31/12/2012

[EP] Eths : "Autopsie"

Artiste : Eths
EP : Autopsie
Sortie : 2000
Genres : Métalcore, Néo Métal, Deathcore
Labels : Coriace, Musicast
♥♥♥
> Ecouter l'EP sur Youtube <

J'aurais plutôt eu tendance à considérer ce premier disque d'Eths comme un premier album tant la claque était grande à sa sortie et tant son intérêt reste conséquent encore aujourd'hui. Difficile d'oublier la tête de mes camarades de classe quand je leur annonçais, après quelques secondes d'écoute, que cette voix si gutturale était celle d'une fille, Candice Clot, pourtant davantage inspirée par Mylène Farmer dans sa jeunesse. Elle raconte que c'est plus tard, en écoutant Courtney Love et des groupes comme Korn que son intérêt pour la musique Métal grandit.

La plupart des néophytes du genre pratiqué par Eths ont bien vite fait de souligner la violence, le bruit, les cris et tout ce qui apparaît comme trop "dur" pour leurs tympans. Néanmoins, il ne faut pas s'arrêter à ça dans la musique du groupe tant les nuances apportées sont grandes. Candice a cette capacité à pouvoir gueuler comme le plus couillu des bonhommes, certes, mais on pourra aussi lui reconnaître cette part de féminité et de sensualité dans une voix qu'elle module aisément. Ainsi, le final sur "Le Mâle" laisse presque pantois après un passage instrumental fort sympathique.

Originaire de la cité phocéenne, le groupe arrive même à placer ses influences Rapcore ("Des Hommes Bons") qui apportent une touche d'exotisme de plus à cet EP de sept titres qui marque surtout par les thèmes abordés. Il est en effet difficile de dissocier le nom du groupe d'un univers sombre, glauque même, et ô combien pessimiste en ce qui concerne la nature humaine ("Des Hommes Bons"). Une noirceur exacerbée par des riffs gras, lancinants et proposant des ambiances dérangeantes distillées par des guitares aux lignes tout droit sorties de films d'horreur (couplets de "Pourquoi ?", "Dévore"). Car il est bien question d'horreur ici : le viol, la mort, la violence gratuite, la religion, tout y passe (ou presque) et même si les textes ne sont pas toujours bien compréhensibles, les quelques mots de ceux que nos oreilles peuvent capter suscitent une interrogation : pourquoi tant de haine ? Il suffit tout simplement d'oublier tout ce qui est beau en ce bas monde pour bien vite voir toute la noirceur qui s'y trouve aussi...

Et quoi de mieux que de taper dans le Deathcore pour faire passer la pillule avec encore plus de force ? "La Chair et le Sang" fait partie de ces titres qu'on aime sans trop savoir pourquoi : les textes sont extrêmement durs, la musique assassine, et la voix de Candice encore plus difficile à apprécier tant son chant ressemble davantage au cri d'un animal à l'agonie qu'à une voix humaine. On notera aussi le côté Néo Métal d'un morceau comme "A la Droite de Dieu" où l'alternance entre différents types de chants rappellerait presque du Drew Simollardes de chez Reveille à l'exception de ces cris hurlés, à la limite de la vomissure que Candice arrive à gerber de ses cordes vocales. Enfin, un morceau caché, remix de "Encore" qui figurait sur la démo sortie l'année précédente, où le HardTek pointe le bout de son nez, ce qui en aura surpris plus d'un après les vingt-cinq premières minutes de cet EP...

Bref, un EP qui décoiffe et qui marque l'arrivée d'un groupe qui fera du bruit (dans les deux sens du terme) sur la scène Métal française. Une curiosité pour ceux qui ne connaîtraient pas ; un petit moment nostalgique pour les autres.

23/12/2012

[Vidéo] Raelsan : Adieux avant l'Apocalypse

C'était avant hier (déjà ?!) que la fin du Monde était prévue... Il faut croire que nous avons survécu. Pour l'occasion, Orelsan a enfilé son costume de gourou Raelsan pour adresser un message d'adieu à tout le monde mais surtout à ses fans qu'il remercie chaleureusement dans une vidéo faisant écho à ses vœux de bonne année 2012, il y a pratiquement un an. Un adieu en musique et avec humour.

22/12/2012

[Album] Hecq : "Avenger"

Artiste : Hecq
Album : Avenger
Septième Album
Sortie : 2011
Genres : Electro, Dubstep, Intelligent Dance Music, Expérimental
Label : Hymen Records
Morceaux à écouter : Bête Noire, Nihilum, With Angels (Trifonic Remix)
♥♥♥♥
> Ecouter l'album sur Grooveshark <

Hecq (Ben Lukas Boysen de son vrai nom) m'était encore inconnu il y a un an (et c'est bien dommage me direz-vous). Le producteur allemand a pourtant produit des albums qui semblent être de véritables bijoux depuis 2003 (je me pencherai sur sa discographie prochainement, je pense). C'est donc sans avoir connaissance de ses productions passées que j'ai posé l'oreille sur son "Avenger" au costume bizarre. Le visuel de l'album est des plus sympathiques, une esquisse sur fond de ce qui semble être des taches de café, et ce personnage tatoué des termes qui font l'identité de cette galette : oui, ce personnage est à lui seul l'album tout entier. Une fantaisie, une histoire aux multiples facettes.

Concernant la tracklist, il apparaît un peu dommage de voir cinq remixes sur un total de quinze pistes, sans oublier deux "Interims" à l'intérêt musical nul. On a donc droit à huit créations originales du producteur. Un peu maigre diront certains, mais leur intérêt est tout de même suffisamment grand pour rattraper le coup.

Comme dit plus haut, je n'ai pas pris connaissance de la discographie de l'artiste avant d'écouter cet album. Je ne pourrai donc pas me permettre de comparaison directe avec ce que celui-ci a pu faire auparavant.

On est donc face à un album de Dubstep, mais pas seulement. Car on aurait bien tort de mettre Hecq dans le même panier qu'un Skrillex ou un Excision ! Il est vrai que les Allemands ont le chic pour faire les choses bien et jamais comme les autres : une identité musicale forte et propre à chaque groupe que l'on retrouve aussi bien chez Rammstein ou Guano Apes (pour ne citer qu'eux). Ben Lukas Boysen marque donc le genre Dubstep de sa propre pierre et sa touche personnelle avec cet album qui mérite pas mal d'honneurs.

Plutôt que de s'enliser dans la tendance actuelle qui vise à adapter le Dubstep à toutes les sauces Rock ou House, Boysen prend ici le parti de produire un son à la fois étrange, orchestral mais qui remonte surtout aux origines du genre, à savoir un travail sur le son qui en fait aussi bien un élément de festivité (bon évidemment, on est loin de ce qu'on pourra trouver dans la première boîte de nuit du coin) qu'un truc à écouter au casque, confortablement installé dans son canapé. Tout le travail ici porte sur des ambiances sombres, parfois angoissantes ("Bane"), aux basses et beats sourds, lourds et "deep" à souhait. Autant dire que l'écoute au casque comporte pas mal de niveaux de lecture et qu'il y a toujours une découverte à faire dans ce travail d'orfèvre.

S'il fallait simplement résumer le travail de Hecq sur cette galette, on pourrait dire qu'il s'agit là d'une sorte de bande originale d'un film imaginaire que chacun se fera à l'écoute de l'album. "Bête Noire" profite d'une intro lumineuse qui fait très bien office de genèse, "With Angels" enchaîne sur une noirceur venue tacher des voix spectrales et légères en toile de fond, "Pulverized" propose ensuite un voyage bien plus épique et mouvementé, puis "Bane" vient métamorphoser l'ensemble à coup de breaks et bombes sourdes. Quant à "Shutter", on a carrément l'impression de subir l'agonie robotique d'un androïde sortant tout droit d'une ambiance malsaine au possible., et ce ne sont pas les "Nihilum" et "Suture" qui suivent qui changent le ton.

En tout cas, le sujet est entièrement maîtrisé et Hecq arrive à faire du Dubstep intelligent et soigné qui laisse une trace. Les remixes sont quand à eux charmants sans être d'un intérêt capital, excepté la petite perle "With Angels" par Trifonic qui est tout bonnement magique et poétique avec ses quelques notes de marxophone et ses ambiances re-travaillées. L'album n'est cependant pas des plus accessibles et peut paraître difficile à digérer dès la première écoute. Il faut s'y prendre à plusieurs fois avant de l'apprécier à sa juste valeur, même si on reconnaîtra qu'il manque parfois de mélodies ou lignes de synthés restant en tête comme Icicle peut le faire. "Avenger" est malgré tout une galette d'une qualité rare !

