On annonçait une grosse session de branlette de manches pour ce vendredi 29 juillet 2016 et il faut bien avouer que la météo musicale ne s'était pas trompée ! Direction Villeurbanne et le
CCO Jean-Pierre Lachaise pour aller apprécier du Djent sous bien des formes avec
Plini,
Intervals et
Animals As Leaders. Une soirée à la programmation alléchante une fois de plus servie par
Sounds Like Hell Productions.
Météo estivale clémente, température extérieure agréable et ambiance brûlante à l'intérieur : voilà comment résumer au mieux cette soirée. Il faut dire que le public avait répondu présent pour assister à l'événement et que la température dans la salle du CCO était proche de l'insoutenable.
Ce n'était pas vraiment pour voir
Animals As Leaders sur scène qu'on s'était déplacé ce soir-là, les américains étant déjà passés
il y a moins de deux ans dans toute la France à l'occasion d'une tournée avec Tesseract. Non, cette fois, la vraie curiosité, c'était
Plini et
Intervals, deux formations reposant chacune respectivement sur les épaules d'un seul homme : Plini lui-même pour le projet qui porte son nom et Aaron Marshall en ce qui concerne
Intervals. Deux guitaristes préférant encore la six cordes aux monstrueuses sept et huit cordes qu'on voit généralement chez les musiciens pratiquant le Djent. De ce fait, dire que Plini et Aaron Marshall font du Djent est un peu faux dans le sens où ce terme provient directement du son émis par les notes les plus graves de ces guitares au nombre affolant de cordes. Par contre, ce qui est sûr, c'est que ça groove, que c'est technique et progressif. Et que ça passe super bien.
|
Plini sur scène © Freaksound |
Plini fait partie de cette nouvelle génération de musiciens qui, grâce aux capacités sans limite des logiciels de production, d'enregistrement, de mixage et mastering, ont décidé de se passer d'autres musiciens pour écrire leur musique. On peut citer quelques exemples parmi tant d'autres : Thessa (
Page Facebook /
Page BandCamp) qui est originaire d'Anglet, en France ; Artur Jasiorski (
Page BandCamp) - originaire de Pologne - et son projet
With Different Eyes ; Navene Koperweis (
Page BandCamp), batteur ayant officié pour
Animals As Leaders sur l'album
Weightless, ou encore Anup Sastry (
Page Facebook /
Page BandCamp), batteur américain qui a officié pour Aaron Marshall au sein du groupe
Intervals sur l'album
A Voice Within. Bref.
Ils sont nombreux à avoir choisi cette façon de procéder pour composer, produire et proposer de la musique au public via différentes plate-formes sur Internet. Mais, évidemment, lorsqu'il s'agit de se produire sur scène, on comprend aisément que des gars comme Plini préfèrent s'entourer de vrais musiciens plutôt que de faire tourner de vulgaires mp3 en fond sonore.
Ainsi, Plini apparaît sur scène aux côtés d'Aaron Marshall lui-même (casquette enfoncée sur le crâne), de
Troy Wright à la batterie et de
Simon Grove à la basse. Les deux derniers cités sont d'ailleurs très proches de Plini puisqu'ils ont récemment enregistré "
Every Piece Matters" avec lui en début d'année 2016. Que du beau monde pour débuter la soirée.
La musique de Plini est à l'image de ses visuels pour illustrer ses productions : colorée, poétique, un brin contemplative et avec des faux airs naïfs. C'est gai, jamais violent et même si on sent que le Djent a une grosse influence sur son travail, Plini n'en exploite que les aspects les plus techniques et offre un son davantage Rock qui frôle le Jazz par moment. Le résultat est
groovy à souhait et on se laisse emporter par les ambiances développées dans sa musique. Sur scène, on sent que ces gars-là s'éclatent : ils se regardent régulièrement, comme pour communier autour de la musique. C'est le premier voyage de Plini en France et le gaillard a l'air d'apprécier le public français qui le lui rend bien. Aaron Marshall et lui se livrent un vrai duel amical sur scène, et on sent une complicité certaine entre eux deux. Il n'y a rien à dire à la prestation : tout est carré, propre, parfaitement exécuté et chaque musicien fait preuve d'un réel talent derrière son instrument, Troy Wright et Simon Grove faisant véritablement le taff. Et quand les balances sont aussi bien faites, on ne peut que profiter de chaque note sans broncher : un régal pour les oreilles mais aussi, mine de rien, pour les yeux !
|
Aaron Marshall sur scène © Freaksound |
Il commence a faire très chaud dans la salle et l'entracte est plutôt courte. Il faut dire que sur scène, on passe de Plini à Intervals avec seulement l'interversion des places de Plini et Aaron Marshall à la guitare et Troy Wright qui laisse son tabouret à
Nathan Bulla - de chez
Auras - derrière les fûts. Pas de chanteur sur scène et on n'aura donc pas droit à des morceaux chantés issus de l'album
A Voice Within. Dommage, même si
la version instrumentale de "Moment Marauder" reste une pièce de grande qualité (à écouter et visionner :
la version chantée avec le clip sur Youtube).
