30/10/2013

[Live Report] Chelsea Wolfe + Russian Circles (Divan du Monde - Paris)


C'était la semaine dernière au Divan du Monde à Paris, le mercredi 23 octobre 2013. Un joli programme que Chelsea Wolfe et Russian Circles dans la même soirée et rien que pour ça, le prix du billet de train depuis Lyon et les kilomètres ne sont pas des arguments suffisants pour se permettre de rater un truc pareil. Direction Pigalle et sa rue des Martyrs pour découvrir la petite salle du Divan du Monde, une file d'attente déjà conséquente attendant patiemment l'ouverture des portes.

Je suis malheureusement obligé de préciser que j'ai passé cette soirée dans un fort état d'ébriété, ce qui m'a amené sans trop de gène à (poliment) demander à ce qu'on m'introduise dans la file à seulement deux mètres des portes encore fermées. Le concert était censé débuter à 19h mais, comme bien souvent, et n'importe quel amateur de concert sait ça, il n'en est rien. Les portes s'ouvrent vers 18h45 (si mes souvenirs brumeux sont bons...) et c'est une charmante petite salle que l'on découvre, avec la scène à portée de bras, son bar dans le fond et un balcon avec canapés et tout le confort qu'un salon peut offrir pour profiter de ce genre d'évènement. Le public est lui aussi très calme et on sent bien qu'on a affaire à des amoureux de la musique et pas n'importe quels sauvageons venus enflammer un quelconque dancefloor. Car Chelsea Wolfe et Russian Circles ont beau avoir respectivement quatre et cinq (depuis la sortie tout fraîche de Memorial) albums au compteur, ce n'est pas en France que le public est très réceptif à ce genre de musique...

L'attente semble longue mais on a déjà vu pire, il faut l'admettre. Les lumières s'éteignent et c'est une ambiance très tamisée qui accompagne l'arrivée de Chelsea Wolfe et ses musiciens sur scène. Vous pardonnerez ici mon manque de souvenirs précis pour toute la suite des évènements car mon taux d'alcoolémie m'a littéralement fait planer pendant les deux heures de concert qui ont suivi : un vrai régal. Toutefois, je me souviens clairement avoir eu l'image d'un personnage sorti tout droit de l'univers de Tim Burton lorsque Chelsea s'est présentée face à la fosse devant son micro, ses longs cheveux sombres tombant devant son visage, affublée d'une robe très "gothique" et d'un châle léger et pâle. Il est presque 20h quand le concert commence et c'est une expérience très surprenante que je découvre pour un concert Live : la voix suave et dérangeante de Chelsea débute ses odes avec une légèreté et une froideur captivantes qui transpercent comme si un spectre nous passait au travers. La musique du groupe est lourde, épaisse et en même temps cristalline (dans un sens nuancé). Je n'avais pas vraiment pris connaissance de la discographie du groupe avant l'évènement et je n'ai donc aucun souvenir notable des titres qui ont été joué, tout comme aucun ne m'a particulièrement marqué. Cela dit, l'expérience et la prestation du groupe ne laissent pas indifférents : c'est intimiste, dégoulinant de noirceur pourtant touchante et la voix de Chelsea porte le tout de façon hypnotisante, comme une Björk sombre et damnée. Je ne suis pas conquis mais c'est avec l'impression délicieuse de n'avoir eu le groupe que pour moi que s'achève le set. Car la salle est pleine, apparemment, mais on est loin d'être serré et de se donner des coups de coudes : des conditions parfaites et vraiment trop rares pour un concert ! La proximité de la scène laisse tout bonnement penser que les musiciens sont là pour chacun d'entre nous et personne ne boude son plaisir : la fosse est hypnotisée et silencieuse, sans mouvement de foule ni violence physique. Parfait !


Mais ce que tout le monde attend, ce sont les trois types de Chicago et leur musique. Russian Circles arrive sur scène environ une heure et demie après le début des festivités (je vous laisse faire le calcul) et c'est un bonheur incommensurable qui grandit en moi (je pèse mes mots). C'est maintenant l'heure de vivre l'expérience du trio en Live, après tant d'années à me farcir et re-farcir leurs albums, que ce soit en version galette ou mp3, à n'importe quelle heure de la journée (oui, j'aime ce que fait Russian Circles, ça se sent, hein ?). Alors évidemment, je ne m'attendais pas à une grande communication avec la fosse de la part du trio, ce qui est tout à leur honneur quand on fait de l'instrumental. Car le set est parfait : pas une erreur, pas une seule note ne déborde, chaque instrument est audible et retranscrit au mieux ce qu'il est possible d'écouter en version CD. C'est carré, c'est propre, les balances sont presque parfaites et bien que les pauses entre chaque morceaux soient relativement longues à cause d'accordages minutieux, on en prend plein la gueule, et avec joie. La fosse se réveille un peu mais reste relativement sage, profitant du show. Et là je réalise combien le public qui assiste à des concerts tels que celui-ci sont des gens qui aiment la musique, la vraie musique. Personne n'entame un quelconque pogo et avec du recul, j'ai presque l'impression d'avoir manqué de respect envers mes confrères spectateurs car ayant passé l'intégralité du concert à sautiller sur place, à "headbanger" et à me balancer sous l'effet de la musique et de ma bière prise au bar. Pendant toute la durée du concert, le trio mettra un point d'honneur à jouer fort mais très très juste. Dave Turncrantz massacre ses cymbales et ses toms, ne ménageant aucunement sa caisse claire, tandis que Brian Cook (toujours en chemise à carreaux) profite de balances parfaites pour faire entendre sa basse (chose trop rare de nos jours lors de concerts). Mike Sullivan, quant à lui, fait cracher sa guitare les riffs lourds propres à la direction artistique prise depuis Empros avec "309", "Mlàdek" et surtout le beaucoup plus récent "Deficit". Le groupe jouera même le très poétique (et vieux) "Carpe" ce qui suffira à me combler tant Enter, le premier album, est un bijou pour moi. Ajoutez à cela "Harper Lewis", "Geneva" ou encore "Youngblood" (parmi d'autres) et on obtient un cocktail gagnant de presque dix ans de carrière et cinq albums en boîte. Une sorte de Best Of dont le rappel justifiera le retour de Chelsea Wolfe sur scène pour "Memorial" avant le "Youngblood" de clôture. 

Russian Circles ne s'est pas foutu de nous et on ressort avec le sourire, un très grand sourire, pratiquement pas transpirant, la température de la salle et les conditions ayant été optimales pour un concert ô combien appréciable, comme si les artistes étaient venus jouer chez nous, dans notre salon. Le pied ! Mais ce qui m'a surtout marqué (et ce, même si j'avais déjà regardé des extraits Live de Russian Circles sur le net), c'est l'incroyable humilité du trio de Chicago qui ne s'accorde aucune gestuelle pompeuse ou une mascarade scénique ridicule. Non, ces gars-là ont du talent et l'offrent généreusement au public à travers leur musique, chacun restant concentré sur sa partie et son instrument tout le long de la prestation. Immense respect !

Vidéos Youtube par Indiegilles et Bizkitos Del Toro

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