21/12/2012

[Album] Linkin Park : "Minutes To Midnight"

Artiste : Linkin Park
Album : Minutes To Midnight
Troisième Album
Sortie : 2007
Genres : Métal Alternatif, Rock Electro, Rock Alternatif
Labels : Warner Bros, Machine Shop
Morceaux à écouter : Given Up, Bleed It Out, In Pieces

> Ecouter l'album sur Grooveshark <

Difficile de passer à côté de Linkin Park depuis le carton qu'a été "Hybrid Theory". Pourtant, en tant qu'ancien "fan", j'ai rapidement lâché ce groupe pour diverses raisons après "Meteora" : beaucoup d'autres trucs bien plus intéressants musicalement à écouter et surtout, déception. Pourquoi déception ? Pas difficile à expliquer. Tout simplement, le temps a passé et Linkin Park n'est plus ce qu'il était. Certes, il serait bien moche de critiquer un groupe qui essaie d'autres genres, qui change. Sauf que le changement, chez Linkin Park, sent bien trop la pompe à fric ! Contrairement à un groupe comme Deftones qui a su se démarquer en tentant ça et là des expérimentations musicales sans pour autant perdre en qualité, Linkin Park m'apparaît comme le parfait exemple du groupe ayant suivi ce qu'on appelle communément "la tendance". Quelle tristesse !

Le premier détail flagrant et qui saute tout de suite aux yeux : le design de cet album. Changement radical de typo mais surtout changement de look vestimentaire pour l'ensemble des membres du groupe. Exit les jeans larges ou t-shirts de teenagers braillards tapant dans le Néo Métal de base, ces accoutrements ayant été troqués contre jeans serrés, chemises sombres et vestes en cuir. Sans oublier les lunettes de soleil noires pour un style totalement "bad ass". Oui, il y a un truc qui ne sonne pas pareil dans la dégaine des six compères sur cette pochette (et dans le clip de "What I've Done") et qui, étrangement, pour moi, ne sonne pas juste. Une image de rockeurs bien loin de l'énergie et la fougue d'un premier album désormais bien loin...

Ce "Minutes To Midnight" affiche donc un changement de ton, et l'intro (inutile car n'ouvrant pas le morceau suivant) le prouve tout de suite : une ambiance beaucoup plus lointaine et légère, des guitares moins saturées, un tempo lent : on croirait écouter du Post Rock intrumental ! Fort heureusement, on est (un peu) rassuré par "Given Up" qui rattrape le coup grâce à ses riffs plus incisifs et sa basse très bien traitée sur les couplets. On retrouve un Chester Bennington gueulard qui en profite d'ailleurs pour lâcher un cri d'une quinzaine de secondes en fin de bridge et même si on peut supposer que la production aide à la performance, on ne peut que reconnaître que le bonhomme sait crier dans un micro. Un second morceau qui rassure plus ou moins les fans de la première heure comme moi (notez que j'écris au présent mais j'ai évidemment posé une oreille sur cette album à sa sortie en 2007...).

Pourtant, on déchante rapidement dès le troisième morceau (ce qui n'est pas bon signe quand la tracklist n'en comporte que douze, et encore, avec une intro...). Un "Leave Out All The Rest" qui bien que charmant est extrêmement difficile à supporter à cause de ce refrain sans saveur.

La première vraie surprise arrive juste après avec un "Bleed It Out" entraînant (au clip vraiment sympa) où le groupe s'exprime dans un Rock Electro qu'on ne lui connaissait pas. Une ligne de batterie très "dancefloor friendly" qui a le don de faire bouger les foules. Pourtant, on s'attend à ce que l'ensemble décolle ou explose avant la fin du morceau mais ce moment tant attendu n'arrive malheureusement pas. Musicalement, le morceau reste donc très répétitif et c'est bien dommage.

En ce qui concerne le reste, on sent bien que Linkin Park essaie d'innover, de créer différemment, sauf que les genres abordés appartiennent déjà à d'autres groupes et que le tout sonne étrangement faux. Pour quelqu'un comme moi qui avait adoré "Hybrid Theory" et passablement aimé "Meteora", c'est presque une duperie d'entendre des morceaux aussi sucrés que "Shadow Of the Day" ou "Valentine's Day", le premier cité ayant sans doute mérité d'être chanté par un groupe comme U2...

Bref, c'est une bien belle déception. Linkin Park donnait l'impression de "vendre son âme" avec cet album dont la musique n'avait plus grand chose à voir avec les bases posées les années précédentes. Certes, on pourra admettre que les quatre ans qui se sont écoulés entre "Meteora" et ce "Minutes To Midnight" ont pu permettre cette évolution musicale mais pour les fans de la première heure comme moi, il y avait de quoi avoir les poils qui se hérissent. Facilement accusé de desseins commerciaux, approuvé par certains comme une évolution sympathique, ce troisième album enfonçait le clou mis en place par "Meteora" en divisant définitivement les fans. Même si quelques pièces comme "No more Sorrow" ou "In Pieces" sont tout de même sympathiques à l'oreille (à noter aussi l'un des rares solos de guitare que le groupe ait offert sur "The Little Things Give You Away"), on est loin de ce qui aurait pu être fait, à savoir une évolution musicale tendant vers une approche davantage Rock ou Electro mais sans pour autant délaisser totalement les bases du Néo Métal qui avaient fait toute l'identité du groupe au début des années 2000. Dommage.

17/12/2012

[Vidéo] Orelsan : "Si Seul"

Dernier clip pour Orelsan sorti aujourd'hui avec "Si Seul" à la très belle photographie.
Un clip réalisé par David Tomaszewskià qui on doit pas mal de clips d'Orelsan déjà et surtout des participations sur bon nombre de longs métrages français.


 

16/12/2012

[EP] Imagine Dragons : "Continued Silence"

Artiste : Imagine Dragons
EP : Continued Silence
Sortie : 2012
Genres : Rock Indépendant, Electro Rock, Rock Alternatif
Labels : Interscope, KIDinaKORNER
♥♥
> Ecouter l'EP sur Grooveshark <

Je rappelle qu'à l'heure où j'écris ces lignes, ma culture en Rock Indé ou Pop/Folk atteint un niveau encore abyssal : pas la peine de préciser, donc, que c'est avec un manque cruel de vocabulaire et de culture musicale dans ce domaine que je me lance dans la rédaction de cette chronique.

Je ne vais mentir à personne : en bon geek à ses heures perdues que je suis, c'est en tombant sur une vidéo d'Assassin's Creed 3 que j'ai penché mes oreilles sur Imagine Dragons, groupe originaire de Las Vegas formé en 2008. En effet, Ubisoft France a eu la bonne idée de poser le titre "Radioactive" sur le trailer de lancement du jeu sorti chez nous il y a quelques semaines. Je sais que ceux qui ont découvert le groupe à ses débuts me maudiront et je les comprends car depuis la Saint Valentin 2012, date de sortie de cet EP, Imagine Dragons a sorti un album, sans compter les quelques autres EPs sortis les années précédentes. En gros, je suis à la bourre.

Mais ne digressons pas : nous sommes face à six titres pour une vingtaine de minutes d'écoute, chose tout à fait raisonnable pour un EP. Ce qui a tout de suite retenu mon attention, c'est ce visuel très poétique où sont présentés deux opposés : une forêt à l'ambiance presque spectrale avec un brouillard matinal et une personne en lévitation au milieu de celle-ci, apparemment vêtu comme le citadin moyen. Un appel au calme et à la méditation qui charme par le cliché en lui même mais aussi par la gamme colorée. Personnellement, j'aime beaucoup, et ça me rappelle plus ou moins certaines photographies de Philippe Ramette.

Une ouverture sur le fameux "Radioactive" cité plus haut qui charme par ses accords et lignes de guitares le tout porté par un beat lourd et sourd aux sonorités Dubstep sans pour autant trop forcer dessus. Intelligent et sublimé par des chœurs légers qui fonctionnent parfaitement. N'ayant pas une grosse culture dans le domaine, la première écoute m'a étrangement fait penser à du Coldplay (même si la discographie de ce groupe m'est presque inconnue). Bref, le voyage commence bien et la suite est sensiblement dans le même ton.

