cantonne à l'habituelle superposition d'une guitare lead et d'une guitare solo, même si on peut noter la présence d'une guitare supplémentaire pour les ambiances de fond sur certains passages qui sont sans aucun doute les plus intéressants de l'album. Du coup, malgré quelques riffs plutôt sympas et bien trouvés, il manque véritablement la possibilité de facilement différencier chacun des titres de cet album et c'est bien dommage. Tout cela amène à se poser l'inévitable question du "tout instrumental" : peut-être certaines compositions auraient gagné en force et en majesté si une collaboration avec un chanteur (ou une chanteuse) avait été envisagée. On a parfois l'impression d'écouter les versions intrumentales de morceaux composés justement pour le chant, comme si ce dernier manquait tout bonnement au produit fini. Ainsi, seules quelques petites trouvailles arrivent à sortir du lot et à donner le minimum de consistance à la musique instrumentale du polonais : le solo tout droit sorti d'un film d'horreur couplé à un univers de science-fiction sur la seconde moitié de "Yautja", le solo joué par Waldemar, invité sur "Design The Future" ou encore "Inevitable" qui boucle l'album avec une légèreté et un tempo qu'on aurait apprécié entendre davantage sur le reste de l'album. Pour conclure, ce premier recueil au format long n'est pas de mauvaise facture mais manque cruellement de relief et aurait sans aucun doute gagné en intérêt avec quelques collaborations vocales. Il n'en reste pas moins que musicalement parlant, il n'y a objectivement pas grand chose à jeter et on est bien au-dessus de la plupart des productions de Métalcore qu'on peut entendre un peu partout. C'est juste qu'on ne se repassera pas ce disque en boucle plusieurs dizaines de fois d'affilée.
Incomplet. Il y a véritablement des génies en ce qui concerne la musique instrumentale, qui plus est lorsqu'on parle de one man band (voir les premiers EPs de Plini lorsqu'il était encore seul aux manettes ou à la discographie de David Maxim Micic, entre autres). Malgré toutes les bonnes intentions et le talent certain dont Artur Hary Jasiorski fait preuve avec ce premier album, il faut bien admettre que ce dernier ne figurera pas dans le cercle très fermé des véritables perles du genre Métalcore ou Djent instrumental. Il manque véritablement quelque chose à la musique du polonais qui semble ne pas se suffire à elle-même à l'exception de quelques rares compositions (dont les trois premiers singles composés par le bonhomme). Force est de constater que le travail du polonais n'est peut-être pas suffisamment exceptionnel pour véhiculer autant de sensations et émotions que celui de certains autres musiciens internationaux de la même trempe mais qu'il arrive néanmoins à composer à lui-seul des morceaux de Métalcore bien meilleurs qu'un bon nombre de ceux composés par des groupes internationaux ! Et rien que pour ça, cet Inevitable mérite qu'on y jette une oreille !
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