C'est donc une soirée 100% instrumentale que nous a offert Sounds Like Hell ce soir-là et dans un sens, heureusement, car il y a fort à parier qu'un chanteur aurait pu exciter la fosse et ainsi faire davantage monter la température... ce qui aurait pu devenir compliqué pour les organismes. Sur scène, Aaron Marshall tient désormais les rennes et le gaillard semble prendre un véritable pied à être entouré de ces trois autres musiciens qui ont tous appris les morceaux d'
Intervals pour cette tournée. Le résultat est remarquable de par sa perfection d'exécution et par la liberté prise par chacun pour s'accorder quelques improvisations franchement géniales. Plini et Marshall iront jusqu'à jouer un solo identique en tout point avec une synchronisation parfaite qui impose tout simplement le respect. Il y a vraiment du gros talent sur la scène ce soir-là !
Mais ce qu'on retiendra surtout, outre la puissance émotionnelle de cette musique, entre énergie Métal et technicité de Jazz, c'est la joie de ces quatre mecs sur scène, de jouer ensemble, et de sentir un public parfaitement réceptif à une musique pourtant difficile à appréhender pour le premier néophyte venu. Il faut dire que même si les notes sont jouées à la vitesse de la lumière, que les polyrythmies s'enchaînent (et ne se ressemblent pas) et qu'on y perdrait rapidement son latin si les oreilles ne sont pas un minimum habituées, la musique de Plini et d'Intervals a ce petit quelque chose en plus qui fait qu'elle est relativement passe-partout.
On est bien loin des Periphery ou autres Veil Of Maya... et ça fait du bien.
Sont ensuite arrivés les stars de cette soirée, les très balèzes et très attendus
Animals As Leaders. Après deux premières parties magnifiques, il ne manquait plus qu'un peu de violence à grands coups de huit cordes pour clôturer cette soirée dans les meilleures conditions. Le trio
Abasi /
Reyes /
Garstka arrive sur scène avec un entrain de jeunes gosses venus faire la fête, tout sourires, instruments et baguettes à la main. Qu'on connaisse de près ou de loin ces types-là, on sait déjà d'avance qu'il n'y aura pas d'erreur, que tout sera joué avec justesse et perfection, comme s'il ne s'agissait que d'une formalité. Et ce fut le cas ce soir-là encore, avec même un peu plus de fun dans l'exécution. Et c'est tout ce qu'on peut attendre d'un concert, finalement !
|
Tosin Abasi avec le sourire ! © Freaksound |
Alors que dire ? Pas grand chose si ce n'est qu'
Animals As Leaders est une formation qui en impose, que ce soit par le talent, par la qualité des textures, de la composition d'une manière générale, de la technique, d'un parfait équilibre entre violence, énergie et poésie. Le Djent aux allures de Jazz-Métal pratiqué par le trio est d'une grande richesse et séduit facilement les adeptes du genre. Avec seulement trois musiciens sur scène, le combo arrive à faire oublier l'absence de bassiste par une maîtrise de l'arpège et la combinaison de grosses et petites cordes qui donne cette étrange sensation d'orchestre. C'est épique, dense, et une fois de plus, soulignons la qualité des balances pour un véritable plaisir pour les oreilles. Sur scène, c'est la grosse marrade et les deux compères Abasi et Reyes profitent de certains
bridges pour pousser Matt dans ses retranchements. Et c'est là que la bête se lâche, que le bonhomme arrive à sortir des improvisations venues tout droit de l'espace pour remplir des trous avec des lignes de batterie tout à fait invraisemblables. Cet homme est une machine et arrive à se sortir de toutes les situations possibles. Comment dire ?
Matt Garstka est le type qui arrive à te mettre à l'amende deux batteurs comme Cobus Potgieter et Luke Holland en moins de vingt-cinq secondes chrono. Pour ceux qui s'intéressent un peu à la batterie, cela suffit à expliquer de quoi on parle ici. Bref. Voir
Animals As Leaders sur scène, c'est prendre une baffe en pleine tronche. Les mecs jouent leur musique comme si c'était la promenade de santé du dimanche après-midi. Et lorsqu'un préservatif gonflé comme un ballon de baudruche et sautillant dans la fosse arrive sur scène, un mec comme Tosin Abasi n'est pas du genre à se laisser distraire. Plutôt que de passer outre et rester concentré, le mec arrive à focaliser son attention sur l'objet et échanger quelques passe avec le public tout en continuant de jouer... C'est hallucinant et totalement grisant. C'est du grand spectacle et les mecs sur scène prennent véritablement du plaisir. Bien évidemment, le set comprendra des pièces comme "
Physical Education" ou "
Tooth and Claws" pour terminer sur l'incontournable "
CAFO", morceau culte du groupe pourtant composé à l'époque où Abasi était encore seul aux commandes du projet.
Comme on dit, c'était une putain de soirée et un moment musical particulier, très agréable et riche en découvertes, émotions et odeurs de transpiration. On regrettera peut-être un léger problème d'organisation au niveau du service au bar qui aura imposé presque quinze minutes de queue parfois pour obtenir un verre de bière, et ce même en dehors des entractes. Dommage.
Quoiqu'il en soit, c'était un vrai plaisir de retourner au CCO et passer cette soirée organisée par une asso qui se bouge véritablement pour proposer des concerts de qualité sur Lyon. Merci, donc, à
Sounds Like Hell Productions pour cette soirée. Merci à Freaksound pour les photographies. Vous pouvez aller voir le reste des photos prises lors de ce concert via
la page facebook de Freaksound et les albums concernant
Plini,
Intervals et
Animals As Leaders.