D'une étrange façon, la voix de Dan Reynolds m'a d'abord fait penser à un chanteur afro-américain mais le bonhomme est bien à l'opposé physiquement de l'idée que je m'en faisais. Ne nous attardons pas sur ce détail à l'importance presque nulle...

Dans l'ensemble, cet EP est sympathique, distillant mélodies et refrains entraînants repris en chœurs ("On Top Of The World") ou ambiances beaucoup plus "puissantes" dans le sens où les voix et instruments peuvent s'exprimer avec davantage d'épaisseur ("Round and Round"). Ce qui fait toute la particularité de cet EP (ou du groupe ?), c'est ce contraste entre les percussions sourdes, étouffées, presque mise en fond, et les guitares ou autres instruments à cordes qui s'expriment beaucoup plus en relief. Un univers musical très singulier qui donne sans doute ce charme si particulier.

Pourtant, difficile de dire si il y a là une vraie prouesse musicale ou quelque chose qui démarque le groupe des autres dans le genre. Le tout fonctionne bien mais il est fortement compréhensible que certains n'accrochent pas plus que ça. On pourrait même aller jusqu'à reconnaître que la musique d'Imagine Dragons est ici carrée et simpliste. Malgré tout, ça s'écoute pas trop mal, et c'est même assez agréable : "ça détend", diront certains.

13/12/2012

[Vidéo] Modestep : "Another Day" (remix)

Les mecs de Modestep ayant officialisé la sortie de leur album "Evolution Theory" pour le 14 janvier 2013, le groupe travaille actuellement la promo de ce premier effort en balançant ça et là quelques pièces pour mettre un peu l'eau à la bouche. Dernièrement, c'est une vidéo pour le remix de "Another Day" qui a été larguée, un morceau qui figurera sur la version Deluxe de l'album. Un clip plutôt soigné pour un remix.


12/12/2012

[Album] Hollywood Undead : "American Tragedy"

Artiste : Hollywood Undead
Album : American Tragedy
Deuxième Album
Sortie : 2011
Genres : Rap Métal, Hop/Rap Core, Hip Hop Alternatif
Labels : A&M/Octone, Polydor, Universal
Morceaux à écouter : Been To Hell, Comin' In Hot, Tendencies, Lump Your Head
♥♥♥
> Ecouter l'album sur Grooveshark <

La bande masquée d'Hollywood Undead a beau taper dans le Rap Métal (et encore, il faut parfois chercher très loin pour trouver la touche Métal...), un genre pratiquement oublié depuis les années 1990, il faut quand même lui reconnaître efficacité et simplicité qui font mouche. En d'autres termes, "Swan Songs" ne volait pas bien haut mais cet album avait quand même eu le mérite d'accrocher les oreilles sur bien la moitié des pistes qu'il proposait, permettant ainsi au groupe de rapidement se faire une place.

C'est quelques années plus tard que le combo revient avec ce deuxième effort qui a fait couler de l'encre... ou plutôt des commentaires sur Youtube et autres forums relatifs aux activités du groupe. En effet, le gros problème autour de cet album vient du départ de Deuce après quelques malentendus qui ont plus ou moins divisé la communauté de fans, certains prenant parti pour ce dernier, les autres défendant plutôt les intérêts du groupe. En réalité, les raisons de cette séparation restent plus ou moins obscures et sont davantage un conflit d'intérêts qu'une réelle querelle financière. Bref, là n'est pas le débat et on n'est pas là pour parler de ça.

Un deuxième album, donc, sans Deuce, remplacé par Danny, l'homme au masque doré, initialement chanteur du groupe Lorene Drive. Seule grosse différence avec "Swan Songs" : une toute nouvelle voix qui ne passe pas inaperçu sur l'ensemble des titres de cette galette. Pour ce qui est de la tracklist, de la musique et des thèmes abordés, on est sensiblement dans le même ton, bien que cet "American Tragedy" affiche un son un peu plus lourd que son prédécesseur.

Voici donc quatorze pistes (dix-huit en version Deluxe, pas moins !) pour une fois de plus balancer la tête au rythme des différents flows que la bande a à offrir. Une ouverture avec un "Been To Hell" sensiblement proche musicalement du "Undead" qui ouvrait "Swan Songs" : une attaque franche, épaisse et pêchue qui met tout le monde d'accord et donne le ton (il est d'ailleurs une fois de plus question de la ville de Los Angeles, sujet clé des textes du groupe, tout comme pour "My Town"). La magie opère, bien que la recette ne soit pas très compliquée, mais on ne s'en plaint pas. On est bien là face à du Rap Métal.

Pourtant, on se rend bien vite compte que la suite est tout aussi éclectique que sur le premier opus : on s'éloigne du Rap Métal dès "Apologize", seconde pièce de l'album, et on se demande une fois de plus pourquoi placarder cette étiquette sur un album qui renferme bien plus de genres et sous genres musicaux... D'ailleurs, les synthés de ce second morceaux lui donnent un côté bien plus "dancefloor friendly", à base de lourdes basses et beat purement Electro s'éloignant de la batterie conventionnelle. Et il en est de même pour la suite et un "Comin' In Hot" des plus décalés où on retrouve la bande déguisée en véritables paysans débitant des textes à l'humour facile sur fond de ferme, tracteur et tripotée de filles au physique "avantageux"... On ne peut se retenir de sourire en voyant le clip de ce morceau.

Pour ce qui est de l'ensemble, je vais me répéter, mais Hollywood Undead n'invente rien musicalement et se cantonne à aller droit au but. Pourtant, certaines pièces sont loin d'être désagréables, voire même plutôt plaisantes à l'écoute ("Glory" et "Lights Out" par-exemple, aux refrains vraiment faciles et presque fatiguants mais aux riffs pourtant diablement efficaces). L'énergie dégagée est souvent appréciable et c'est sans se faire prier qu'on reprend les textes à gorge déployée ("Tendencies"). Malgré tout, il faut bien reconnaître un certain déséquilibre entre les morceaux présentés et on en vient bien vite à se repasser toujours les mêmes, laissant quelque peu de côté les autres ("I Don't Wanna Die" ennuyeux et long au possible, entre autres).

En bref, Hollywood Undead fait sa cuisine en reprenant sensiblement la même recette que sur "Swan Songs", ce qui donne exactement les mêmes points forts et points faibles que sur ce premier opus. Un deuxième effort un peu plus consistant et efficace mais qui ne crève pas non plus les plafonds. Ceux qui auront aimé "Swan Songs" aimeront sans aucun doute cet "American Tragedy". Pour les autres, il y a fort à parier que non...

11/12/2012

[Album] Nero : "Welcome Reality"

Artiste : Nero
Album : Welcome Reality
Premier Album
Sortie : 2011
Genres : Electro, Dubstep, Drum and Bass, Orchestral, Electro House/Rock
Labels : MTA, Interscope, Mercury, Cherrytree
Morceaux à écouter : Doomsday, Innocence, Crush On You, Promises
♥♥♥♥
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Le Dubstep s'est banalisé ces quelques dernières années, ça, tout le monde s'en est rendu compte. L'émergence de nombreux nouveaux producteurs du genre a surtout eu pour effet de voir sortir un nombre incalculable d'EPs (que j'écouterais volontiers si j'en avais le temps). Du coup, à l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai en tête que l'album d'Excision (voir la chronique de "X-Rated") et celui de Hecq ("Avenger"). Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y a pratiquement aucun point commun entre ces trois opus.

Nero n'est pas un nom qui sonne comme "inconnu au bataillon" car le duo composé de Daniel Stephens et Joe Ray sévit déjà depuis 2004 et est responsable de bon nombre de remixes ayant cartonné sur le net et en soirées (La Roux : "I'm Not Your Toy"), aussi bien en Dubstep qu'en Drum and Bass ("Act Like You Know") mais toujours avec ce côté Dancefloor, un poil rétro et orchestral, touche personnelle du duo londonien. Depuis 2008, les deux compères sont accompagnés de Alana Watson au chant qui pose désormais sa voix sur la plupart des compositions du groupe.

