Retour sur Nevers pour une soirée placée sous le signe du Hardcore entre les murs du
Café Charbon. Un joli coup de chapeau pour
K-Nardage Asso, ce dimanche 15 mai 2016 affichant complet. L'occasion de se taper trois groupes aux origines musicales identiques mais évoluant chacun dans un registre bien différent. C'était bien, c'était beau : c'était la bagarre et tout le monde a pu prendre son pied, que ce soit sur le Métalcore nerveux et mélodique des marseillais de
Landmvrks, le Punk Rock/Hardcore beaucoup plus rétro de
Hightower ou encore
Rise Of The NorthStar et leur style bien à eux.
Une soirée qui débutait relativement tôt avec une ouverture des portes dès 18h, l'occasion de profiter d'une (ou plusieurs) bière(s) au soleil du mois de mai malgré un fond d'air bien frais. Mais comme chacun sait, il faut peu de temps au Charbon pour se réchauffer - et s'enflammer -, le public neversois (et d'autres horizons, certains s'étant déplacés depuis Lyon ou Clermont-Ferrand, voire de plus loin) étant suffisamment friand de Punk Hardcore pour mettre l'ambiance et faire monter la température rapidement.
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Florent (Landmvrks) © Manon Nadolny |
Le début de soirée était assuré par les marseillais de
Landmvrks venus se perdre au fin fond du trou du cul de la France pour présenter leur premier album
Hollow sorti le 10 mai 2016. Un groupe un peu plus "jeune" que les deux autres formations qui partageaient la scène ce soir-là mais qui a le mérite de proposer un Métalcore à la fois nerveux et mélodique. Un point fort pour chauffer une salle lorsqu'on est relativement méconnu du public. Sur scène,
Landmvrks assure le show malgré quelques soucis techniques, un lâché de baguette dès le premier ou second morceau et un micro aux allures de savonnette. Le professionnalisme n'est pas tout à fait de mise en ce qui concerne le jeu de scène mais tant pis, les sudistes ne relâchent pas la pression, posant un "
Winter" qui tient toutes ses promesses en Live même si la partie normalement assurée par Mattéo Gelsomino (
Novelists) n'a évidemment pas la même saveur que sur la version studio. Qu'à cela ne tienne, les "
Empty Place", "
Outside And In" ou encore "
Wrong Generation" font tout aussi bien le travail pour mettre l'ambiance dans un Charbon déjà bien rempli pour une première partie. Sur scène, Florent s'active et fait vivre ses textes d'une façon qui rappelle Jacob Field de chez
The One Hundred. Il faut dire que les deux bonhommes ont, à quelques détails près, le même gabarit, la même allure vestimentaire et des capacités vocales similaires, sans parler d'une gestuelle aux mimiques communes. Même si le genre musical n'est ici pas le même que les britanniques, il y a une ressemblance frappante. Vocalement, c'est solide et bien exécuté, tout comme les instruments d'ailleurs. Malgré quelques chœurs enregistrés,
Landmvrks met un point d'honneur à faire chanter certains passages sur scène par l'un de ses guitaristes et ce détail est un indéniable point fort. Le set se termine avec les applaudissements du public. Certains n'ont pas vraiment aimé et d'autres ont carrément adoré. Reste que
Landmvrks a offert une solide première partie qui a surtout permis au groupe de se faire connaître (et se faire remarquer) ce soir-là. Et pour une formation qui a encore (presque) tout à prouver, c'est déjà une bonne chose. Les marseillais ont un potentiel bien réel et semblent bien lancés pour être un groupe à suivre car ayant encore beaucoup de choses à offrir, tant sur scène que dans de futures compositions. Fort sympa.
