12/01/2016

[EP] Seven Eyed Crow : "Dark Ways To The Sun"

Artiste : Seven Eyed Crow
EP : Dark Ways To The Sun
Sortie : 2015
Genre : Rock et Métal Alternatifs, Néo Métal, Crossover
Label : Autoproduction
Morceaux à écouter : Dark Ways To The Sun, Walk Into The Wild, Salt And Lime
♥♥♥(♥)
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De qui on parle ? D'une formation bordelaise créée en 2013 et faisant écho à un autre groupe girondin répondant au nom d'E-Breed (Page Facebook/Page SoundCloud). C'est d'ailleurs de ce premier groupe fondé plusieurs années auparavant que sont issus Oreye et Tom, respectivement guitariste et bassiste chez Seven Eyed Crow. Un groupe relativement jeune, donc, qui offre dès l'année 2015 un premier EP. Une bande dont le credo "Less is more" nous rappelle que la musique n'est pas toujours l'étalage de talents techniques ou un cocktail complexe de compositions et d'instruments mais plutôt la capacité de faire passer des émotions d'une façon relativement simple parfois.

Musicalement, ça donne quoi ? C'est par un court morceau d'intro assez étrange ("The Hunt") qu'on pénètre doucement dans l'univers de Seven Eyed Crow. Une ambiance sonore plutôt lugubre, accompagnée de ce qui semble être des bruits de pas et des croassements qui sont un rappel direct au visuel de cette galette. Un petit clin d’œil intelligent qui pousse l'auditeur à imaginer la scène (de poursuite ? de fuite ?) et donc à anticiper l'ambiance générale de ce Dark Ways To The Sun dont le morceau éponyme arrive juste après. Un cheminement logique où on sent l'appel de la lumière, comme un espoir lointain et pourtant pas si inaccessible que ça. Et c'est tel une explosion d'énergie que le premier riff de "Dark Ways To The Sun" est libéré, annonçant directement la couleur. Les guitares sont saturées mais jamais violentes, la batterie joue sur quelques contre-temps bien placés, la basse de promène pour enrober le tout et certaines lignes de guitare solo sont étonnamment sensibles, voire même mélancoliques sur les couplets. Mais le charme de la musique de Seven Eyed Crow, c'est surtout d'arriver à combiner un Néo-Métal rappelant la fin des années 1990 avec un Rock beaucoup plus progressif qui vient titiller nos émotions, le tout avec une indéniable efficacité. Concernant la voix, certains la trouveront trop mielleuse ("Life On The Other Side"), d'autres lui reprocheront un contraste trop net avec les instruments. Pourtant, l'ensemble fonctionne très bien et qu'on aime ou qu'on n'aime pas, la production léchée laisse cette dernière s'exprimer du mieux qu'elle peut, s'accordant des cris hargneux parfois ou au contraire des passages beaucoup plus suaves ("Leaky Frames" faisant sans doute office de meilleur exemple). Des ingrédients de toute évidence basiques mais qui sont ici très bien employés pour obtenir un crossover à la saveur particulière, chaque instrument ayant sa place et son intérêt comme cette basse intrépide qui se permet un surprenant bridge au slap sur "Walk Into The Wild", preuve que les musiciens ne sont pas des manchots. Et que dire des soli de guitare, bien trop souvent boudés dans le Néo-Métal. Pour tout ça, Seven Eyed Crow tire son épingle du jeu et revisite à merveille un genre qu'on pensait enterré.

On peut y reconnaître plein de choses. Tout le monde n'a pas les mêmes références et ne ressent pas les mêmes choses face à une production artistique, qu'elle soit visionnable ou audible. C'est donc de façon très subjective qu'on peut reconnaître chez Seven Eyed Crow des groupes comme Incubus pour le contraste entre les riffs d'intro super gras et les couplets beaucoup plus calmes et posés (comme sur "Nowhere Fast" ou "Pardon Me" extraits de l'album Make Yourself), ou encore Reveille pour l'attaque de certains riffs et là aussi la saturation des guitares, le côté Rapcore en moins. La liste est longue comme le bras et on pourra aussi citer des groupes comme Breaking Benjamin, Drowning Pool, Staind ou encore Mudvayne (un exemple ici) et sa basse si présente. Mais c'est surtout dans une tendance déjà bien établie depuis quelques années que Seven Eyed Crow tend à s'inscrire, la scène française se délivrant de ses chaînes et comptant de plus en plus de groupes qui, en cette moitié de décennie 2010, prononcent leur amour pour un genre et une époque déjà bien loin derrière nous en s'inspirant de groupes américains ayant marqué l'âge d'or du Néo-Métal il y a bientôt quinze ans. Ce phénomène apparaît comme la mort d'un complexe qui rongeait la France depuis des années et il y a fort à parier que cela évolue encore d'ici peu. On pourrait citer des formations comme Stereotypical Working ClassShuffle ou plus récemment Keys And Promises mais il y en a bien d'autres.

Une bonne carte de visite.  Seven Eyed Crow arrive donc sans grande prétention à entrer dans les rangs tout en ayant sa petite identité, proposant un EP complet, facile à digérer et à apprécier, notamment parce que le travail est efficace et la production très bonne. On sent qu'il y a de l'expérience derrière et surtout une intention bien claire qu'on espère voir concrétisée lors d'un prochain effort plus fourni en morceaux. Si les bordelais devaient être comparés à un autre "jeune" groupe de la scène française, on pourrait tout simplement dire que Seven Eyed Crow est au Néo-Métal ce que Young Cardinals est au Métal et au Post-Rock : du gros potentiel.

1 commentaire:

  1. Une voix propre, une excellente rythmique, un chant parfaitement placé, des notes tenues à la perfection... Just perfect !

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