Alors qu'avons nous entre les mains ? Ce qui frappe tout de suite : le visuel. Tel une affiche de film de science-fiction des années 80, il laisse presque deviner que ce "Welcome Reality" promet d'être dense... et long. En effet, Nero ne se moque pas de nous, car avec plus d'une heure de musique en boîte, ce disque sort du lot, la tendance étant plutôt aux productions excédant rarement les quarante minutes, et encore... Sans compter la version symphonique de presque vingt minutes et les morceaux supplémentaires de la version Deluxe ! Bref, du lourd sur la durée. Mais qu'en est-il du son ?

Bah, niveau production, le combo fait les choses bien, c'est le moins qu'on puisse dire. Le son est propre, audible et ne sature pas. En gros, c'est agréable à écouter. Pour ce qui est du style, Nero tape dans à peu près tout ce qui se fait, à l'exception du bon vieux Filthy bien sale qu'on trouve chez Excision ou Borgore ou encore cette House que Skrillex sait si bien faire. Non, ici il est question de synthés aériens ("Innocence"), rétros ("Must Be The Feeling"), sur fond de Rock ("Promises") et compositions orchestrales (oui je me répète). Malgré tout, à la façon d'un space opéra aux divers rebondissements, l'ensemble conserve cette ligne directrice tout au long de l'album et même si les genres abordés ou tout juste touchés du doigt sont parfois diamétralement opposés, Nero arrive à imposer sa patte et à faire de tout ça un truc qui tient la route. En cela, cet album est bel et bien une réussite et il serait dommage de ne pas le reconnaître.

Cependant, on pourra toujours reprocher au groupe de faire du Dubstep (et de la Drum and Bass, ne l'oublions pas : "New Life", "Choices") quelques peu convenus. Et pour ceux qui sont adeptes de ces genres de façons purement "instrumentale", il y a fort à parier qu'ils seront fortement déçus, Alana chantant sur plus de la moitié des titres. Il y a malgré tout par ci par là des petites touches au charme incontestable : ces quelques notes de saxophone sur "Choices", ces versions revisitées que sont "Crush On You" (titre des Jets datant de 1986) et "Must Be The Feeling" ("Time To Move" de Carmen et datant de 1983) ou tout simplement la voix d'Alana, justement, sur des titres comme "Promises" (ce même titre ayant profité d'un remix par Skrillex et ayant rapporté un Grammy aux producteurs).

En bref, un album lourd et complet qui ne plaira certes pas à tout le monde mais dont le mérite revient à sa ligne directrice reconnaissable et à un ensemble qui tient plutôt bien la route. En ce qui concerne la voix d'Alana, on accroche tout de suite ou pas du tout. Le fait est que cette dernière offre une toute autre dimension à la musique de Nero et, de mon point de vue, ne fait que l'embellir. Plutôt agréable !

[Vidéo] Hollywood Undead

Après avoir déjà largué deux titres ("We Are" et "Dead Bite") sur la toile pour assurer la promo de leur nouvel album ("Notes From The Underground"), les hommes masqués d'Hollywood Undead présentent aujourd'hui un troisième titre (offert pour la pré-commande de l'album qui sortira le 8 janvier prochain). Une vidéo tournée avec la GoPro et des textes qui ne veulent pas dire grand chose... mais le fun est là, le flow aussi et l'auto-dérision toujours présente. Après tout, pourquoi se prendre la tête ?

03/12/2012

[EP] Dead Sailors : "D.↓.S"

Artiste : Dead Sailors
EP : D.↓.S
Sortie : 2012
Genres : Post Rock, Emo, Instrumental
Label : Autoproduction
♥♥♥♥
> Ecouter et Télécharger l'EP sur BandCamp <

Ahhh ! La Bretagne ! Ses crêpes, son cidre, son chouchen, son océan, ses marins... Tiens, oui les marins ! Quand ils ne prennent pas le large, tout laisse à croire qu'ils font de la musique. Du biniou ? De la harpe ou de l'accordéon ? Pas tous. L'inspiration musicale vient à toucher une nouvelle génération qui s'inspire très bien de ce qui se fait outre Atlantique, et on ne leur en voudra pas quand ça sonne bien et que le plaisir se ressent. Dead Sailors, ce sont quatre gars qui, fraîchement rassemblés, un peu plus tôt dans l'année, ont offert un premier EP sur la toile qui a déjà conquis son public et fait quelque peu parler de lui à la fin de l'été.

Au programme, quatre morceaux, dont un sobrement intitulé "Intro", ce qui laisserait à penser que l'on est face à seulement trois titres. Erreur. Et, de toutes façons, on dit bien souvent que la qualité prime sur la quantité alors quand le dicton est corroboré par une musique efficace, on ne va pas se plaindre. Les "Marins Morts" sont donc là pour simplement présenter leur musique, leur monde, leur potentiel. Quatre titres qui distillent chacun une ambiance et un style propre, comme pour bien montrer que le quatuor est capable de toucher à plusieurs genres bien distincts.

Ainsi, tout débute avec une "Intro" où ce qui frappe en premier lieu, c'est la qualité du son : un mixage/mastering d'une qualité irréprochable pour un EP en autoproduction (il suffit de comparer avec l'EP de LD Kharst par-exemple pour tout de suite entendre la différence). Ensuite, ce sont ces notes aériennes, comme une litanie mélancolique portée par la houle, que la batterie vient marquer et ponctuer de coups nets et précis ou de légers roulements aux toms. Puis cette voix, écorchée, pleurante, presque brisée qui vient débiter un texte presque à l'agonie, le tout porté par des chœurs chaleureux. Tout est dit. On y est. Et on n'a qu'une envie, c'est de poursuivre le voyage.

Et la suite ne tarit pas en surprises : on enchaîne avec "You're Not My Friend" beaucoup plus nerveux, aux sonorités Post Rock et Métal beaucoup plus affirmées, et cette ligne inspirée portée par une batterie ô combien jouissive. Oui, l'inspiration est bien là, et on se délecte à écouter ces deux voix écorchées se répondant même si il y a fort à parier que beaucoup de gens y seront allergiques ! Chacun ses goûts, mais les bonhommes le savent bien : ils ne plairont pas à tout le monde et ils s'en moquent bien. La musique est là, la passion aussi, et toujours ces chœurs d'une intensité et une sensibilité communicatives. Un titre qui passe comme une lettre à la poste.

On pourrait croire qu'on a tout vu, tout entendu, mais seule la moitié du voyage a été effectuée. Et on est une fois de plus surpris avec "At The Hospital" où c'est dans un anglais presque parfait que l'on déguste les textes parlés sur un ton pratiquement humaniste tinté à la fois de mélancolie et d'optimisme presque noircis par une réalité bien souvent implacable. Comme écorchés à vif, les compères communiquent exceptionnellement bien leurs sentiments et on est pris aux tripes, bien malgré nous.

Comme si ça ne suffisait pas, le meilleur est pour la fin : un "Apollo' qui nous propulse dans l'espace d'un Post Rock délicieux. Preuve que le combo maîtrise sa musique, un morceau instrumental construit sur la fameuse transmission radio de la mission spatiale du même nom où tous les ingrédients qu'on connaît déjà et qui fonctionnent chez des groupes comme Long Distance Calling ou Russian Circles sont employés avec brio. Introduction, montée, bridge, notes dissonantes : tout est là et l'expérience est un plaisir incommensurable. Pas que ce titre soit exceptionnel en comparaison des pointures citées ci-dessus mais quand on pense à nos petits français composant un titre pareil, c'est avec une certaine fierté qu'on espère qu'ils iront loin ! Tout comme leur "Apollo" nous emmène loin...

Un premier EP de quatre titres seulement mais d'une qualité rare : un son impeccable, des compositions soignées, efficaces et maîtrisées. Un petit bonheur dont on aurait tort de se priver, surtout quand on peut se l'offrir gratuitement depuis BandCamp. Et même si la voix des compères en rebutera plus d'un, ils pourront toujours se délecter d'un titre instrumental sur quatre. Vivement la suite et bons vents à eux !