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Hightower © Rui Lourenco |
C'est ensuite
Hightower qui a pris les commandes de la soirée, le groupe étant connu comme le loup blanc à Nevers. Avec un style qui n'a rien a voir avec Landmvrks,
Higthower a retourné la fosse du Charbon. Coup double pour une formation à cheval entre Paris et d'autres villes de province : revenir jouer en terrain conquis, un peu comme à la maison, et présenter son nouveau
frontman, un hongrois répondant au nom de Attila et chanteur de
Makeshift Promise. L'ambiance dans la fosse est électrique et on voit voler un bodyboard dans tous les sens. On se croirait en bord de plage californienne et ce ne sont pas les innombrables slams qui feraient dire le contraire. La
fanbase est bien réelle dans le public et les textes repris en chœurs dans leur intégralité (voir
la vidéo pour "Aqua Tiger"). Il faut dire que l'album
Sure. Fine. Whatever. a eu un certain impact depuis sa sortie, la galette ayant été enregistrée à Los Angeles chez
Knives Out Records, ce qui a permis au groupe de se faire connaître bien au-delà des frontières de l'Hexagone. Tous les textes sont en plus disponibles via
la page BandCamp du groupe : quoi de mieux pour se faire la main (ou plutôt la gorge) avant un concert du groupe ? Sur scène, l'énergie est communicative, les sourires sur tous les visages et l'efficacité des riffs rallie aisément n'importe quel aficionado de Punk Rock et Hardcore. En ce qui concerne Attila, sa voix est bien moins hargneuse que celle du précédent
frontman mais reste dans la même tonalité. En cela,
Higtower n'est pas devenu un groupe meilleur ou moins bon au niveau du chant mais est tout simplement différent sans toutefois perdre son identité. Le hongrois ne cache pas sa joie de voir un public si réceptif et bien que s'exprimant exclusivement en anglais sur scène, on le sent ému. Et surtout heureux. Ce qui, lors d'une prestation scénique, ne peut que pousser le public à se donner davantage. Beaucoup monteront sur l'estrade pour partager un instant de ce set mémorable ainsi que le micro pour une véritable communion comme seuls les concerts de Punk peuvent offrir. C'était fort et beau, un vrai moment de musique avec toute la sincérité qu'on pouvait en attendre.
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Rise Of The North Star © Rui Lourenco |
Juste le temps de souffler et boire un godet avant d'entendre des voix crier "Hey ! ça commence !".
Rise Of The Northstar a finalement pris possession de la scène du Café Charbon dans une ambiance brûlante, la fosse s'étant entièrement remplie pendant l'entracte. Les parisiens sont évidemment en tenue, tout de noir vêtus, ce qui fait partie de leur identité. Certains reprochent souvent à des mecs de porter sur scène des vêtements arborant le nom de leur propre bande, mais il faut bien admettre qu'en ce qui concerne ROTNS, cela participe grandement au spectacle tant leurs fringues sont personnelles (et évidemment inspirées du "folklore" et mangas japonais). Le rouleau compresseur se met alors en marche et retourne en un rien de temps la fosse du Charbon qui se met à vibrer au son des riffs musclés du combo parisien. Les titres s'enchaînent sans que le set ne baisse en pression à l'exception d'un court instant de répit où
Vithia fera s'asseoir toute la fosse lors du bridge de "Demonstrating My Saiya Style". Les parisiens ont le sens du spectacle et pratiquent un Hardcore à forte influence new-yorkaise qui puise sa force dans son côté participatif, les cris et autres
punchlines étant repris en chœurs par les membres du groupe et la fosse, évidemment. Il y a d'ailleurs en tout et pour tout quatre micros sur scène, histoire de pouvoir laisser chaque musicien s'exprimer comme bon lui semble. Le résultat est sans appel : communicatif, puissant et efficace. Des points forts qui viennent contrebalancer une musique un peu répétitive sur la durée mais qui ne perd toutefois jamais son énergie. Le groupe peut d'ailleurs compter sur son guitariste aux doigts de fée, véritable
guitar hero alignant des soli monstrueux qui rappelleraient presque la branlette de manche de groupes comme
Dragon Force. En moins pompeux tout de même.
Rise Of The Northstar enchaîne les imparables tubes de sa discographie : "
Again and Again", "
Samourai Spirit", ou encore "
Sound Of Wolves" et "
Phoenix" - parmi d'autres - et s'offre les louanges d'un public aux anges (justement !) qui obtiendra un rappel pour deux morceaux supplémentaires. Rien à dire : c'est monstrueusement efficace et bien exécuté. Ces gars-là sont des bêtes, tant musicalement que sur scène et ça envoie la purée. Mamie en aurait souillé son froc !
Encore une soirée mémorable entre les murs du Café Charbon. Encore un plaisir coupable que de retrouver Nevers et son public toujours présent pour ce genre d'événement. Un grand merci à l'équipe du Charbon et à
K-Nardage Asso pour l'organisation. Merci à Loïc, Mathias et Clément pour la sympathique compagnie. Un merci tout particulier à Mika pour m'avoir offert un toit pour la nuit. C'était parfait. Et enfin, merci à Manon Nadolny et Rui Lourenco pour avoir pris des photos lors de cette soirée. Retrouvez
le reste de l'album photo de cette soirée par Rui Lourenco via Facebook.