02/12/2012

[Album] Le Peuple de l'Herbe : "Triple Zéro"

Artiste : Le Peuple de l'Herbe
Album : Triple Zéro
Premier Album
Sortie : 2000
Genres : Electro, Electro Dub, Acid Jazz, Jungle, Drum and Bass, Autres
Labels : Supadope, PIAS
Morceaux à écouter : Herbman Skank, Sexual Attraction, Raggamatik
♥♥♥
> Ecouter l'album sur Grooveshark <

Honnêtement, je ne me suis jamais vraiment plongé dans la discographie du Peuple pourtant, comme tout le monde, je ne suis pas passé à côté du phénomène à sa sortie. Ayant eu la chance d'aller dans un bahut aux disciplines majoritairement artistiques fréquenté par des "hippies" adolescents, c'est donc tout naturellement que ces derniers se sont tournés vers le groupe "au chien à la feuille". Un visuel subversif qui a d'ailleurs condamné le Peuple à rééditer ce premier album en censurant la feuille de cannabis ainsi exposée. Le groupe, à l'origine formé par Dj Pee et Dj Stani en 1997 en terre lyonnaise, a connu un immense succès qui continue encore aujourd'hui.

Alors, je ne sais pas si ce sont mes oreilles qui ont (trop) pris l'habitude d'écouter des trucs récents ou si cet album me rappelle une période de l'Electro français d'une autre époque mais bien que la musique de Peuple fonctionne toujours aussi bien sur cet album, je ne peux m'empêcher d'avoir l'impression d'avoir pris un coup de vieux...

Certes, le mélange des styles a ce côté éclectique charmant mais il est assez difficile de se replonger dans ce premier album. La première raison est que le groupe a beaucoup évolué depuis ses débuts pour devenir ce qu'il est aujourd'hui (certains d'ailleurs n'en sont pas très enchantés) mais aussi parce qu'il faut se replonger dans le contexte historique. On est en 2000 et on est bien loin de tout ce qui se fait aujourd'hui ! Enfin, comme la majorité des productions de ce premier effort sont réalisées à base de samples, loops et autres beats Electro, on retrouve un côté répétitif dans les mélodies qui, pour mes oreilles, a de plus en plus de mal à passer.

Mais restons objectifs : ce premier album sonne tout de même comme un bon bol d'air dans le paysage musical français de l'époque. Un mélange de genres variés sur une base Hip Hop (qui fait quelque peu penser à Chinese Man) où se retrouvent des samples qui font parfois sourire (les Tontons Flingueurs sur "Herbman Skank" par-exemple), des sonorités Dub assumées, de l'Acid Jazz, Jungle et autre Drum and Bass. Un condensé d'énergie positive où le ton est rapidement donné sur "Radio" : une sorte d'expérience chargée d'humour, comme une mixture "faite maison", qui n'a absolument pas pour but de passer pour élitiste ou prise de tête (exemple des variations et inspirations sur "Romantic"). Bref, le Peuple s'écoute en toute bonne occasion, et ce n'est pas ceux qui se le passent avec un bon joint d'herbe qui diront le contraire !

On notera quelques signes annonçant la couleur pour la suite de l'aventure du Peuple avec l'apparition de Sir Jean sur "P.H. Theme" (dont le clip vaut franchement le détour) et le remix de "Reggaematic" ("Raggamatik") par Dj Psychostick qui deviendra rapidement le batteur du groupe.

Avec ce premier album, le Peuple nous faisait voyager, nous donnait le sourire, nous faisait décompresser. Un bon bol d'air frais qui bien qu'ayant un peu vieilli dans l'approche musicale, à mon sens, s'écoute toujours sans sourciller et nous rappelle que le Peuple, avant, c'était ça, tout simplement. Pour les nostalgiques ou les curieux n'ayant pas eu vent des débuts du groupe et voulant comparer avec "A Matter Of Time" par-exemple.

28/11/2012

[Info] Hollywood Undead : Nouvel Album

La bande de "Charlie Scene" et ses potes qui avaient prévu de sortir leur troisième album à la fin de l'été 2012 ont officiellement annoncé cette sortie pour janvier 2013. Une galette répondant au doux nom de "Notes From The Underground" qui laisse une fois de plus penser qu'il sera (encore) question de dépeindre la ville de Los Angeles et ses sombres réalités ("We Are"). Le groupe reste cependant fidèle à ses penchants décalés et son humour noir en proposant un deuxième titre à l'écoute avec "Dead Bite". La communauté de fans est impatiente et bien que le groupe n'ait pas encore sorti de véritable bon album, il faut avouer que c'est avec plaisir qu'on attend cette sortie, ces deux premiers titres reprenant la recette habituelle : lyrics simples et efficaces et refrains ô combien facile à retenir et à reprendre sur fond de Rap Métal bien senti.

> Chronique de "American Tragedy" à venir... <

27/11/2012

[Album] Deftones : "Koi No Yokan"

Artiste : Deftones
Album : Koi No Yokan
Septième Album
Sortie : 2012
Genres : Métal Alternatif, Métal Expérimental, Shoegazing
Labels : Reprise Records, Warner Bros
Morceaux à écouter : Leathers, Poltergeist, Tempest, Gauze
♥♥♥♥♥
> Ecouter l'album sur Youtube <

N'ayons pas peur des mots : Deftones est comme du bon vin qui se bonifie avec l'âge et cet opus est sans doute le meilleur depuis "Around The Fur". L'album éponyme de 2003 apparaît définitivement comme une erreur de parcours et depuis "Saturday Night Wrist", c'est toujours un réel bonheur de retrouver la bande de Sacramento pour une nouvelle galette. Voilà donc le fameux "Koi No Yokan" (qui se traduit plus ou moins par le sentiment ressenti lorsque l'on rencontre une personne qu'on s'apprête à aimer...), deuxième album produit sans la participation du bassiste Chi Cheng, figure charismatique du groupe (qui se remet lentement de sa sortie de coma suite à son accident de voiture), et signé chez Reprise Records (pareillement que "Diamond Eyes") avec toujours Nick Raskulinecz aux commandes. Un visuel qui reste dans un même niveau de classe que les deux opus précédents et qui bien que présentant une photographie, reste tout de même abstrait (j'y reconnais personnellement une vue urbaine de baies vitrées de grands immeubles, comme la fameuse scène de Skyfall à Shanghai dans le dédale de vitres aux reflets colorés dans le building, mais ce n'est que mon impression).

Septième album pour un groupe qui n'en finit pas de satisfaire ses fans et proposer une musique toujours plus riche et travaillée, s'éloignant toujours un peu plus du Métal conventionnel. Un album dont la promo a été assurée par la sortie de deux morceaux qui sonnent pour moi comme les deux pièces maîtresses des onze titres proposés. "Leathers" a en effet été larguée sur la toile, et ce gratuitement, le 19 septembre dernier (2012) puis "Tempest" le 9 octobre. Deux morceaux qui rappellent toute l'intensité de la musique de Deftones, l'émotion dégoulinant à travers les textes de Chino Moreno, l'épaisseur de la guitare de Carpenter et le groove qui en ressort. D'une façon étrange, on sent un réel bonheur dans cette musique, un épanouissement complet qui nous transporte lors de passages lyriques et poétiques d'une puissance rare ("Poltergeist"). Carpenter a d'ailleurs rangé ses six et sept cordes au placard pour ne jouer que sur une huit cordes qui démontre tout son potentiel dans des riffs inspirés comme à l'époque de "Around The Fur", le bonhomme nous présentant d'ailleurs son instrument avec humour et enthousiasme. Mais il serait bien inutile de parler de chacun des compères de façon indépendante tant Deftones offre là une alchimie complète où le travail de tous est perceptible sur toutes les couches de leur musique (Delgado présente d'ailleurs ici un travail magnifique sur les ambiances, comme sur "Gauze" ou "Entombed").

Mais c'est vraiment dans le travail de composition que Deftones arrive encore à nous charmer : on a droit à de magnifiques pièces à deux guitares ("Leathers", "Gauze") qui rappellent que Chino Moreno est un musicien en plus d'être chanteur, même si l'exercice est difficile pour les prestations live, sans pour autant être de mauvaise facture, loin de là même. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le bonhomme tire meilleur profit de sa voix mutante au fil du temps. Celle-ci développe de plus en plus un lyrisme perceptible qui m'a pratiquement donné l'impression d'entendre du Maynard James Keenan sur l'intro de "Tempest"...

Enfin bref, il serait possible de faire l'éloge de cette galette pendant plusieurs paragraphes encore mais comme toute pièce de Deftones, c'est à l'écoute que la magie opère et il faut bien être totalement insensible au genre pour ne pas reconnaître qu'on est là face à un bel album. On regrettera peut-être la durée d'un titre comme "Rosemary" mais même cette pièce peut être appréciée à sa juste valeur après un certain nombre d'écoutes. Au final, malgré quelques (toutes petites) longueurs ("Romantic Dreams" par-exemple), on termine l'écoute en ayant passé un très agréable moment et l'envie de se repasser l'album dans son intégralité pour mieux l'appréhender.

Du beau boulot donc, qui vient rappeler que Deftones n'est pas à bout de souffle et arrive encore à nous faire rêver et vibrer. Quant à "Eros", après un bijou comme celui-ci, on peut encore l'attendre, si on ne l'a pas déjà oublié...

25/11/2012

[Album] Pendulum : "Immersion"

Artiste : Pendulum
Album : Immersion
Troisième Album
Sortie : 2010
Genres : Drum and Bass, Electro Rock, Drumstep, Dubstep, Métal Alternatif
Label : Warner, Atlantic Records
Morceaux à écouter : Salt In The Wounds, The Island, Witchcraft, Self vs Self
♥♥
> Ecouter l'album sur Grooveshark <

C'est un fait, il n'est désormais plus possible d'espérer un album de Pendulum comme au "bon vieux temps", et ce pour une bonne raison : le groupe a annoncé sa séparation en début d'année 2012. Par séparation, il faut simplement comprendre que le groupe ne prévoit plus de concerts live sous une autre forme que des DJ sets et ne prévoit pas non plus de produire un prochain album. Autant dire qu'il sera toujours possible d'apprécier les meilleures productions du groupe lors de "concerts" mais que les versions instrumentales ne seront plus de la partie. Les fans de la première heure (comme moi) s'en tamponnent aisément, tandis que d'autres sont bien déçus. Bon, il faut avouer que les prestations live de Pendulum étaient bien jouissives mais elles ne faisaient qu'humaniser une musique qui passe déjà très bien sur de simples machines, enfin selon moi... Bref, là est un autre débat.

"Immersion" voyait donc le jour en 2010, et ce deux ans après un "In Silico" qui avait un peu surpris son monde. Ce troisième album affichait un visuel d'une toute autre classe que celui de l'effort précédent mais en ce qui concernait le son, peu de gros changements malgré une volonté d'innover et d'explorer d'autres genres comme le Métal et le Dubstep. Des genres qui finalement ne collent pas tant que ça à l'étiquette de Pendulum qui s'était imposé comme une référence en Drum and Bass avec un premier album qui "cassait des briques". Une évolution qui bien que respectable car synonyme de prise de risque était tout aussi regrettable car l'identité du groupe commençait vraiment à s'ébrécher...

Sur le papier, il y avait pourtant de quoi être satisfait : plus de soixante-sept minutes de musique en boîte et des featurings assez éclectiques avec Steven Wilson (Porcupine Tree), In Flames et même Liam Howlett (The Prodigy), même si depuis le remix de Voodoo People par Pendulum, sa participation n'étonne pas vraiment. "Immersion" est tout de même un album difficile à cerner, force est de l'admettre. On retrouve la patte de "Hold Your Colour" dans pas mal de titres purement Drum and Bass, surtout dans certains synthés caractéristiques ("Salt In The Wounds", "Immunize", "The Vulture"), mais l'Electro Rock est toujours là, les guitares aussi, et le chant de Rob Swire encore et toujours de la partie ("Watercolour", "The Island Part I", "Witchcraft", "Encoder")... Davantage de morceaux chantés, donc, et même si le bonhomme se débrouille plutôt bien, on est très très loin des pépites purement Electro de 2005 !

L'évolution de la musique du groupe se ressent donc énormément sur cet album même si on peut noter une volonté de retour dans le temps musicalement. Pendulum s'inspire donc de son propre parcours mais vient ajouter tant d'autres genres qu'on est finalement un peu perdus. In Flames apporte sans doute la touche la plus étonnante de l'album avec son Métal coriace qui "tache". Le titre "Self Vs. Self" passe cependant bien si on ne rechigne pas le genre qui n'a à priori rien à faire dans un album de Drum and Bass. Le Dubstep pointe le bout de son nez sur "Set Me On Fire" tandis que c'est un côté beaucoup plus House/Dancefloor qui transparaît avec "The Island Part II", un morceau qui apparaît aujourd'hui comme une évidence quand on voit ce que Swire fait désormais avec Knife Party.

Bref, "Immersion" éloignait encore davantage Pendulum de son fameux "Hold Your Colour" en explorant d'autres genres musicaux parfois non apparentés à la Drum and Bass. Une direction artistique un peu casse gueule mais qui restait charmante à l'oreille et qui a pourtant bien fonctionné quand on voit la position atteinte par l'album dans les charts. Une curiosité qui bien que maîtrisée et propre ne pouvait que décevoir les fans de la première heure. On sent bien que le public visé n'était pas vraiment le même et que Pendulum s'essoufflait tout en essayant toujours d'innover. Dommage et surtout décevant...

23/11/2012

[News] Long Distance Calling : Nouvel Album

Le groupe allemand de Post Rock / Post Métal instrumental a annoncé la sortie d'un quatrième album pour Mars 2013 qui s'intitulera "The Flood Inside". Un grand tournant pour le groupe qui accueille désormais Martin "Marsen" Fischer au chant après que Reimut Van Bonn (qui s'occupait du son aux machines) ait quitté la formation après la sortie du troisième excellent opus. La production et l'enregistrement ont pu être suivis grâce à des vidéos postées par la bande sur leur site officiel, et jointe ci-dessous. Plus de sons Electro donc, mais une voix désormais. On grince un peu des dents... Affaire à suivre, donc.


22/11/2012

[Album] (hed) Planet Earth : "(hƏd)pe"

Artiste : (hed) Planet Earth
Album : (hƏd)pe
Premier Album
Sortie : 1997
Genres : Métal Alternatif, Hopcore, Rapcore, Funk Métal, Hip Hop, Punk Alternatif
Label : Jive Records
Morceaux à écouter : Firsty, Serpent Boy, Tired Of Sleep
♥♥
> Ecouter l'album sur Grooveshark <

Une chose qui frappe en écoutant ce premier album de (hed) PE ("hed" apparemment pour "high education"), ce sont tous ces genres qui viennent se mêler dans ce Rapcore nerveux et puissant. On bascule dans un même morceau du Hip Hop jazzy et funky à des riffs ultra gras et bourrins d'un Rap Métal des plus nerveux. Limp Bizkit a pourtant sorti son premier album la même année, mais les deux groupes sont presque incomparables tant la musique de (hed) PE a ce petit quelque chose de spécial et décalé. Notons que le groupe se forme en 1994 dans le Comté d'Orange, tout comme Zebrahead deux ans plus tard.

Musicalement, il est très difficile de mettre le groupe dans une case : le Néo Métal ? Non. Le Rap Métal ? Peut-être mais cela ne convient pas. Les influences Punk et Hip Hop de (hed) PE ont même donné naissance à un tout nouveau genre baptisé le "G-Punk" pour "Gangsta Punk", alors 'faut voir le problème ! En fin de compte, (hed) PE fait un peu de tout. Les guitares saturées sortent des riffs bourrins mais ne rechignent aucunement sur des lignes plus aériennes et légères ("Darky"), le tout moyennant pédales à effets qui rappellent sans conteste Snot et son excellentissime album "Get Some" ainsi que le Korn des première heures ("Ground").

Le problème ici, c'est que ce premier album est un ensemble complet, puissant et démontrant un grand potentiel mais que la ligne directrice est difficilement identifiable : on y trouve des pièces très violentes ("Serpent Boy" avec ses notes ultra aigües en fond des fameux "Take A Look Around !") et d'autres beaucoup plus posées comme le très bon "Tired Of Sleep" qui est clairement orienté Hip Hop au groove porté par une basse (contrebasse ?) ronde à souhait. Des éléments qui font de ce premier album un album "casse gueule" et le groupe en a bien payé les frais à sa sortie. En effet, Jared Gomes et sa bande ont été contraints de rembourser les pertes sur les ventes de cet album à Jive Records qui est à la base un label de Hip Hop, le groupe se considérant davantage comme apparenté au genre Punk. Le résultat fut sans appel : les ventes furent calamiteuses.

Il ne manque pourtant pas grand chose pour faire de cette galette un truc agréable à écouter car tout est là. S'il fallait comparer cet album éponyme à un autre pour son côté bancale, c'est sans hésiter que je citerai le premier album d'Incubus.

Difficile de juger donc, tant le parti pris est personnel et respectable, car cet album sort évidemment du lot. Pour certains, (hed) PE fait partie de ces génies incompris qui se sont faits submerger par la vague Limp Bizkit et compagnie. Pour les autres, le fait que cet album n'ait pas fonctionné est amplement mérité. On ne peut cependant pas nier la bonne dose d'énergie que le groupe libère dans sa musique sur fond Punk des plus jouissif et entraînant ("Firsty"). Une curiosité qu'il faut quand même écouter au moins une fois dans sa vie.

20/11/2012

[EP] Nina Nesbitt : "The Apple Tree"

Artiste : Nina Nesbitt
EP : The Apple Tree
Sortie : 2012
Genres : Auteur/Compositeur, Acoustique, Pop, Folk
Label : Universal Music Group
♥♥♥
> Stream de l'EP sur diverses plate-formes <
> Nina Nesbitt sur SoundCloud <

Nous avons tous eu quinze, seize, puis dix-sept et dix-huit ans. Ces années avec les (vrais) premiers échanges de fluides avec le sexe opposé (parfois plus tôt pour certains, et plus tard pour d'autres) et tous les petits bonheurs et malheurs que cela implique. Disons qu'écouter Nina Nesbitt a de quoi réveiller en nous une certaine nostalgie pour cette époque parfois difficile : celle que certains appellent "l'école de la vie". Premiers (véritables) amours, relations et tous ces trucs qui ressemblent de près ou de loin à la découverte des premières déceptions et désillusions. Dans cet EP, il n'est pratiquement question que de ça et ce dernier sort tout juste après que la jeune écossaise Nina Nesbitt ait soufflé ses dix-huit bougies.

Ma culture Pop/Folk laisse plus qu'à désirer et c'est donc sans grandes références du genre que j'ai découvert la voix de cette jeune demoiselle (teinte en) blonde. Voici donc cinq titres qui, bien que traitant un sujet simple et quelque peu naïf, présentent toute la fraîcheur de la voix de Nina et sa capacité à écrire et composer une musique pétillante et communicative. C'est avec une sensibilité toute particulière et une certaine simplicité que la jeune artiste couche des mots et des notes sur le papier qui viennent très vite nous toucher et provoquer chez nous cette nostalgie de "nos plus belles années". Certains diront que j'ai des réflexions de vieux mais il faut reconnaître que le temps passe vite...

Tout débute avec "The Apple Tree" qui donne son nom à l'EP et dont la vidéo qui l'accompagne (tournée de façon amateure et dans laquelle on peut notamment apercevoir Ed Sheeran) rappelle que Nina Nesbitt a débuté en postant des vidéos sur Youtube et que bien que l'on retrouve pas mal d'autres instruments sur les versions studio de ses titres, c'est seule avec sa guitare qu'elle monte sur scène. Très peu d'arrangements dans cet EP, et une large place donnée à la voix de Nina qui sonne juste, avec ce brin de tremblement et de fragilité qui pourtant laisse apparaître une certaine maîtrise et une maturité vocale presque déconcertantes.

Le reste est dans le même ton et fonctionne plutôt bien. On notera la forte présence du piano sur "Hold You" et "Make Me Fall" qui apporte cette touche intimiste finale, comme un dialogue direct entre Nina et l'auditeur.

Un EP qui présente donc au mieux le talent et le potentiel de la demoiselle dont on va sans aucun doute beaucoup entendre parler prochainement. Elle est d'ailleurs en tournée, à l'heure où j'écris ces lignes, pour promouvoir son nouveau titre "Boy" qui donnera son nom à son futur EP. Affaire à suivre, donc.

17/11/2012

[Vidéo] Sirah : "Up & Down"

Sirah vogue sur le succès depuis ses featurings avec Skrillex 
et la sortie de sa Mixtape (en deux versions différentes : "C.U.L.T." et "C.U.L.T. - Too Young To Die" ).
Voici donc la vidéo pour "Up & Down", fraîchement postée par la demoiselle.

> Chronique de "C.U.L.T. Mixtape" par Sirah <

16/11/2012

[Album] Deftones : "Diamond Eyes"

Artiste : Deftones
Album : Diamond Eyes
Sixième Album
Sortie : 2010
Genres : Métal Alternatif, Rock Alternatif, Post Rock/Métal, Rock et Métal Expérimentaux
Labels : Reprise Records, Warner Bros
Morceaux à écouter : Diamond Eyes, Beauty School, Prince, Risk
♥♥♥♥
> Ecouter l'album sur Grooveshark <

Première chose qui vient en tête à la vue de cet album : quelle classe ! quelle élégance ! Deftones oublie définitivement sa fameuse typo manuscrite pour du texte en bloc, solide et sobre. Une sobriété que l'on retrouve à l'intérieur de ce boîtier : un livret avec textes blancs sur pages noires, sans photographies à l'exception de ce volatile nocturne d'une grande élégance lui aussi (une chouette effraie pour les non-ornithologues). Un album miraculé et miraculeux, car il voit le jour après une période de doute pour le groupe : Chi Cheng, bassiste charismatique depuis les débuts du combo, se retrouve dans le coma après un grave accident de voiture en novembre 2008. Dès lors, les quatre compères restant se posent la question de savoir si le groupe survivra, l'album "Eros" alors en préparation étant presque bouclé. C'est finalement à Sergio Vega (bassiste de Quicksand) que l'on doit la survie du groupe avec son arrivée dans la formation en début d'année 2009 : "Eros" est définitivement mis de côté au profit d'un nouveau projet que voici.

Un nouveau départ pour Deftones donc, comme une renaissance, sans compter que c'est un tout nouveau Chino que l'on retrouve, amaigri, profitant d'un sacré coup de jeune. Car c'est bien dans le malheur de l'accident de Chi Cheng que les autres membres se ressoudent pour oublier leurs querelles passées et difficultés à travailler ensemble. Une époque bien sombre qui a pourtant donné naissance à "Saturday Night Wrist", mais dans la peine. "Diamond Eyes" est donc un album de réconciliation, une nouvelle façon de travailler ensemble, cette alchimie perdue depuis tant d'années apparemment, le groupe ayant donné plus ou moins l'impression de se forcer à toujours pousser plus loin l'expérimentation de sa musique pour se démarquer du reste des autres groupes du genre. En somme, une nouvelle joie dans l'écriture de la musique, qui se ressent surtout dans les sujets des thèmes abordés dans les textes de Chino, plus positifs, moins pessimistes et moins sombres, ainsi que dans la vidéo officielle du morceau "Beauty School" où on y découvre un groupe soudé et heureux de travailler ensemble, comme au bon vieux temps diront certains. On notera aussi que le groupe ne signe plus chez Maverick Records et que ce changement de label n'y est peut-être pas pour rien. Pour faire d'une pierre deux coups, c'est aussi un autre producteur qui prend les choses en main : un certain Nick Raskulinecz (qui a travaillé, entre autres, avec Alice In Chains, les Foo Fighters ou encore Stone Sour).

Un sixième album à l'identité forte. J'éviterai de parler de l'album éponyme qui était pour moi davantage une erreur de parcours qu'un réel chef d'oeuvre. On notera d'ailleurs que depuis "White Pony", c'est le seul album où le groupe aura osé le retour aux sources au niveau du son et du visuel de l'album (typographie comprise)... Bref, "Diamond Eyes" présente donc ses marques de noblesses dans tous ses aspects : visuellement et musicalement. Une quarantaine de minutes en boîte pour onze pistes : rien d'exceptionnel. Pourtant on rentre tout de suite dans l'univers de cette galette avec le morceau qui donne son nom à l'album : un "Diamond Eyes" à la fois lourd (Carpenter dégaine la huit cordes en grandes pompes pour des riffs gras et gastriques d'une tonalité si basse qu'elle mettrait presque mal à l'aise) et envolé où Chino laisse traîner sa voix vers des cieux incertains. Un lyrisme qui sonne étrangement comme le parfait mélange de "White Pony" et "Saturday Night Wrist". Oui, Deftones s'approche de son but, petit à petit, chaque album explorant un peu plus à chaque fois de petites nouveautés qui mèneraient le groupe dans le droit chemin : son chemin.

Chaque pièce de l'album est un exercice de style à part qui pourtant reste dans le ton de l'ensemble. Un travail remarquable qui ferait presque oublier toutes ces expérimentations passées vers la New Wave ou le Trip Hop qui ne sonnait vraiment pas "deftonien". Il n'y a tout bonnement plus de beat Electro remplaçant la batterie de Abe, et ça fait vraiment du bien ! Il est cependant très difficile de décortiquer chaque pièce de l'album tant les ambiances développées et les riffs offerts sont personnels : chacun les acceptera ou non, à son goût, à son propre jugement. Il y a par-exemple dans "Prince" cette ambiance étrange et torturée des couplets qui disparaît magistralement sous les riffs lourds de Carpenter sur le refrain, le tout s'envolant avec la voix de Chino : du grand art qui fait frissonner.

Il est vrai que la musique du groupe a cependant changé et ce changement ne plaît pas à tout le monde. Comme à chaque nouvel album du groupe, les retours sont partagés. Certains auront trouvé "Deftones" très bon, mais pas "Diamond Eyes". pour moi, c'est plutôt l'inverse. Cet album a une grande classe et cette classe se retrouve d'ailleurs dans les clips de "Diamond Eyes", "Rocket Skates" et "You've Seen The Butcher" où la photographie et l'esthétique générale des images est de haut niveau. Très fort.

On peut aussi noter l'intérêt des bonus livrés avec la version Deluxe de l'album : des reprises d'une qualité indéniable qui changent de ce que l'on a l'habitude d'entendre de la part de la bande de Sacramento.

14/11/2012

[Album] Icicle : "Under The Ice"

Artiste : Icicle
Album : Under The Ice
Premier Album
Sortie : 2011
Genres : Electro, Drum and Bass, Dubstep, Down Tempo, Techno Minimale
Label : Shogun Audio
Morceaux à écouter : Dreadnaught, Breathing Again, Arrows
♥♥♥♥♥
> Ecouter l'album sur Youtube <

On va encore dire que je rabâche sans arrêt la même chose mais la pochette d'un album en dit souvent (très) long sur son contenu et il n'y a pas besoin ici d'avoir bac+5 pour comprendre que "Under the Ice" est loin d'être un album commun. Un portrait à peine lisible, à peine visible aussi, déstructuré, aux facettes multiples et aux tonalités pourtant froides et homogènes. Oui, c'est bien un disque cérébral que voilà.

Et le disque est à l'image de son producteur : Jeoren Snik, de son vrai nom, est un de ces mutants à la tête de surdoué-geek, lunettes sur le nez, mine un peu éteinte et personnage en retrait, qui maîtrise son sujet comme il se doit et n'hésite pas à pratiquer différents styles musicaux parfois pointus d'une façon remarquable pour un résultat très personnel et propre. En gros, une musique qui ne laisse pas indifférent et qui s'identifie rapidement. Le hollandais désormais établi à Londres compose une musique épurée, parfois minimaliste, où l'on retrouve évidemment Drum and Bass et Dubstep mais abordés d'une manière foutrement personnelle. Cependant le bonhomme respecte une règle qui est bien souvent oubliée par la plupart des producteurs du genre : il n'y a parfois pas besoin de boum-boum incessant ou de basses fracassantes pour offrir de la musique à l'impact fort.

Et c'est ici tout l'intérêt de ce disque qui explore toute la froideur de sons à la fois organiques et synthétiques (paradoxal ?), à la touche cristalline et métallique ("Nausea"). L'écoute au casque permet même d'accéder à différents niveaux de lecture, tant et si bien qu'on a parfois l'impression d'écouter deux morceaux différents simultanément ("Top Of The Page").

Mais revenons aux genres. Bien évidemment, chacun mettra la terme qui lui plaît dessus : Drum, Dubstep, Down Tempo, etc. Mais ce qu'il faut noter, ce sont ces petites touches particulières venues pointer le bout de leurs nez sur chaque pièce de cet album. Entre sonorité orientales et volées de flèches nous frôlant les oreilles ("Arrows") ou ces étranges synthés qui semblent presque communiquer avec nous sur fond d'éclairs sonores perçants ("Europa"), on retrouve des beats plus "conventionnels" et des samples de voix spectrales appuyées par un rythme qui mettrait l'auditeur presque en transe ("I Feel U").

L'ensemble met parfois mal à l'aise mais à travers cette caverne de glace aux échos étranges, on trouve tout de même un semblant d'humanité grâce aux voix mises au service de ces ambiances éthérées. Ainsi, quelques personnalités comme SP:MC ou DRS se prêtent au jeu, mais c'est surtout la voix très particulière de Robert Owens qu'il faut souligner ici ("Redemption", "Step Forward").

Voilà donc un album singulier, à la personnalité forte et à la ligne directrice maîtrisée du début à la fin. Sans trop en faire, Icicle arrive ici à captiver, à envoûter, à hypnotiser son auditoire par un travail pointilleux et ô combien méticuleux. Un disque qui n'est cependant pas si accessible qu'il pourrait le paraître et dont une écoute attentive au casque est presque obligatoire. Un trip à la fois froid et spatial qui ne laisse pas indifférent.

07/11/2012

[Album] Limp Bizkit : "Significant Other"

Artiste : Limp Bizkit
Album : Significant Other
Deuxième Album
Sortie : 1999
Genres : Néo Métal, Rap Métal, Hip Hop
Labels : Flip, Interscope
Morceaux à écouter : Break Stuff, Nobody Like You, Trust
♥♥
> Ecouter l'album sur Grooveshark <

On aurait tendance à oublier qu'avant Linkin Park et ses multiples "erreurs commerciales" dont la première répondait au doux nom de "Meteora", il y a d'abord eu la touche Limp Bizkit. En effet, après un premier album profondément ancré dans l'esprit du Néo Métal des premières heures, ce "Significant Other" voyait le jour deux ans après mais sonnait bien moins juste que le précédent. Un syndrome qui a eu les effets qu'on connaît sur le genre dans le début des années 2000...

Commercial vous avez dit ? Il y a de ça, en effet. Pourtant, ce n'est pas vraiment à nous, Français, qu'il fallait demander de voir ce genre de détail (généralement caché dans des textes bien fades et sans réel intérêt écrits dans un anglais que trop peu d'entre nous décryptent et comprennent). Cependant, hormis ce point pourtant évident (il n'y a qu'à se pencher sur "No Sex" pour voir que le sujet est un peu facile et inintéressant), il n'y a qu'à faire la comparaison avec le premier album pour éclaircir la chose, et je parle bien évidemment sur le plan musical.

Les biscuits ont bien ramolli depuis 1997 ! Le Hip Hop devient de plus en plus exploité dans cet album qui offrait pourtant plus d'une heure de son en boîte et une tracklist conséquente de quinze morceaux dont certains sont cependant des petites bombes ("Break Stuff"). Il y a donc du bon et du moins bon. On retrouve un Fred Durst au flow bien travaillé, dégainant des punchlines à tour de bras mais qui a bien renié sa rage d'antan au chant, s'éternisant sur des refrains languissants et sucrés ("Re-Arranged", "I'm Broke"). Peut-être un souci d'être plus accessible à un public moins porté sur la rage qui faisait toute la force du premier effort, allez savoir...

Comme dit plus haut, il y a du bon et du moins bon. Certes, le son est d'une propreté impeccable et la production est irréprochable, excepté peut-être dans le fait qu'elle arrondit tous les angles. Le son crade et gras à souhait est remplacé par un ensemble aseptisé, bien que la guitare de Borland délivre toujours des accords et riffs pêchus ("Nookie"), alternant avec des lignes plus mélodiques et employant multitude d'effets pour des couplets plus Hip Hop ("Show Me What You Got"). Batterie et basse remplissent elles aussi leurs rôles comme il se doit et on peut même y reconnaître un certain bonheur en les écoutant au casque.

Alors de quoi se plaint-on finalement ? Tout simplement de ne pas retrouver cette énergie destructrice et entraînante du premier album, de ne pas sentir que Durst se lâche comme il se doit sur des refrains qui auraient mérité d'être bien plus braillards et surtout de la présence dans cet album de pistes comme "A Lesson Learned" ou encore de cette "Outro" un peu prétentieuse où cet irritant "Limp Bizkit is funking cool, you guys are cool, the new record is great" vient définitivement faire perdre toute crédibilité à ce morceau qui clôture un album certes cool à écouter, "qui passe bien", mais dont la saveur ne reste pas longtemps dans les oreilles malgré un déferlement de têtes connues (Jonathan Davis, Method Man ou encore Aaron Lewis). Un peu dommage.